Qui a dit que le capitalisme classique était un rempart pour protéger la liberté d’expression ? Un libéral conservateur ? (un oxymore, mais nous n’allons pas ouvrir le débat). Auquel cas il serait cruellement déçu devant l’appel de grandes entreprises américaines (ou des filiales aux États-Unis de groupes européens) qui réclament plus de censure à Facebook contre la tarte à la crème des « discours de haine ».
Stop the Hate ?
Les Européens savent, généralement à leurs dépens, qu’un mouvement né outre-Atlantique se propage en Europe, quelques semaines, mois ou années plus tard. Nous y sommes avec le Black Lives Matter (les vies noires comptent, sous-entendu les autres valent peut-être quelque chose mais moins) qui envahit la France et nous vaut les soubresauts du gang Traore and co.
Prenez un couple britannique ex-princier, Harry et Meghan, le collectif Sleeping Giants (voir notre vidéo), et quelques associations dites antiracistes et antifas américaines. Secouez, laissez infuser et vous obtenez #StopHateForProfit, un machin qui veut « combattre les discours haineux ». Avec l’aide de qui ? Des grandes entreprises comme Starbucks, Adidas, Coca Cola, Pepsi Cola et autres Volkswagen ou Unilever. Au nom du « brand safety », ils veulent que leurs publicités ne soient pas « polluées » par la proximité d’un discours politiquement incorrect. Ils réclament donc que Facebook intervienne plus efficacement.
Que demandent-ils à Facebook ? Plus de censure contre la « haine ». La haine commence tôt, très tôt. Tout discours qui dirait, par exemple, que les blancs peuvent eux aussi être protégés, peut être assimilé à un début de haine. Le mouvement des annonceurs prend mal en France malgré les efforts de la DILCRAH (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT+) mais il y a de nombreux signes annonciateurs de gros temps. Comme si la censurée loi Avia était malgré tout entrée en application.
YouTube aussi
YouTube c’est Google qui vient de supprimer la chaîne de Dieudonné et dans la foulée celle d’Égalité et Réconciliation d’Alain Soral et ses 185.000 abonnés :
Ceux qui se réjouiraient de ces suppressions auraient tort. La liberté d’expression ne se laisse pas couper en tranches. Ceux qui rêvent de couper le bout « extrême » ne se rendent pas compte qu’après un autre bout devient « extrême » qu’il faut couper à son tour et ainsi de suite jusqu’à disparition complète. Comme le signale Elisabeth Lévy dans un éditorial de Causeur du 8 juillet 2020 :
« Sous prétexte de nous protéger les plateformes finiront par prohiber toute parole singulière ».