Après un moment de sidération, les médias publics multiplient les sujets dénonçant le danger de l’extrême droite et célébrant la mémoire du Front populaire. Ce parti pris confirme l’étude récente de l’Institut Thomas More sur le pluralisme dans l’audiovisuel public français.
Première diffusion le 19 juin 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
France Culture lance la croisade
Une majorité Rassemblement national aux élections législatives sonnerait-elle le glas de la République et des libertés ? La plupart des médias publics en sont convaincus. Mais il y a quelques semaines, l’Institut Thomas More (libéral conservateur) montrait l’inverse. D’après lui, France Culture se distinguerait particulièrement avec seulement 1% d’invités libéraux conservateurs. Or depuis dimanche, la radio confirme ce constat. Sur sa page d’accueil, une émission est mise en avant : “Extrême droite, des ligues au Front national” rattache les ligues proto-fascistes des années au FN. Le lien fait avec le RN est implicite mais clair. Xavier Mauduit, l’historien à la tête du programme, rappelle sur X qu’“une des missions du service public est d’éclairer l’actualité.” Le 12 juin, France 24, publiait sur son site une revue de presse titrée “Alliance LR/RN : “La honte”, reprenant tel quel le titre de Libération.
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La multiplication des amalgames historiques
D’un côté, le service public associe l’extrême droite au régime de Vichy, de l’autre il célèbre le Front Populaire de Léon Blum. Le 11 juin, France Culture propose une émission intitulée “Régime de Vichy, quand l’extrême droite s’occupe de la France”. Le lendemain, la même radio publie un article à la gloire du Front Populaire au titre nettement moins anxiogène : “Comment le Front populaire a‑t-il gagné les élections de 1936 ?” France info propose le 15 juin un article réfutant “la rumeur d’extrême droite” affirmant que Pétain aurait reçu les pleins pouvoirs grâce aux députés du Front Populaire. L’article se conclut par le jugement de l’historien Jean Vigreux. Pour lui, il s’agit d’un argument classique mis en avant par “tous ceux qui ont été tentés de réhabiliter, depuis 1945, la mémoire du maréchal Pétain.” L’INA, quant à lui, ressort pour l’occasion les archives des manifestations monstres anti-Le Pen de 2002.
Éric Piotti au pilori
Dès l’annonce du ralliement de Ciotti à l’union des droites, il diffuse les archives d’hommes politiques de droite ayant par le passé déclaré refuser toute alliance avec l’extrême droite quoi qu’il en aille. Parmi eux on retrouve… Éric Ciotti. Pourtant, dans les commentaires, l’unanimité de 2002 est bien loin. Les internautes s’écharpent violemment entre ceux qui accusent le service public de manquer à son devoir de neutralité et ceux qui saluent un engagement nécessaire. Pas sûr cependant que le parallèle historique soit pertinent pour saisir les enjeux actuels. En 2002, selon le sondeur Jérôme Fourquet, les 18–24 ont voté à 7% pour le FN. Vingt ans plus tard, cette même génération qui chantait “ la jeunesse emmerde le Front National” a voté 47% pour Marine Le Pen. A suivre…