Il y a quelques jours, Éric Mettout pestait contre « les incessantes leçons de déontologie d’Edwy Plenel ». Que dirait-il de la dernière leçon que le fondateur de Médiapart vient d’infliger à Libération, suite à la une du quotidien sur Laurent Fabius ?
Dès dimanche 7, Edwy Plenel twitte : « Libération perd la tête : demain [le 8 avril, ndlr], il transforme une rumeur sur Fabius en prétendant démentir une non-information de Mediapart ». Le lendemain, il continue sa « leçon » : « tous les sociologues de la rumeur le savent : la rendre publique, fût-elle accompagnée d’un ferme démenti, c’est la propager et lui donner consistance. C’est donc bien ce qu’a fait le quotidien Libération, lundi 8 avril, avec cette Une sidérante mettant en scène comme s’il s’agissait d’une information une rumeur qui agite Paris depuis trois jours ».
Et d’évoquer une « mise en scène, éloignée des règles les plus élémentaires du journalisme », le viol du secret professionnel. Véritable juge de ce qui se fait et de se qui ne se fait pas en matière de presse, Plenel adresse enfin un carton rouge à la rédaction de Libération : « cette faute est un avertissement : rien ne serait pire, dans le moment troublé que traverse notre démocratie, qu’une presse sortie de ses gonds, sans repères professionnels ni rigueur déontologique ».
Certes, on peut estimer que Libération a utilisé une classique méthode de désinformation, en titrant sur le démenti d’une rumeur. Il n’en demeure pas moins que voir Edwy Plenel, et sa « conception du journalisme, qui se situe quelque part entre celle du procureur soviétique Vichinsky et du conventionnel Marat, entre justice procédurale et tribunal populaire, entre filature policière et dénonciation publique », selon les termes de Philippe Cohen et Pierre Péan, donner des leçons de journalisme est pour le moins « exaspérant », comme le rappelait Éric Mettout…
Source : blogs.mediapart.fr/blog/edwy-plenel