La République semble menacée dans ses fondements, en particulier en ce qui touche la laïcité et c’est pour alerter sur ce danger bien réel que nous avons déniché des réactions appropriées à la situation que nous devons affronter.
Campagne contre le lycée Stanislas
Complément d’enquête ouvre le bal et pointe courageusement les « dérives d’une école d’excellence » dans une émission consacrée à Stanislas. Nous avons pu voir dans cette émission les entraves à la propagande LGBT que Stanislas a exercées à l’encontre d’une élève qui portait un pull multicolore, évoquant le drapeau de la mouvance, sans pouvoir prouver le lien entre la tenue vestimentaire et celle-ci. En somme, nous sommes mis en garde : méfiez-vous des écoles d’excellence et en particulier des écoles qui semblent promouvoir un conservatisme catholique dont il est admis qu’il ne peut avoir droit de cité dans une république laïque.
Vous ne rêvez pas, il n’y a pas dénonciation plus urgente à l’heure où une enseignante est giflée pour avoir demandé à une élève de respecter la loi en ôtant son voile, à l’heure où Science-po abrite des manifestations géantes pro-palestiniennes qui entravent le bon déroulement des cours et importent le conflit du Moyen-Orient au cœur de nos institutions.
Un article a plus particulièrement retenu mon attention, consacré à l’événement cité plus haut et intitulé « L’élève voilée, égérie identitaire. » Le titre est à lui seul un message subliminal : la question islamique doit se noyer dans un péril identitaire indistinct, dénué de couleur et d’identité, paradoxalement…
Jean-Loup, le copain de Charlie
Il s’agit d’un billet mis en ligne le 8 octobre 2024, écrit par Jean-Loup Adénor rédacteur en chef du journal Charlie Hebdo, présenté comme suit :
« Jean-Loup Adénor est redchef adjoint du journal. Quand il en trouve le temps, il écrit principalement sur les fondamentalismes religieux et les dérives sectaires : normal, c’est la même chose. Il est l’auteur du Nouveau péril sectaire aux éditions Robert Laffont et de Dieu est amour : infiltré parmi ceux qui veulent guérir les homosexuels aux éditions Flammarion. Le reste du temps, il tyrannise l’équipe. »
Le ton relâché, propre à la décontraction du journal est une marque de fabrique : « redchef », la plaisanterie qui clôt la présentation : « Le reste du temps il tyrannise l’équipe. » Il n’y a là rien de blâmable, au contraire, on respire un parfum de subversion un peu suranné, de quoi nous remémorer le professeur Choron et ses « fiches bricolage ». Il n’y a pas honte à parler comme l’époque déparle, avec un brin de ringardise.
La rubrique est présentée comme le lieu d’expression libre des rédacteurs : « Dans « Ça n’engage que moi », les journalistes de « Charlie » ont carte blanche pour vous raconter ce qu’ils veulent. Mais rien ne vous oblige à lire ça. Aujourd’hui, Jean-Loup Adénor revient sur l’affaire de l’enseignante giflée par une élève à qui elle avait demandé d’enlever son voile. Une gifle qui plaira beaucoup à l’extrême droite. »
Une gifle boomerang, la gifleuse discriminée
Une gifle qui plaira beaucoup à l’extrême droite ! Voilà qui ne manque pas de sel. Peut-être que l’extrême droite devrait être tenue responsable pour tout ce qui se passe sur le territoire national, dans la mesure où elle n’a jamais exercé le pouvoir sous la Ve république. C’est intéressant. Quand une jeune étudiante voilée frappe son enseignante, nous devons certainement cette manifestation de violence, non à la poussée de l’islamisme en France, mais aux « identitaires », à « l’extrême droite » et sans doute devrions-nous blâmer avec force l’enseignante elle-même qui a eu un réflexe identitaire en faisant respecter la laïcité, part de notre système politique, produit de notre culture multiséculaire et donc de notre identité. Vous connaissez le concept d’inversion accusatoire ?
Je cite la suite de l’article qui relate les faits et rappelle le sens de la loi de 2004 : « Une enseignante a été giflée par une élève dans un lycée de Tourcoing ce même mardi. Le motif ? D’une banalité désormais tragique : le professeur lui avait demandé de retirer son voile, conformément à la loi. Ce que l’adolescente a visiblement mal pris.
Ça fait pourtant vingt ans que la loi de 2004 existe. Elle n’a jamais été plus contestée qu’aujourd’hui. Le travail de longue haleine de tous les oulémas de l’islam ultra-conservateur a porté des fruits bien juteux : désormais, on ne dit plus « la loi de 2004 contre les signes religieux ostentatoires », mais « la loi interdisant le voile à l’école », voire « la loi qui discrimine les musulmans ». Voilà tout ce que comprend une partie toujours plus importante de la jeunesse, qu’elle soit musulmane ou non, parfois même encouragée par des jeunes professeurs. »
Une gifle qui est « une victoire risquée »
Prêtez bien attention à la suite : « En faisant de leurs dogmes religieux une composante de leur identité, ces jeunes-là comprennent-ils bien à qui ils offrent la victoire ? Aux islamos de tous genres, évidemment, je ne m’attarde pas là-dessus. À tous les promoteurs de l’infériorité des femmes, de la mise sous cloche des « provocatrices » et autres proto-violeurs, oui, oui, oui.
Mais la victoire la plus risquée, c’est celle que vous allez offrir aux identitaires de l’autre bord. Vos théologiens veulent vous instrumentaliser pour que l’extrême droite identitaire vous estampille « différents », « non assimilés », « dangereux ». Que la température continue d’augmenter. C’est ce qu’ils espèrent, la fracture. »
Professeurs giflés mais toxiques
Donc, « la victoire la plus risquée » ce n’est pas celle qui imposerait ldre islamique en France. Non, ce serait la victoire de l’extrême droite identitaire. Je ne me souviens plus, au juste, si ce sont des identitaires ou des terroristes islamistes qui ont déboulé dans leurs locaux pour les mitrailler. C’est consternant de voir que certains seront toujours imperméables aux leçons du réel. Par surcroît, nous oublions dans cette histoire, la première victime qui est l’enseignante giflée et les innombrables professeurs qui exercent ce métier difficile la peur au ventre. Il est vrai que le dernier numéro de Nouvel Obs titre opportunément compte tenu de la conjoncture : « Education nationale. Le tabou des profs toxiques. » Le sens des priorités : pour Charlie Hebdo il s’agit de mettre en garde contre « l’extrême droite identitaire » au moment où une enseignante est giflée par une élève qui refuse d’enlever son voile – voile islamique, non identitaire ! — et pour le Nouvels Obs de mettre en garde contre les « profs toxiques ». Le sens du réel, toujours !
Jean Montalte