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Les médias publics font ils campagne contre le Rassemblement national ?

19 juin 2024

Temps de lecture : 3 minutes
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Les médias publics font ils campagne contre le Rassemblement national ?

Temps de lecture : 3 minutes

Après un moment de sidération, les médias publics multiplient les sujets dénonçant le danger de l’extrême droite et célébrant la mémoire du Front populaire. Ce parti pris confirme l’étude récente de l’Institut Thomas More sur le pluralisme dans l’audiovisuel public français.

France Culture lance la croisade

Une majorité Rassem­ble­ment nation­al aux élec­tions lég­isla­tives son­nerait-elle le glas de la République et des lib­ertés ? La plu­part des médias publics en sont con­va­in­cus. Mais il y a quelques semaines, l’Institut Thomas More (libéral con­ser­va­teur) mon­trait l’inverse. D’après lui, France Cul­ture se dis­tinguerait par­ti­c­ulière­ment avec seule­ment 1% d’invités libéraux con­ser­va­teurs. Or depuis dimanche, la radio con­firme ce con­stat. Sur sa page d’accueil, une émis­sion est mise en avant :  “Extrême droite, des ligues au Front nation­al” rat­tache les ligues pro­to-fas­cistes des années au FN. Le lien fait avec le RN est implicite mais clair. Xavier Mauduit, l’historien à la tête du pro­gramme, rap­pelle sur X qu’“une des mis­sions du ser­vice pub­lic est d’éclairer l’actualité.” Le 12 juin, France 24, pub­li­ait sur son site une revue de presse titrée “Alliance LR/RN : “La honte”, reprenant tel quel le titre de Libéra­tion.

Voir aus­si : L’Instant M de Sonia Dev­illers sur France Inter, l’entre soi idéologique

La multiplication des amalgames historiques

D’un côté, le ser­vice pub­lic asso­cie l’extrême droite au régime de Vichy, de l’autre il célèbre le Front Pop­u­laire de Léon Blum. Le 11 juin, France Cul­ture pro­pose une émis­sion inti­t­ulée “Régime de Vichy, quand l’extrême droite s’occupe de la France”. Le lende­main, la même radio pub­lie un arti­cle à la gloire du Front Pop­u­laire au titre net­te­ment moins anx­iogène : “Com­ment le Front pop­u­laire a‑t-il gag­né les élec­tions de 1936 ?” France info pro­pose le 15 juin un arti­cle réfu­tant “la rumeur d’extrême droite” affir­mant que Pétain aurait reçu les pleins pou­voirs grâce aux députés du Front Pop­u­laire. L’article se con­clut par le juge­ment de l’historien Jean Vigreux. Pour lui, il s’agit d’un argu­ment clas­sique mis en avant par “tous ceux qui ont été ten­tés de réha­biliter, depuis 1945, la mémoire du maréchal Pétain.” L’INA, quant à lui, ressort pour l’occasion les archives des man­i­fes­ta­tions mon­stres anti-Le Pen de 2002.

Éric Piotti au pilori

Dès l’annonce du ral­liement de Ciot­ti à l’union des droites, il dif­fuse les archives d’hommes poli­tiques de droite ayant par le passé déclaré refuser toute alliance avec l’extrême droite quoi qu’il en aille. Par­mi eux on retrou­ve… Éric Ciot­ti. Pour­tant, dans les com­men­taires, l’unanimité de 2002 est bien loin. Les inter­nautes s’écharpent vio­lem­ment entre ceux qui accusent le ser­vice pub­lic de man­quer à son devoir de neu­tral­ité et ceux qui salu­ent un engage­ment néces­saire. Pas sûr cepen­dant que le par­al­lèle his­torique soit per­ti­nent pour saisir les enjeux actuels. En 2002, selon le son­deur Jérôme Four­quet, les 18–24 ont voté à 7% pour le FN. Vingt ans plus tard, cette même généra­tion qui chan­tait “ la jeunesse emmerde le Front Nation­al” a voté 47% pour Marine Le Pen. A suivre…