Quand on n’est plus journaliste que de nom… Le samedi 14 novembre 2020 une journaliste de l’émission de Yann Barthès, Quotidien, se rend — notamment — à Rennes. Elle vient y filmer une manifestation de catholiques réclamant le retour de la messe. Et…
Manifestation pacifique sur le parvis de la cathédrale Saint-Pierre, respect des « mesures barrières » : les quelques poignées de catholiques rennais assemblés ce jour-là n’ont pas l’air de vouloir faire de vagues. Des policiers sont présents, à une certaine distance, puisque la manifestation est dûment déclarée à la préfecture. Une condition posée par cette dernière : que cela ne tourne pas à la prière publique.
Dupont la loi
Heureusement, la journaliste Sophie Dupont est là pour défendre les lois de la République, au point d’aller dénoncer le manquement aux consignes.
« Après les chants, c’était au tour des prières, lancées par l’organisation » souligne-t-elle dans le reportage paru dans le Quotidien du 16 novembre. Sous couvert de vouloir « comprendre » ce qui est autorisé, elle interroge (ou harcèle, comme on voudra) les policiers : pourquoi n’interviennent-ils pas ? On lui répond : parce que la manifestation est déclarée. « Mais là ils ont prié ! » insiste-t-elle, devant le fonctionnaire qui n’en a visiblement pas grand chose à faire :
« Oui, d’accord, techniquement, ça y ressemble [à des prières] Alors, est-ce que c’est de l’ordre de la revendication… moi pour le moment, dans le contre-rendu que je ferai, c’est des chants religieux. »
Sur le plateau du 16 novembre, Sophie Dupont conclut fièrement : « on n’a assisté à aucune verbalisation ». Du journalisme d’adolescent rapporteur. On n’est pas surpris de cette attitude de la part d’une « journaliste » d’une émission telle que Quotidien ; un journalisme de délation dopé au laïcisme agressif, la marque de fabrique de l’émission de Yann Barthès.
Voir la brochure de l’Observatoire du journalisme (Ojim) consacrée à Yann Barthès.
Auxiliaire de police
Le député Gilbert Collard résume parfaitement la situation sur Twitter :
« Vous vous rendez compte à quel niveau le journalisme est ramené par ce type de comportement ? Voir des journalistes devenir des auxiliaires de police, alors même que la police ne veut pas d’eux, c’est effarant, c’est la négation du journalisme ».
Même Stéphane Jourdain, rédacteur en chef numérique de France Inter a publié un tweet interloqué :
« Gênantes ces images d’une journaliste de Quotidien qui signale une infraction à des policiers. Journaliste ou auxiliaire de police ? ».
Poser la question, c’est y répondre…