La folie de l’Intelligence Artificielle s’est emparée de l’actualité. Entre le médiatique sommet de Paris, les provocations des nouveaux caciques de l’Amérique de Trump et la campagne anti-IA de la presse de gauche aux États-Unis comme en France, le monde de l’information et du numérique s’apparente de plus en plus à un véritable champ de bataille.
Selon la BBC, la moitié des réponses fournies par les IA génératives sur l’actualité ne sont pas fiables. Et pour cause, la gestion de l’actualité par les outils de l’IA est pour le moment encore très approximative, comme peuvent en témoigner les utilisateurs des plateformes disponibles en ligne.
L’IA n’est pas au point, la BBC n’est pas très utile
Le média public britannique a publié le 11 février les résultats d’un mois de recherche portant sur quatre IA accessibles en ligne : ChatGPT (de chez OpenAI), Copilot (Microsoft), Gemini (Google) ou encore Perplexity. Les journalistes mobilisés pour l’occasion ont demandé à ces outils de s’appuyer sur des articles de BBC News, puis les résultats ont été analysés par des spécialistes des sujets abordés.
Le rapport déplore plus de 50 % de réponses présentant des « problèmes significatifs », ainsi que 13 % de citations modifiées ou n’existant pas réellement.
Résultat : la BBC ne nous apprend rien de nouveau, sinon que ces outils ne sont pas au point en matière de traitement de l’actualité. Ces lacunes avaient déjà pu être largement constatées par les usagers de l’IA, qui s’apparente, en matière journalistique, à un super moteur de recherche dont il convient de vérifier les informations, plutôt qu’à un outil quasi autonome de rédaction.
La partie probablement la plus amusante de l’article de la BBC concerne les tensions au Proche-Orient. Ainsi, le journal britannique s’offusque des réponses de l’IA Perplexity, qui, citant la BBC comme source, estime que l’Iran avait initialement fait preuve de « retenue » face à Israël, dont le comportement est qualifié d’agressif.
La presse de gauche contre l’IA
Ce que l’on retiendra de cette étude et du traitement récent de l’intelligence artificielle dans la presse, c’est la crainte de la gauche médiatique face au développement de la machine… Le journal Le Monde multiplie les articles pour appeler à une réglementation, avec des éditoriaux catastrophistes du type : « le train de l’IA est lancé à une telle allure qu’il est impossible à ralentir ».
Le journal communiste L’Humanité s’inquiète, de son côté, de « remettre de l’humain dans l’intelligence artificielle ». Un miracle semble s’être produit du côté des libéraux libertaires de Libération, avec une tribune aux relents souverainistes : « IA : céder aux menaces ou assumer sa souveraineté, l’Europe doit choisir ».
Féminisme de bistrot en France sur l’IA
Chez les politiques, les déclarations montrent généralement une incurie crasse en la matière, et les personnalités qui s’expriment répètent des banalités, à l’image de la présidente de l’Assemblée nationale qui s’extasie devant l’IA française Mistral qui serait plus inclusive que ses concurrents. Un féminisme de bistrot qui ne tient cependant pas compte d’un élément : le développement d’un outil d’IA comme Mistral doit avoir une portée mondiale pour être viable financièrement. Or, l’immense majorité de l’humanité ne s’intéresse pas à la parité. Le ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, plaide de son côté pour une « IA écoresponsable ». Derrière cette déclaration : le vide. Le ministre n’a rien à proposer et ne peut même pas expliquer ce que serait une telle IA.
La préservation des libertés oubliée
Cette défiance de l’IA à gauche et dans les arcanes du pouvoir peut s’expliquer par plusieurs facteurs.
La fine fleur de la tech se trouve aujourd’hui en Californie et prête allégeance à Trump, d’où une certaine inquiétude qui peut largement être comprise, même en s’extrayant du point de vue politique (gauche/droite) pour se placer dans une perspective nationale, voire de blocs. Il est intéressant de noter ici qu’à gauche comme au centre, la critique se concentre sur les fausses informations, le risque de voir se développer un « discours de haine », ou encore le féminisme et l’écologie, mais très peu sur la préservation des libertés. Convertie à la caméra de surveillance et aux algorithmes sécuritaires, la gauche socialiste française porte une responsabilité importante dans cette tendance, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de la gauche Insoumise.
Dans le cas des médias, la crainte entretenue vis-à-vis de l’IA peut aussi s’expliquer par la peur d’être remplacés par la machine… comme avec un autre « Grand remplacement » ?