Nous avons déjà parlé des cercles d’influence, Le Siècle, Bilderberg, les Young Leaders de la French American Foundation, de l’ECFR… mais les fondations ont aussi une influence, c’est même leur raison d’être : Terra Nova, Jean Jaurès, Fondapol, IFRAP, Montaigne, etc… Un excellent dossier de La Lettre A de début juin 2022 a exploré leurs liens avec les médias, les réseaux sociaux et les agences d’influence.
Finchelstein entre Havas et Jean Jaurès
Devinette : qui est à la fois directeur des études de Havas worldwide, directeur général de la Fondation Jean Jaurès, partenaire du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et aimable éditorialiste de Quotidien de Yann Barthès ? Vous avez gagné, c’est Gilles Finchelstein, depuis 20 ans à la tête du cache-sexe intellectuel de la branche social-démocrate française, entre PS et LREM. Qui paie ? Les services du premier ministre, Veolia, la MAIF, d’autres sociétés. Des moyens qui permettent de réaliser une note critique sur Éric Zemmour et de la diffuser via Libération. La Fondation Jean Jaurès s’est faite une spécialité d’études bidon sur les fake news et le complotisme.
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Terra Nova et la terre promise
Terra Nova, de tendance rocardienne, c’est le creuset libéral libertaire à l’état pur. La fondation, dans une note célèbre, voulait trouver une nouvelle terre promise et rénover la gauche par l’alliance des immigrés, des femmes, des bobos, des minorités sexuelles pour remplacer les ouvriers et les employés trop sensibles aux sirènes populistes. Terra Nova a table ouverte au Monde, La Croix, L’Obs, Arte et bien entendu France Inter et France Culture. Son directeur est partenaire de L’Esprit public sur France Culture où l’on disserte entre libertaires libéraux et libéraux libertaires au nom du pluralisme bien compris de l’entre-soi.
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La Fondapol entre LR et regard critique
La Fondapol a longtemps souffert d’être considérée comme le cache sexe des LR. Son animateur, Dominique Reynié, s’était lui-même présenté aux élections régionales sous cette étiquette avec peu de succès. Spécialiste reconnu et apprécié de science politique, Dominique Reynié semble avoir pris un peu de distance avec son ancien parti. La Fondapol est financée par Matignon (comme Jean Jaurès) et des donateurs privés. On verra Dominique Reynié plus volontiers au Figaro ou dans l’Opinion qu’au Monde et plus sur Radio Classique que sur France Culture. La Fondapol se fend parfois d’études critiques de réelle valeur sur l’immigration, l’islamisme, le populisme ou l’insécurité ou prend des positions en faveur des libertés individuelles et collectives.
L’IFRAP frappe
La plus que libérale IFRAP est incarnée par Agnès Verdier-Molinié. On la verra dans Le Figaro Magazine, Le Figaro, Les Échos ou sur CNews, Sud Radio ou Europe 1.
Les Essais de Bigorgne dans Montaigne
On nous pardonnera le jeu de mots. Laurent Bigorgne, flamboyant ex directeur de l’Institut Montaigne, avait lu trop vite Les Essais et leur appel à la prudence et au discernement. Il s’est fait prendre, non pas les doigts dans le pot de confiture, mais la main introduisant discrètement une drogue dans la boisson d’une collaboratrice invitée chez lui. Ceci, selon ses dires, pour « faciliter la communication ». L’Institut Montaigne, financé sur fonds privés, est le porte-parole des grandes entreprises dont il défend les intérêts sans états d’âme.
Son senior fellow (les anglicismes font toujours chic) Hakim el Karoui a son couvert mis à L’Opinion, ce quotidien étant lui-même une simple caisse de résonance patronale. Mais les nombreuses études de l’Institut Montaigne, le plus richement doté de tous, se retrouvent là où il faut défendre le profit et la mondialisation heureuse, c’est-à-dire dans tous les médias de grand chemin, plus quelques autres.
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