Les journalistes aiment les jeunes, enfin on peut le supposer. De manière étrange (ou au contraire, trop explicable), cette affection n’est pas partagée. Analyse d’un rapport récent sous l’égide de Reuters et de l’université d’Oxford.
Les « djeunes » et les réseaux
Nous savons que la jeunesse est un état d’esprit avant d’être un état-civil, enfin jusqu’à un certain point. Restons pour le moment à l’état-civil et concentrons-nous sur la tranche d’âge 18/24 ans, objet de l’étude commune Reuters/Oxford et menée par l’institut de sondages YouGov sur pas moins de 94000 personnes dans 46 pays. L’étude a été publiée à la mi-juin 2023.
TikTok, tic-tac, TikTok
Fernandel avait son cœur qui fait tic-tac, celui des jeunes fait TikTok.
20% des jeunes sondés utilisent ce réseau pour s’informer. Mais le terme information est un peu trompeur. Pour cette tranche d’âge, l’information c’est tout ce qui est nouveau, de l’art, de la musique, du sport, de la culture, de la politique, de la technologie, du people. Et avec un format hyper dominant, celui de la vidéo, l’image tue le texte. Le texte peut parfois apparaître en-dessous de l’image, mais il n’est qu’un support de l’image. Et TikTok remplace de plus en plus Facebook.
Les influenceurs plus importants que les journalistes
Telle ou telle célébrité, chanteur, footballeur, tennisman ou animatrice d’un site beauté peut avoir des centaines de milliers, voire des millions de suiveurs. Il ou elle pourra devenir prescripteur de disques, de maillots, de raquettes ou de cosmétiques. Il ou elle pourra élargir sa palette et recommander des restaurants, des voyages, de l’alimentaire. Mais l’influenceur à succès peut aussi – volontairement ou non – devenir pourvoyeur d’information sur des sujets variés y compris en-dehors de sa sphère d’activité primaire. Dans cette évolution les journalistes sont réduits à la portion congrue et passent derrière les influenceurs comme fabricants d’information au singulier et d’informations au pluriel. On peut le regretter, mais une bonne partie de la profession devrait réfléchir avec lucidité pour répondre à la question : pourquoi le public en général et les jeunes en particulier, ont-ils cessés de nous faire confiance ?
Voir aussi : Baromètre 2023 sur la confiance dans les médias, je t’aime moi non plus