Première diffusion le 31 janvier 2023
Depuis quelques années le porte-parole du groupe antifa Jeune Garde, Raphaël Arnault, s’est mué en véritable spécialiste de la délation des méfaits commis par des « hordes fascistes » dans les rues de Lyon. Ayant acquis une petite notoriété, il pu se pavaner sur le plateau de Touche pas à mon poste. Pourtant, dans une époque soi-disant obsédée par le fact-checking, ce militant antifa invente des agressions de l’extrême droite afin de servir ses idées. Pour nos lecteurs, voici donc un florilège de quelques fake news antifa plus quelques autres.
Un métis trop imaginatif
Sans aller jusqu’à inventer toujours la totalité des histoires, Raphaël Arnault a souvent tendance à attribuer abusivement la responsabilité d’un incident ou d’une agression à l’extrême droite sans prendre le temps de vérifier.
C’est le cas, par exemple, lorsqu’en janvier 2022 un jeune métis de Neufchâtel, en Suisse, explique sur son compte Instagram avoir été agressé par une dizaine de militants de droite alémaniques qui poussaient des cris de singes. Ils l’auraient ensuite mis au sol avant de lui faire une croix gammée sur la joue avec un cutter. Ni une ni deux, Arnault met tout de suite cette agression sur le compte de la surmédiatisation des Le Pen, Zemmour, etc. Résultat des courses ? Le jeune métis avait tout inventé et s’était fait lui-même cette croix gammée. Bizarrement, lorsque Damien Rieu était tombé dans le piège d’un journaliste il y a quelque temps, les médias en avaient tiré leurs gros titres. Ici rien, pas même une ligne.
La Guillotière, vrai coupe-gorge mais pas antisémite
Autre exemple, lorsqu’en 2021, un SDF est victime d’une agression antisémite par cinq individus dans le quartier de la Guillotière à Lyon. Tout de suite, le porte-parole de Jeune Garde accuse la présence d’organismes d’extrême droite dans la ville qui, en diffusant leurs idées, rendent possibles ces agressions. Notons que ni le SDF ni la police n’ont, au cours de l’enquête, évoqué la piste de l’extrême droite.
Enfin, ajoutons que le quartier de la Guillotière est un quartier qui fait l’actualité bien plus pour ses trafics de drogue et son insécurité que pour ses ratonnades.
Fâcheuse erreur de localisation
Continuons avec un tweet en date du 21 janvier 2022, dans lequel, vidéo à l’appui (une vidéo de 6 secondes où le son est en partie masqué par une musique de fond), Raphaël Arnault affirme que des jeunes ont été agressés par des militants d’extrême droite dans le Vieux-Lyon où, « comme par hasard », sont situés les locaux de Génération identitaire.
Cependant, il s’avère que la vidéo a été prise à proximité de la gare Perrache et, bien sûr, rien ne permet d’établir les inclinaisons politiques des agresseurs.
Les SDF et la bouteille de gaz, une fable contemporaine
Enfin, quand l’extrême droite ne veut pas agresser des immigrés, elle veut faire sauter une gare. C’est ainsi qu’après l’arrestation d’un SDF en possession de neuf bouteilles de gaz et menaçant de vouloir « tout faire sauter », Raphaël Arnault déclare, sans l’ombre d’une preuve, que c’est un coup de l’extrême droite qui « mène ouvertement des attaques terroristes ». La police interpellera deux suspects, un Français de 51 ans prénommé Éric, et un Tunisien de 29 ans, Abdelwahed.
On cherche encore dans quelle organisation d’extrême droite les deux hommes militent.
Quand y’en a plus y’en a encore
Nous pourrions encore lister d’autres affabulations, comme cette agression raciste en février 2022 au Puy-en-Velay dont aucun titre de presse, pourtant si enclin à en parler d’habitude, n’a fait l’écho, ou encore les agressions de fascistes contre les cortèges anti passe sanitaire à Lyon en novembre 2021. La lutte contre l’extrême droite semble avoir des vertus insoupçonnées sur l’imagination, comme le montrent les deux derniers exemples ou le jeune Raphaël n’est pas en cause, mais plutôt le quotidien Le Monde.
Évry et un certain quotidien du soir
Exemple suivant, lorsqu’en décembre 2022 à Évry, un homme de 61 ans ouvre le feu sur sa voisine de 13 ans. L’adolescente étant d’origine nord-africaine, il n’en fallait pas plus à notre héros de l’antifascisme pour crier à l’agression raciste. Hélas, la justice n’a pas retenu ce motif. La mère de la victime a même déclaré : « Ce monsieur [l’auteur de la tentative de meurtre] ne nous connaît pas et nous n’avons aucun différend avec personne ici. Mes enfants disent bonjour à tout le monde, il n’y a aucun problème »[1]. Le 26 décembre 2022, le jugement rendu par le parquet d’Évry n’a pas retenu le caractère raciste de l’agression. Ce qui n’empêche pas Le Monde de s’interroger sur le caractère raciste de la fusillade et de donner des éléments accréditant ce motif[2].
Après ce tour d’horizon, bien incomplet, nous observons que la rigueur concernant la vérification des sources ne s’applique pas à tous de la même façon. Comment alors ne pas comprendre la méfiance des Français à l’égard des grands titres de presse et des médias conventionnels? Devrions-nous plutôt parler de légitime défiance?
Voir aussi : Baromètre 2023 sur la confiance dans les médias, je t’aime moi non plus