Depuis la rentrée politique des Républicains les 4/5 septembre 2020, la course à l’investiture d’un candidat LR pour les présidentielles de 2022 est lancée. Au 21 septembre 2020, Bruno Retailleau, sénateur de Vendée et chef de groupe au Sénat, figure en tête des préférences avec François Baroin. En queue de comète, on retrouve des outsiders comme Xavier Bertrand, Rachida Dati ou Valérie Pécresse qui manifestent aussi des velléités pour l’investiture LR. Si le parti parfois considéré comme bonapartiste peine à retrouver un meneur depuis Nicolas Sarkozy, certains médias sont tentés de le trouver, le cas échéant à la place des adhérents.
La garde prétorienne médiatique
Un peu comme aux temps de la décadence romaine, si Emmanuel Macron fut porté à la magistrature suprême par l’allégeance des prétoriens médiatiques, ce sont les mêmes qui démettent les empereurs. C’est un lieu commun de souligner la possession par une dizaine de milliardaires de la grande majorité de la presse audio-visuelle privée et papier en France, ainsi que leur rapport direct lors de l’élection de Macron en 2017. Il faut aussi rappeler que leurs préférences peuvent se tourner assez vite en faveur d’un nouveau Cesar quand le précédent ne les satisfait plus.
Baroin le désiré
Bruno Retailleau a tout pour déplaire à la sociologie du milieu médiatique : proche de Fillon, catholique pratiquant et très accès sécurité. François Baroin, lui, est chiraquien, fils d’un maître du Grand Orient, ancien journaliste au service politique d’Europe 1 de 1988 à 1992, ex-époux de Valérie Broquisse, journaliste à LCI, puis de Marie Drucker. Drucker, le nom suffira comme sésame médiatique.
Comme on peut le lire chez Marianne, « le maire de Troyes, ex-Harry Potter à la voix de Barry White, expliquait à Anna Cabana (sur BFMTV) que la présidentielle, pourquoi pas… mais si Emmanuel Macron n’est pas candidat ». D’un côté Baroin se laisse désirer, semble dubitatif face à un Macron dont il appela à l’élection les résultats du premier tour en 2017 connus. De l’autre, on assiste spontanément à des appels en sa faveur. Le dernier en date, c’est Philippe Juvin, maire LR et médecin à l’hôpital Georges-Pompidou, demandant à Baroin de se présenter, sur LCI, média appartenant à Bouygues, dont on connait les amitiés avec Chirac et ses fidèles. Baroin suscite aussi l’attention des Gala et autres magazines de presse féminine. C’est la « People-isation » qu’on connait de la vie politique depuis plusieurs décennies, Baroin renvoie l’image du gendre idéal à la ménagère téléspectatrice. Mais le gendre idéal pourrait être plus tenté par la direction d’une grande banque étrangère que par une campagne électorale bien aléatoire.
Retailleau boudé par les médias
Bruno Retailleau à côté, c’est « l’héritier de Fillon » et de la défaite en 2017, celui dont le physique tient plus du curé traditionnel que du jeune premier romantique.
Pour seule publicité, Retailleau peut compter sur Valeurs Actuelles et le Figaro. Un manque de notoriété que le JDD, Le Monde et Le Parisien ne pallient qu’en soulignant les dissensions chez LR que susciterait son investiture. De dissensions, on ne veut plus en entendre parler depuis l’épisode Copé/Fillon. Une pression médiatique s’exerce en filigrane sur les dirigeants LR. Retailleau, qui semble ne pas en être dupe, réclame de facto une primaire à droite, estimant que la base le suivra.
Le clivage entre droite du type libéral-conservateur et centrisme libertarien commence à créer des frictions chez les cadres LR, et par effet de miroir, les médias à leur tour se mettent à se positionner sur un échiquier sans roi pour l’instant. À suivre…