Malfaisants de tous les horizons, méfiez-vous : le service public audiovisuel veille et vous pourriez vite vous retrouver à la télévision dans l’une de ses émissions d’investigations, en compagnie de « témoins », toujours soigneusement choisis, mais pas pour les bonnes raisons.
France TV ne rime pas avec déontologie
On sait que le service public n’a rien de neutre, cela ne surprend personne. Cela ne surprend néanmoins pas grand-monde d’apprendre qu’en plus, il n’a rien d’honnête. On verra dans cet article comment les témoins sont judicieusement choisis, et encore plus judicieusement cités. On ne souvient toutefois qu’il n’y a pas que dans le choix des témoins que France TV flirte avec la ligne rouge. Le Journal du Dimanche avait révélé le 16 octobre 2024 qu’une émission de Complément d’enquête sur Gérard Depardieu avait répandu de fausses informations par un montage trompeur.
Une infirmière d’extrême-gauche présentée comme neutre
Lorsqu’il s’agit de politique, France TV s’attaque avec beaucoup de conviction à l’extrême-droite. En novembre 2024, son émission Complément d’enquête diffuse « la guerre de l’info sur les bancs de l’école ». On y parle de la pression islamiste, mais également de certaines associations comme SOS Éducation ou les Parents vigilants. Cette dernière est liée au parti Reconquête et fait pression sur les établissements scolaires et le personnel éducatif pour empêcher que les thèses wokistes et immigrationnistes soient enseignées aux enfants. L’objectif est d’empêcher ce qu’Éric Zemmour appelle le « Grand Endoctrinement » qui affirme aux enfants qu’ils peuvent être un homme ou une femme et que les Blancs sont responsables de la majeure partie des maux de la planète.
Dans cette émission, on trouve une infirmière scolaire qui explique, avec des larmes dans la voix, que les membres des Parents vigilants la harcèlent et l’accusent de propos inappropriés devant les élèves. Cette infirmière était en réalité une élue d’extrême-gauche et militante pro-trans. Elle est également président d’une association de soutien aux clandestins, ce qui n’a pas beaucoup d’importance dans ce cas précis. Des affiliations que n’a pas mentionné Complément d’enquête, laissant les téléspectateurs croire cette infirmière neutre et sans raison particulière de nuire à Parents Vigilants.
Derrière Complément d’enquête, le service public
Quoiqu’en disent ceux qui y travaillent, le service public tout entier n’a rien de neutre. La direction de France Télévisions a ainsi permis avec toute la bienveillance nécessaire la diffusion d’une enquête sur Jordan Bardella en janvier 2024, quelques mois avant les élections européennes. Rien de grave jusque-là, d’autant que des émissions sur Gabriel Attal, Rachida Dati et Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée de l’époque, devaient être diffusées dans la foulée. Mais patatras, une « pause » est demandée aux journalistes jusqu’aux élections européennes. Selon Alexandre Kara, directeur de l’information, cette décision aurait été prise pour respecter le pluralisme et laisser la priorité de la couverture politique aux émissions de débat. Des raisons qui n’ont pas empêché Complément d’enquête de commencer la production d’une deuxième émission sur le Rassemblement National pendant les européennes. La première n’avait en effet pas apporté son lot de scandales.
La guerre sans pitié de France TV contre le RN
Le service public audiovisuel mène une guerre sans merci contre tout ce qui se rapproche de l’extrême-droite ou appelé tel, et use pour cela de toutes ses armes. Ainsi, en juin 2024, pendant la campagne des élections législatives, on ne trouve pas de Complément d’enquête sur le Rassemblement National, mais un « Envoyé spécial ». L’émission se rend à Montargis, où le RN récolte un tiers des voix, soit la moyenne nationale. Elle y fera le portrait de Divine Kinkela, aide-soignante, qui subit le « racisme décomplexé de ses voisins ». L’affaire sera reprise par France info, qui dépeint une femme « installée en France depuis près de trente ans » qui essuie « les insultes et des cris de singe de la part de son voisin ». Cette héroïne, « malgré ce climat détestable », « s’impose de continuer à boire son café sur sa terrasse ». Terrasse face à laquelle le voisin a ostensiblement accroché un drapeau français – qui ne gêne pas Divine – et des autocollants de soutien au Rassemblement National.
La divine du PCF
En réalité, Divine soutient le Parti communiste français et porte le combat décolonial en faisant l’apologie du « peuple noir africain ». Une position qu’il n’est possible de tenir que si l’on est en France depuis trente ans tant elle s’oppose à la réalité, mais passons. Là encore, le service public a choisi minutieusement une personne qui avait des intérêts politiques à combattre « l’extrême-droite », et a ensuite pudiquement tu ces intérêts pour se concentrer sur une histoire personnelle qui, si elle a son importance, est loin de suffire à l’information des téléspectateurs.
Neutralité/honnêteté
Les reportages et émissions d’investigation sont importants pour se forger une opinion sur divers sujets. Ne plus acheter chez Action parce que l’on ne cautionne pas ses méthodes de management, ne pas regarder les films de Gérard Depardieu parce qu’on n’aime pas le cas qu’il fait des femmes, voter ou non pour tel ou tel parti en fonction de ses actes… Cependant, si l’on ne peut demander à un journaliste d’investigation d’être neutre, la déontologie de la profession devrait lui intimer d’être honnête. Trop de journalistes du service public ne le sont pas, et tant que les écuries d’Augias n’auront pas été un tant soit peu nettoyées, les dommages seront grands. Car une publication sur X rétablissant la vérité a infiniment moins d’impact que l’émission elle-même.