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Les médias dominants contre l’IA : la gauche contre le progrès ?

25 février 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Les médias dominants contre l’IA : la gauche contre le progrès ?

Temps de lecture : 4 minutes

La folie de l’Intelligence Artificielle s’est emparée de l’actualité. Entre le médiatique sommet de Paris, les provocations des nouveaux caciques de l’Amérique de Trump et la campagne anti-IA de la presse de gauche aux États-Unis comme en France, le monde de l’information et du numérique s’apparente de plus en plus à un véritable champ de bataille.

Selon la BBC, la moitié des répons­es fournies par les IA généra­tives sur l’ac­tu­al­ité ne sont pas fiables. Et pour cause, la ges­tion de l’actualité par les out­ils de l’IA est pour le moment encore très approx­i­ma­tive, comme peu­vent en témoign­er les util­isa­teurs des plate­formes disponibles en ligne.

L’IA n’est pas au point, la BBC n’est pas très utile

Le média pub­lic bri­tan­nique a pub­lié le 11 févri­er les résul­tats d’un mois de recherche por­tant sur qua­tre IA acces­si­bles en ligne : Chat­G­PT (de chez Ope­nAI), Copi­lot (Microsoft), Gem­i­ni (Google) ou encore Per­plex­i­ty. Les jour­nal­istes mobil­isés pour l’occasion ont demandé à ces out­ils de s’appuyer sur des arti­cles de BBC News, puis les résul­tats ont été analysés par des spé­cial­istes des sujets abordés.

Le rap­port déplore plus de 50 % de répons­es présen­tant des « prob­lèmes sig­ni­fi­cat­ifs », ain­si que 13 % de cita­tions mod­i­fiées ou n’existant pas réellement.

Résul­tat : la BBC ne nous apprend rien de nou­veau, sinon que ces out­ils ne sont pas au point en matière de traite­ment de l’actualité. Ces lacunes avaient déjà pu être large­ment con­statées par les usagers de l’IA, qui s’apparente, en matière jour­nal­is­tique, à un super moteur de recherche dont il con­vient de véri­fi­er les infor­ma­tions, plutôt qu’à un out­il qua­si autonome de rédaction.

La par­tie prob­a­ble­ment la plus amu­sante de l’article de la BBC con­cerne les ten­sions au Proche-Ori­ent. Ain­si, le jour­nal bri­tan­nique s’offusque des répons­es de l’IA Per­plex­i­ty, qui, citant la BBC comme source, estime que l’I­ran avait ini­tiale­ment fait preuve de « retenue » face à Israël, dont le com­porte­ment est qual­i­fié d’agressif.

La presse de gauche contre l’IA

Ce que l’on retien­dra de cette étude et du traite­ment récent de l’intelligence arti­fi­cielle dans la presse, c’est la crainte de la gauche médi­a­tique face au développe­ment de la machine… Le jour­nal Le Monde mul­ti­plie les arti­cles pour appel­er à une régle­men­ta­tion, avec des édi­to­ri­aux cat­a­strophistes du type : « le train de l’IA est lancé à une telle allure qu’il est impos­si­ble à ralen­tir ».

Le jour­nal com­mu­niste L’Humanité s’inquiète, de son côté, de « remet­tre de l’humain dans l’intelligence arti­fi­cielle ». Un mir­a­cle sem­ble s’être pro­duit du côté des libéraux lib­er­taires de Libéra­tion, avec une tri­bune aux relents sou­verain­istes : « IA : céder aux men­aces ou assumer sa sou­veraineté, l’Europe doit choisir ».

Féminisme de bistrot en France sur l’IA

Chez les poli­tiques, les déc­la­ra­tions mon­trent générale­ment une incurie crasse en la matière, et les per­son­nal­ités qui s’expriment répè­tent des banal­ités, à l’image de la prési­dente de l’Assemblée nationale qui s’extasie devant l’IA française Mis­tral qui serait plus inclu­sive que ses con­cur­rents. Un fémin­isme de bistrot qui ne tient cepen­dant pas compte d’un élé­ment : le développe­ment d’un out­il d’IA comme Mis­tral doit avoir une portée mon­di­ale pour être viable finan­cière­ment. Or, l’immense majorité de l’humanité ne s’intéresse pas à la par­ité. Le min­istre de la Tran­si­tion écologique, Agnès Pan­nier-Runach­er, plaide de son côté pour une « IA écore­spon­s­able ». Der­rière cette déc­la­ra­tion : le vide. Le min­istre n’a rien à pro­pos­er et ne peut même pas expli­quer ce que serait une telle IA.

La préservation des libertés oubliée

Cette défi­ance de l’IA à gauche et dans les arcanes du pou­voir peut s’expliquer par plusieurs facteurs.

La fine fleur de la tech se trou­ve aujourd’hui en Cal­i­fornie et prête allégeance à Trump, d’où une cer­taine inquié­tude qui peut large­ment être com­prise, même en s’extrayant du point de vue poli­tique (gauche/droite) pour se plac­er dans une per­spec­tive nationale, voire de blocs. Il est intéres­sant de not­er ici qu’à gauche comme au cen­tre, la cri­tique se con­cen­tre sur les fauss­es infor­ma­tions, le risque de voir se dévelop­per un « dis­cours de haine », ou encore le fémin­isme et l’écologie, mais très peu sur la préser­va­tion des lib­ertés. Con­ver­tie à la caméra de sur­veil­lance et aux algo­rithmes sécu­ri­taires, la gauche social­iste française porte une respon­s­abil­ité impor­tante dans cette ten­dance, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de la gauche Insoumise.

Dans le cas des médias, la crainte entretenue vis-à-vis de l’IA peut aus­si s’expliquer par la peur d’être rem­placés par la machine… comme avec un autre « Grand remplacement » ?

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