L’Association de la presse présidentielle (APP) qui regroupe depuis 1928 les journalistes chargés de suivre l’actualité de la Présidence de la République Française, s’indigne que le chef de l’État écarte la presse de ses déplacements.
Après la diffusion des images du déplacement d’Emmanuel Macron à Pantin le 7 avril, qui ont montré la formation d’un attroupement juste devant le Président en pleine période de confinement, l’Élysée semble avoir franchi un cap dans le verrouillage de sa communication.
Dans un communiqué en date du jeudi 9 avril, l’APP dénonce le déplacement du président le matin même au Centre Hospitalier Universitaire du Kremlin-Bicêtre sans qu’aucun journaliste n’ait été présent pour couvrir l’évènement. Le collectif de journaliste poursuit en indiquant que cette visite ne revêtait pas un caractère privé, en raison de la diffusion des images par l’Élysée sur ses propres médias sociaux, notamment une séquence où l’on peut voir Emmanuel Macron applaudi par une partie du personnel soignant de l’établissement.
Des images qui ont immédiatement été accusées de manipulation. Dans un article paru le soir même, Le Parisien rapporte que « Ce que l’on ne voit pas sur la séquence diffusée, c’est l’invective d’une soignante. Syndiquée CGT, c’est elle qui enjoint ses collègues à applaudir tous les soignants engagés sur le front de la lutte contre le coronavirus après avoir pris à partie le président de la République ».
Un aide-soignant ajoute même « C’est dommage que personne n’ait eu l’idée de filmer l’intégralité de l’intervention, on a été pris au dépourvu, nous ne savions pas qu’il serait là, et il faut dire que l’on a autre chose à penser et à faire en ce moment », des propos qui laissent entendre que si la presse n’était pas au courant de ce déplacement, une partie du personnel de l’hôpital ne l’était visiblement pas non plus.
Cette volonté d’occulter une partie des informations est donc au cœur de ce que dénonce l’Association, précisant dans son communiqué que « ces dernières semaines, à plusieurs reprises, les équipes de l’Élysée ont également empêché ou interrompu des journalistes lors de prises de vues ou de son lors d’échanges du chef de l’État ».
Une situation problématique dont s’est ému le journal La Provence, qui est revenu ce vendredi 10 avril sur le déplacement d’Emmanuel Macron, la veille, à l’Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille pour y rencontrer Didier Raoult, juste après son passage au CHU du Kremlin-Bicêtre.
Selon le quotidien régional, la visite « hors presse » du Président supposée être « privée », l’a été en réalité « avec suffisamment de fuites pour que toute la presse soit au courant, fasse le pied de grue pendant plus de trois heures sur le trottoir d’en face, sécurité présidentielle oblige, et que des images plus ou moins lointaines tombent pile pour le 20-Heures. »
Face à ces pratiques, l’APP indique s’alerter de la dégradation de la couverture des déplacement présidentiels, qu’elle juge « inédite dans un quinquennat ».
Il semble donc que nous assistons là à une forme de communication qui relève plus de la propagande que de l’information, selon les termes du journaliste politique Yoann Usaï sur CNews, qui a également déclaré « Macron ne veut plus de journalistes. Il a peur de quoi ? Est-ce qu’il cherche à cacher quelque chose ? ». Une interrogation légitime qui va dans le sens de ce que dénonce l’APP, qui précise que « la communication du pouvoir ne peut tenir lieu d’information des citoyens ».
L’Association conclut son communiqué en demandant « la présence systématique de journalistes lors des déplacement officiels du Chef de l’État pour assurer la plus grande transparence et l’information de tous ». Des éléments constitutifs de la liberté d’informer, pilier essentiel d’une démocratie, qui semble pourtant de plus en plus mise à mal avec la nouvelle loi Avia à venir.