Si le traitement des manifestations de la place Maïdan par les médias français avait déjà confirmé un sentiment anti-russe marqué (voir notre dossier sur les jeux olympiques de Sotchi), les événements qui ont suivi la chute d’un avion malaisien abattu dans des circonstances encore non élucidées le 17 juillet ont encore accentué cette tendance.
Une excellente analyse du Monde Diplomatique d’août 2014 signée Mathias Reymond analyse ce parti-pris. Un parti pris parfois grotesque lorsque l’agitatrice Caroline Fourest annonce à l’antenne de France Culture que les « séparatistes russes arrachent au couteau les yeux des officiers ukrainiens » (voir notre article).
Aussi grotesque que les élucubrations de BHL et sa bande, André Glucksmann en tête dans le Huffington Post « Vous les gars et les filles de Maïdan vous êtes les étoiles du drapeau de l’Europe ».
Le Monde, Libération, Marianne, France Inter, Télérama multiplient les tribunes libres et les interventions anti russes. Ouest-France reprend les (nombreuses) comparaisons Poutine/Hitler, le nouveau point Godwin de la géopolitique à l’est. L’auteur a juste raison lorsqu’il souligne que « la mise en scène d’une opposition entre gentils pro-européens et méchants pro-russes a rapidement pris l’allure d’une farce ».
Il faudra lire la presse allemande (ARD, Bild) pour en savoir plus sur les interventions de la CIA ou le recrutement par Kiev de mercenaires américains d’Academi (ancienne Blackwater). Quelques uns réussiront à ne pas hurler avec les loups atlantistes, Éric Zemmour, L’Humanité, Valeurs Actuelles, parfois L’Express ou Le Figaro. Bien peu dans un océan de conformisme pro-américain et une occasion ratée de plus (sauf exceptions) pour la presse française de démontrer son professionnalisme dans un conflit complexe.
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