Aux yeux des médias de grand chemin occidentaux, la Hongrie est ce trou noir situé au beau milieu de l’Europe où les libertés seraient bafouées, la classe politique dirigeante corrompue, raciste et homophobe et la presse tenue comme sous une obscure république soviétique. L’Ojim s’intéresse souvent à ce pays pour montrer à quel point les médias dominants sont capables de traiter une situation de manière biaisée et partisane.
Des médias « indépendants » sous influence
Un des mythes colportés par cette presse bien-pensante consiste à tenter de faire passer au forceps l’idée selon laquelle les médias hongrois critiques du gouvernement effectueraient leur travail en étant « libres et indépendants », et qu’ils seraient en perte de vitesse, voire entravés dans leurs activités. En réalité, ces fameux tenants de la « liberté et de l’indépendance » sont très nombreux et actifs en Hongrie, et ont des affiliations politiques et idéologiques claires. Ils ne sont pas simplement critiques du gouvernement, mais campent sur une ligne consistant à être orbanophobes par principe. Si les médias pro-gouvernementaux dominent bien le marché de la presse papier et audio-visuelle, les médias anti-gouvernementaux sont quant à eux de plus en plus importants sur la toile.
À mesure que la jeunesse urbaine se wokise, les médias orbanophobes hongrois prennent de l’ampleur, et ce n’est certainement pas Viktor Orbán qui risque de stopper cette évolution — qui repose sur des lames de fonds sociologiques — par un quelconque mécanisme de censure fantasmé par les télégraphistes du camp du Bien.
L’exemple Telex
À cet égard, l’Ojim a à plusieurs reprises évoqué le cas du média en ligne Telex, dont le succès montre bien qu’il existe en Hongrie une presse farouchement critique de la politique du gouvernement et ne risquant en rien d’être gênée par ce pouvoir orbanien si décrié dans les médias subventionnés français. Un autre exemple est tout aussi évocateur pour démonter la narration bien-pensante sur les prétendues problèmes en matière de liberté de la presse en Hongrie : le média en ligne Partizán (« Partisan »), à l’« indépendance » hautement douteuse et dont la chaîne YouTube atteint des niveaux de fréquentation colossaux pour un pays de la taille de la Hongrie.
Le succès incontestable de Partizán
Partizán, c’est 340 000 abonnés dans un pays de moins de 10 millions d’habitants, des centaines de vidéos, des entretiens avec des personnalités hongroises, des documentaires thématiques montés de manière professionnelle, dont beaucoup concernent des hommes politiques et des hommes d’affaires de la galaxie Fidesz, et c’est surtout un visage, celui de Márton Gulyás, le fondateur de ce média.
De son propre aveu, Márton Gulyás n’est pas un journaliste professionnel, il entend seulement « former la conscience sociale ». Force est de constater qu’il le fait très bien. Son style est devenu unique dans la sphère des médias d’opposition, son travail est soigné et son média incontournable au sein du paysage médiatique hongrois.
Fondé à la veille des élections municipales de l’automne 2019, ce média est la continuité de la chaîne Slejm animée par Gulyás. Il plaide pour un journalisme factuel, objectif et remplissant une mission d’information d’intérêt public, mais son travail réside surtout dans une volonté de mettre en difficulté les milieux gouvernementaux. S’il n’a certes pas d’affiliations partisanes directes, ce média roule clairement pour les forces de la gauche hongroise, comme en atteste son rôle actif dans la surface médiatique qu’il a offerte aux candidats de la primaire de l’opposition à l’automne 2021. Disposant d’une grande visibilité — il est la première chaîne YouTube politique hongroise et a régulièrement des résultats en termes de vues meilleurs que nombre d’émissions de chaînes télévisées pro-gouvernementales —, il est un atout majeur pour les personnalités politiques de l’opposition entendant donner du poids médiatique à leurs positions.
D’où vient l’argent ?
Le patron de ce média aime entretenir la fable selon laquelle Partizán serait financé par ses petits donateurs, et donc que la résistance à l’orbanisme serait en marche grâce au soutien des abonnés. La chaîne reçoit évidemment des dons de particuliers hongrois, mais des doutes persistent sur la présence d’autres financements depuis sa création.
En effet, ce média a un train de vie et une productivité qu’il est impossible d’assurer par de simples petits dons dans un pays comme la Hongrie. En 2020, la chaîne évoquait une somme risible de 16 000 euros annuels sous la forme de dons. Pour 2022, le média revendique environ 15 millions de forints de micro-dons (environ 39 000 euros). Or, il se trouve que les locaux que la chaîne loue à Budapest font plusieurs centaines de mètres carrés et que l’équipe de ce média compte plus de vingt personnes. Sans même parler du matériel et du budget destiné à payer des annonces sur YouTube, le compte n’y est absolument pas.
Une fois de plus, l’anguille sous roche est bien identifiable : des grands donateurs mondialistes. C’est en l’occurrence assez cocasse pour une chaîne nommée « Partisan », toujours si prompte à prendre la défense des prolétaires. Mais disons-le tout net : Partizán n’est en réalité pas tant du côté des petites gens que de ces nouveaux prolétaires si chers au marxisme culturel US et au wokisme « intersectionnel ». Des nouvelles idéologies que le gouvernement hongrois ne porte pas particulièrement dans son cœur, mais que les castes mondialistes aiment tant diffuser et financer.
German Marshall Fund
Fin 2021, la chaîne annonçait par exemple avoir reçu 15 000 dollars du German Marshall Fund (GMF) pour assurer l’achat de matériel (caméras, lampes, etc.). Le GMF a été fondé en 1972 sous l’égide de la Fondation Carnegie, il fait partie de cette vaste nébuleuse de fondations étant des émanations des services US.
Voici une liste rapide des bienfaiteurs du GMF qui finance le journalisme « libre et indépendant » de Partizán : Robert Bosch, Google, Amazon, Microsoft, Airbus, Boeing, JPMorgan, Deloitte, Gilead Sciences, les Open Society Foundations, la fondation Rockefeller, la fondation Knight, la Commission européenne, les ministères des Affaires étrangères suédois et norvégiens, BNP Paris, la délégation de l’UE aux États-Unis, les ambassades des États-Unis en France et en Allemagne, la mission des États-Unis à l’OTAN, le ministère des Armées de la République française, l’ECFR, etc. Mais aussi l’USAID, l’Agence des États-Unis pour le développement international, dont la présidente Samanta Power s’est récemment rendue à Budapest pour rencontrer en autres l’ambassadeur US David Pressman, mais surtout faire part de ses inquiétudes sur l’état de la liberté de la presse et de la corruption en Hongrie.
La présidente du GMF, Heather A. Conley, a avant d’occuper ce poste passé douze ans au Center for Strategic and International Studies (CSIS), où elle a été à l’origine d’une série de travaux intitulée Kremlin Playbook, des recherches examinant la doctrine et la méthodologie de l’économie « malveillante » russe en Europe. Le GMF a évidemment une ligne 100% pro-ukrainienne. D’ailleurs, parmi ses bienfaiteurs on trouve aussi Gas TSO in Ukraine, la société ukrainienne en charge de l’importation et du transit du gaz en Ukraine.
The Foundation for Democracy and Pluralism
Partizán a aussi reconnu avoir reçu 200 000 dollars de la part de la Foundation for Democracy and Pluralism, une somme que le média dit avoir utilisé pour aménager ses nouveaux studios. Cette fondation est récente, elle a été créée en 2021 par Daniel Sachs, un Suédois membre du comité des Open Society Foundations de George Soros et du conseil de l’ECFR, un des tentacules de la pieuvre du même Soros, alors qu’il est chairman de l’OSF Investment Committee. Autant dire, un personnage de premier plan de la galaxie Soros.
Sachs est aussi membre du comité mondial du World Economic Forum de Davos. Il a fait carrière dans la gestion de fonds, notamment en créant la société P Capital Partners, et en travaillant pour une série de fonds notamment actifs dans le domaine des énergies renouvelables.
Les liens de Sachs avec le Forum économique mondial de Davos expliquent sans doute pourquoi la chaîne Partizán a publié le 3 février dernier une vidéo à charge contre László Toroczkai, président du parti nationaliste Mi Hazánk (Notre patrie) et député au Parlement hongrois. Toroczkai a été le premier à avoir des positions très critiques sur les « mesures sanitaires » et dénoncent régulièrement l’influence du Forum de Davos. Des positions qui ont visiblement agacé le patron de Partizán, selon lequel la dénonciation de Davos ne peut que procéder d’un complotisme de bas étage. La réaction de Toroczkai n’a pas tardé, et elle ne fait pas l’impasse sur les financements pour le moins intéressants de la chaîne Partizán.
National Endowment for Democracy
Le tableau ne serait pas complet si on ne trouvait pas parmi les donateurs de la chaîne en quelque sorte la maison-mère de toute la galaxie des ONG et des fondations promouvant le Bien aux quatre coins du globe : la National Endowment for Demcraccy (NED).
Partizán a reçu de la NED 98 000 dollars pour le financement d’un « roadshow » dans les semaines ayant précédé les élections législatives d’avril 2022. Cet épisode avait beaucoup fait jaser en Hongrie. Il s’agissait d’une tournée en camion américain dans plusieurs villes de province, manifestement pour semer la bonne parole anti-Orbán dans des contrées peu réceptives au discours bolchéwoke de l’opposition hongroise. Pour résumer : un immense camion polluant copieusement, d’une valeur conséquente, payé par la NED, un pseudopode de la CIA, en pleine campagne électorale, tout cela organisé par un média « libre et indépendant », qui aime expliquer qu’Orbán musèle la presse. Il faut reconnaître que c’est assez grotesque. Les maîtres mondialistes ont les exécutants locaux qu’ils méritent.