[Première diffusion le 26 juin 2020]
Nous publierons chaque mois jusqu’à novembre 2020 une chronique de notre correspondant en Amérique du Nord sur l’élection présidentielle américaine de 2020 dans les médias, voici la première. Trump avait fini avril avec de bons sondages, le mois de mai et le début juin ont vu des changements significatifs.
Les médias américains, la pandémie et la fin du Mullergate
Les médias n’avaient pas réussi à faire croire à la population qu’il avait du sang sur les mains du fait de sa gestion de la pandémie. Le mois de mai s’annonçait donc bon pour la Maison-Blanche, le Ministère de la Justice faisant progresser les enquêtes en cours du « Spygate » comme du « Flynngate ». Sans oublier, le 3 juin, l’effondrement de Rod Rosenstein, ancien ministre-adjoint de la Justice et organisateur de l’investigation Muller, devant la commission d’enquête du Sénat, ce qui préfigurait l’ouverture d’un « Mullergate » (autrement dit la remise en cause de tout l’exercice de la collusion russe avec Trump).
L’heure de la revanche allait-elle sonner ? La thèse du coup d’État semi-légal serait-elle enfin confirmée et les perpétrateurs séquestrés ? Les sondages exploseraient-ils en faveur de Trump dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle ? Niet !
Il aura suffi de deux ou trois semaines pour qu’un parti démocrate en lambeaux, servant d’échasses à un candidat aux présidentielles au mental souvent considéré comme déclinant (Joe Biden), reprenne le contrôle total du pays et que le Ministre de la Justice Barr soit victime d’un chantage à la démission. Cependant que plusieurs généraux et l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, attaquent ouvertement Trump, que Fox News leur fait les beaux yeux, et que Trump a désormais un « Maidan-lite » sur les bras. Au point que le Président se fait maintenant ouvertement censurer par les médias sociaux. Bref, la statue Trump chancelle sur son piédestal. Comme de Gaulle en mai 68…
1) Trois années de révolte du tout Washington : enfin un succès ?
Rappel : nous l’avions bien compris, Trump avait été exclu du système Washingtonien avant même d’y entrer, et de mettre en œuvre son programme : réorganiser l’État, relocaliser l’économie, lancer sa nouvelle étrangère multipolaire. Ainsi son discours de Gettysburg, prononcé peu de temps avant l’élection de novembre 2016, était une provocation, certes articulée et structurée, mais impardonnable.
Contre toute attente, Trump a jusqu’ici survécu aux efforts de déstabilisation initialement menés à son encontre par le trio Clapper, Brennan, Comey. Et pourtant, en dépit de trois années de harcèlement et de blocage parlementaire et judiciaire, Trump a réussi à relancer l’économie, à créer des millions d’emplois, à drastiquement réduire le chômage, à acquérir une confiance croissante de la part des minorités raciales, et à commencer le grand ménage à la Maison-Blanche, en particulier au sein de sa propre équipe de sécurité nationale, dont le point culminant fut le départ de John Bolton, son conseiller à la sécurité nationale. Inexcusable.
Nous avions il y a plusieurs mois décrit dans ces colonnes les prolégomènes du Spygate, ce terme désignant une tentative de coup d’État en souplesse, organisé selon toute apparence par l’administration sortante. Aujourd’hui, des informations jusqu’ici gelées par lesdites bureaucraties depuis plus de deux ans, mais maintenant divulguées, confirment la ténuité comme la vacuité des « faits » qui avaient originellement permis de construire un scénario (le mot est juste) présentant Trump et ses équipes comme des agents russes. Un scénario auquel les médias de grand chemin ne parviennent toujours pas à renoncer.
Une chose devient claire, il n’y avait aucun fait générateur pouvant justifier des écoutes, des piégeages des équipes de Trump, donc aucune légitimité aux enquêtes qui ont miné l’administration Trump, en particulier celle du procureur Muller, laquelle avait semé le doute et fait perdre la Chambre aux républicains en 2018, rendant ainsi possible une stratégie d’impeachment. Il n’y avait aucune raison donc de coincer le général Flynn dans un chantage au parjure, pour la simple raison qu’aucune enquête contre lui aurait dû être initiée.
2) Première contre-offensive sérieuse de Trump
La nomination par Trump en février 2019 de William Barr au poste de Ministre de la Justice, avait initié un retournement de situation (lancement de deux enquêtes judiciaires – donc criminelles — sur l’origine et le montage du Russiagate), faisant désormais de Barr un « ennemi public » bien pire que Donald Trump lui-même. Plus récemment, la nomination pour quelques semaines de Richard Grenell au poste de Directeur intérimaire pour la sécurité nationale (suivi maintenant du titulaire, John Radcliffe, un fidèle de Trump), a secoué le FBI d’avantage qu’une la bombe à neutron : Christopher Wray, le nouveau directeur du FBI, bushiste recruté par Trump en août 2017, a ainsi été mis sur la défensive. Wray a depuis près de trois ans, et systématiquement, joué l’inertie face aux demandes de levée du secret exigées sur un certain nombre de documents par les alliés de Trump au Congrès. Grenell a tout d’abord « sorti » les informations de 2017 mettant à jour l’hypocrisie de ceux qui à huis clos admettaient que la complicité de Trump ou de Flynn avec les Russes était une fiction, tout en passant des heures sur les ondes à affirmer que les preuves de la collusion russe étaient évidentes. Le fait est que Grenell a détruit le fait générateur des enquêtes anti-Trump (ce qui a permis à Barr d’abandonner les poursuites contre Flynn), Mais, en un deuxième temps, Grenell a livré en pâture une liste de noms de fonctionnaires de l’administration Obama associés à la campagne de dénigrement (voire de déstabilisation) contre Trump. De quoi servir de matériau aux actuelles enquêtes du Spygate! Bref, tout ceci, en conjonction avec la nomination le 31 mars du parlementaire pro-Trump Mark Meadows en tant que directeur de cabinet du Président, confirmait « la prise de pouvoir » de Donald Trump sur son administration immédiate lui permettant désormais de naviguer vent debout. Ce qui devenait dangereux pour les adversaires de Trump.
3) Forces en présence et enjeux
Derrière la façade et la violence des débats actuels se cache aux États-Unis une violente lutte des classes, les maîtres de la super-classe rivalisant discrètement entre eux tout en divisant les esclaves sur des mirages : guerres raciales ou religieuses, intersectionnalité, militarisme ou non, redistribution économique, suppression de la police etc.
Plusieurs clans capitalistes se disputent en effet le pouvoir : les mondialistes postmodernes-déconstructeurs (le clan Obama/frontières ouvertes, héritier de la ligne Alinsky, et champion de la révolution « technétronique » de Brzezinski), les mondialistes impérialistes-postsoviétiques (le clan Bush, héritier de la ligne Rockefeller), les mondialistes chrétiens-sionistes (le clan Trump, héritier de la ligne Netanyahou).
Les postmodernes-déconstructeurs n’ont pas foi en l’État américain pour mettre en œuvre le projet de paradis mondial. Il leur faut déconstruire une bonne fois pour toutes le système américain, ses traditions, ses structures, ce qui lui reste d’européen. Car il représente en effet un frein à l’enrichissement de l’élite économique mondiale. Aussi, la politique conste depuis trois ans à utiliser des troupes de choc « anticapitalistes-au-service-du-capitalisme », sur le modèle des gardes rouges de Mao, afin de d’intimider et de produire des ruptures culturelles. C’est ce que nous voyons aujourd’hui dans les rues, avec la « sécession » de communes dites républiques indépendantes. Il s’agit par ailleurs de gripper, par l’activisme des juges ou des fonctionnaires, le pouvoir judiciaire, et l’ensemble du système légal. C’est ce que nous voyons aujourd’hui, avec des juges qui se substituent aux procureurs, ou des procureurs mis à la porte qui refusent de partir, ou encore avec la floraison de lanceurs d’alerte particulièrement sélectifs. Quant aux médias de grand chemin et à leurs cousins dits sociaux, ceux-ci ont pour mission de reconstituer la perception des électeurs, par la censure, mais surtout aussi par une réingénierie des faits, dans la ligne du ministère de la vérité de George Orwell. C’est ce que l’on voit aujourd’hui sur Twitter et Facebook, ou encore sur le traitement médiatique à deux vitesses de la distanciation sociale, selon les causes, bonnes ou mauvaises.
Un clan déconstructeur puissant
Il est incontestable que ce courant déconstructeur est de loin le plus puissant aux États-Unis. Aujourd’hui, ce courant, révolutionnaire au sens le plus exact du terme, considère que Trump lui a volé le pouvoir en 2016 et, pire encore, qu’il a réveillé la participation électorale de l’électorat blanc ouvrier, dont l’apathie était indispensable pour faire fonctionner l’intersectionnalité électorale. Pourtant, il lui a été impossible de faire surgir un leader de poids pour faire face à Trump lors de la prochaine présidentielle de novembre. Il faut donc le fabriquer.
Un clan postsoviétique militaro-industriel
Le clan impérialiste-postsoviétique, pour sa part, est structurellement minoritaire, mais peut encore compter sur de beaux restes au sein de l’appareil d’État, pour l’instant toujours en symbiose avec le complexe militaro-industriel. Mais c’est un courant tendanciellement archaïque car, dans ce monde en bouleversement, il n’est pas révolutionnaire. Il n’est que le conservateur puritain des institutions mises en place en 1776, pour faire de Washington la république universelle. Il se contente de faire le jeu des donateurs, et tend à se coucher sur les questions culturelles définies par le premier clan. Et s’il prône les changements de régimes, y compris sur le sol américain, il le fait dans une optique impériale classique. Ses tenants veulent un mondialisme asservi au système financier américain, que ce soit juridiquement, financièrement et monétairement. Ils veulent une république universelle « made in the USA », d’apparence judéo-chrétienne, contrairement au premier courant, fondamentalement agnostique et rationaliste. Pour les impérialistes-postsoviétiques, la politique consiste à profiter du découpage électoral pour conserver le Sénat, et, de façon moins prioritaire, la Chambre des représentants. Car c’est du Sénat que partent toutes les combinaisons politiques. Jusqu’à l’arrivée de Trump, ce clan n’espérait plus au fond de lui-même gagner la présidence, car la composition démographique était entrain de changer drastiquement… pour le bien des entreprises donatrices, avides de main d’œuvre étrangère. En politique étrangère, ce courant, remarquablement incarné par feu le sénateur McCain (ou encore par John Bolton, le célèbre conseiller de Trump récemment limogé) s’est donné pour objectif de s’approprier l’Eurasie, Proche-Orient inclus, (ainsi qu’excellemment décrit par Oliver Stone dans son film W) afin de contrôler les ressources naturelles nécessaires à la Chine et à l’Inde, en pleine expansion. Ce clan a tenté de domestiquer Trump, usant parfois de coercition, parfois de séduction. Mais Trump n’a bombardé ni l’Iran, ni le Venezuela, et encore moins la Russie, ou encore la Corée. Déception.
Un clan chrétien fondamentaliste
Reste alors le troisième clan, celui des chrétiens-sionistes qui misent sur Trump, comme ils avaient auparavant misé sur le Tea Party. Ces chrétiens, fondamentalistes apocalyptiques, considèrent que l’accomplissement de la prophétie divine par l’État d’Israël est la condition indispensable à l’avènement du Christ en gloire, qui régnera sur tous les hommes. Démographiquement en perte de vitesse, ils sont cependant bien structurés. « Tactiques » ils ont choisi Trump le mécréant, et ont vu dans son élection de 2016 l’exécution du plan de Dieu. Ces électeurs sont aujourd’hui focalisés sur l’éradication (ou la soumission) de l’Iran, incarnation de la Perse de l’empereur Cyrus. Ils sont par ailleurs résolument hostiles à l’islamisme qui ne reconnait pas le choix fait par Dieu du peuple américain comme moteur exclusif de l’Histoire. Ce clan à lui seul ne suffit pas pas à Trump. En 2016, ce dernier avait récupéré une grande partie de la classe ouvrière blanche, et avait pu bénéficier de l’appui d’une grande partie des juifs orthodoxes, famille religieuse du gendre de Trump et de sa fille Ivanka.
4) Dernières nouvelles du front et positionnement de la presse
Pour 2020, la stratégie du président sortant était simple : capitaliser sur une croissance organisée depuis deux ans « par décret » en dérèglementant la production d’énergie de schiste, continuer d’améliorer ses scores au sein des populations afro-américaines grâce à un effort fiscal de politique urbaine (zones d’opportunités économique) comme de réforme du système pénal offrant, contre l’avis des élus républicains, à certains (souvent pris en main par les évangélistes) une seconde chance (libération anticipée), et enfin de renforcer l’adhésion en sa faveur des hispaniques par son machisme (loi et ordre) autant que par son empathie à l’égard du petit commerce. Jusqu’à présent rien n’avait réussi à le détrôner : l’économie allait si bien et le chômage était si faible qu’environ six millions d’emplois n’étaient pas pourvus. L’impeachment, collection automne, rendit grandement service à Trump, sa gestion de la pandémie également… jusqu’à la fin avril. C’est aujourd’hui de l’histoire ancienne.
La résistance ne peut en effet prendre le risque d’une réélection de Trump, certes pour son manque de fiabilité en matière de stratégies messianico-impériales, mais surtout pour une raison très simple : l’activisme de son Ministre de la Justice qui risque de transformer les enquêtes Spygate et Flynngate en règlements de comptes judiciaires préélectoraux. Et ce ne sont pas seulement les séides de l’administration Obama partante qui deviennent nerveux, mais aussi bien des séides des néoconservateurs. Il y avait donc urgence.
Depuis deux mois, l’opération anti-Trump est devenue une prodigieuse machine à perception, vraisemblablement destinée à convaincre une majorité de l’électorat que quatre années de plus avec ce président clivant équivalent à l’apocalypse. Il semble probable que les post-modernes-déconstructeurs ont désormais fait alliance avec les impérialistes-postsoviétiques afin de projeter la nécessité d’un sursaut bipartisan « de salut public » face à l’imminence de la catastrophe. Si cette hypothèse est vraie, cela signifie que le clan Obama qui tient Biden en otage prépare l’annonce d’un tel futur « gouvernement de salut public ».
La convergence des catastrophes destinées à apeurer le bourgeois comme à réveiller les vielles divisions se déroule – remarquablement – sur cinq fronts :
1. Terroriser la population avec le COVID-19 pour bloquer la réouverture de l’économie et empêcher Trump de faire campagne en public, tout en protégeant Biden de ses gaffes. Formulons une hypothèse. Trump perdant l’élection, on ne parlera plus du COVID, et l’économie se réouvrera partout dans le monde, par miracle, sous le patronage débonnaire des institutions internationales comme des milliardaires bienfaiteurs. Dans l’intervalle, les sondages le montrent, les électeurs de Trump eux-mêmes ont peur de la fin du monde. Le meeting « de relance »de Trump du 20 juin a été un semi-échec, même si 7 millions d’américains l’ont vu sur Fox News. Quant au cirque de la chloroquine, il ne fait que confirmer la thèse selon laquelle il fallait imposer à la population un horizon mental de deux ans de sacrifices et de refuge dans les abris, officiellement pour attendre vaccins et nouvelles drogues.
2. Intimider les partisans de Trump, physiquement (dans la rue) ou financièrement (annonceurs publicitaires). le meeting du 20 juin, à Tulsa (Oklahoma) a été précédé de manifestations antifas, qui probablement ont eu un effet aggravant sur la faible participation du meeting. Pour faire bonne mesure, inciter au ménage chez Fox News. Les Murdoch y ont fait entrer de nombreux démocrates — tout en conservant un noyau dur de « bushistes » — probablement inquiets des risques de censure publicitaire qui frappent souvent les programmes éditoriaux du soir, en particulier le plus fin de la bande, donc le plus haï, Tucker Carlson.
3. Twitter et les médias sociaux ont mis le turbo dans la censure. Cela couvait depuis longtemps. En particulier la fermeture du compte twitter du président avait été évoquée de façon récurrente par de nombreux américains. Le 31 janvier 2017, Paul Carr, chroniqueur spécialiste des médias sociaux et auteur du livre satirique Bringing Nothing to the Party—True Confessions of a New Media Whore, adressait déjà une supplique à Jack Dorsey, patron de Twitter. Sous le titre « c’est le bon moment, Jack », Carr donnait à Dorsey une série de raisons, pratiques ou morales, pour fermer le compte de Donald Trump.
L’idée a fait son chemin depuis. C’est en octobre 2019 qu’elle a pris corps, de façon institutionnelle, lorsque la sénatrice Kamala Harris, alors candidate à l’investiture démocrate, soulevait la question lors du débat démocrate du 15 octobre, accusant Trump d’intimider ses adversaires et les « témoins » de la procédure lancée sur l’Ukrainegate, en avant-première de celle de l’impeachment qui commença « juridiquement » le 18 décembre. Plus récemment, Twitter semble avoir pris pour habitude d’épingler Trump.
4. Disloquer le début d’adhésion afro-américaine que Trump commençait à coaguler; la communauté noire est sujette à un réflexe ancien. Elle semble décrocher.
5. Lâcher les bouledogues néoconservateurs pour faire fuir la part de la droite « modérée » qui votait pour Trump (en particulier les femmes blanches des banlieues résidentielles); plusieurs généraux se sont ainsi distingués, ainsi que John Bolton qui passe sur toutes le chaînes pour dire tout le mal qu’il pense de Donald Trump.
5) Les règles du jeu ont changé. Trump l’a-t-il compris ?
Il y a donc plusieurs Rubicon qui ont été franchis en même temps. Trump se retrouve donc dans la situation inverse de 2016. Il avait alors gagné la présidentielle par défaut, parce qu’il s’agissait en fait d’un référendum sur Hillary Clinton, harcelée et arrogante, qui n’avait pas pu rassembler la totalité de ses forces. En 2020, ce sera à Biden de gagner par défaut, le référendum se faisant sur « Trump-le-diviseur-qui-a-échoué », incapable reformer sa coalition. Le dernier sondage de Fox News est accablant. Trump semble se satisfaire du désordre actuel, s’imaginant incarner la loi et l’ordre, présentant Biden comme le pantin de l’ultragauche.
Et si Obama, à profondeur périscopique, constituait discrètement un cabinet d’union nationale pour son prête-nom Biden, incluant des « conservateurs » républicains, des technocrates, ce qu’il faut d’intersectionnel, des généraux, des flics, des religieux pour signaler un nouveau cycle de « Hope and Change », d’harmonie nationale et internationale ? Tout semble aujourd’hui aller dans ce sens, face à un Trump qui peine à se renouveler. Il est tombé dans le piège de la dénonciation de l’extrême gauche. Son ennemi est pourtant bien visible : la superclasse mondiale.