Les télévisions sur internet sont à la mode. Beaucoup moins coûteuses à réaliser et à diffuser, elles ne passent pas par le satellite, le câble ou la TNT, vous les regardez simplement via une liaison wifi ou une application dédiée, sur votre ordinateur et de plus en plus sur votre téléphone ou votre tablette.
Multiplicité des genres
Chaines musicales, sportives, locales, documentaires, animalières, artistiques, économiques, financières, d’animation, de poker, d’humour elles sont plusieurs centaines à solliciter votre attention. Sans compter les grandes chaines elles aussi présentes sur ce mode de diffusion.
La politique n’est pas absente. La France Insoumise a sa chaine (non revendiquée comme telle), Le Média, qui fait plus parler d’elle par ses conflits internes que par son aura. Le collectif de journalistes les Orwelliens semble avoir remplacé sa chaine par celle de Natacha Polony. Le journaliste André Bercoff et l’avocat William Goldnadel ont créé La France Libre. Russia Today s’est lancé via ce créneau avant de conclure un accord avec Free et Orange pour la diffusion par câble.
TVL précurseur
Fondée en 2014 par Philippe Milliau, classée à droite de l’échiquier politique TV Libertés (TVL), membre du groupe Libertés, voisine avec une web radio (Radio Libertés) et une constellation de sites internet qui agissent comme des correspondants locaux. Sites régionaux comme ParisVox, Alsace Actu, Nice Provence Info, Breizh Info, Lengadoc Info, Toulouse Info, Bordeaux Info et d’autres, site thématique comme Eurolibertés. Ou encore le Visegrád Post, dédié à l’Europe Centrale et de l’est, édité en trois langues, français, anglais et allemand.
Quatre ans plus tard, le succès est au rendez-vous. Le premier succès étant – outre la survie qui n’était pas donnée au départ — celui d’un système économique particulier, l’économie du don, chère à Marcel Mauss. La télévision est gratuite et financée par plusieurs dizaines de milliers de donateurs particuliers. Un modèle très commun Outre-Atlantique mais encore peu développé en France. Un système non marchand, sans publicité, sans subventions mais qui contraint à une économie de moyens qui limite le développement.
Une forte présence sur les réseaux sociaux
Une politique systématique d’utilisation des réseaux sociaux (140.000 abonnés Facebook, 26.000 sur Twitter, 80.000 sur YouTube, etc…) a sans doute permis de populariser les émissions. D’après les dirigeants, les vidéos sur YouTube (reprises incluses) représentent 3 millions de vues par mois, celles sur Facebook presque le triple.
Interrogé par l’Observatoire, Philippe Milliau insiste sur le caractère original des informations présentées. TVL n’est pas un agrégateur de contenus extérieurs mais un créateur de contenus originaux. Il souligne que TVL rend compte via des reportages d’événements occultés ou minimisés par les médias dominants. Et de citer comme exemple l’actualité en Europe de l’est avec la couverture des élections en Hongrie où le Figaro s’était illustré en annonçant comme probable la défaite de Victor Orban. https://www.ojim.fr/elections-en-hongrie-comment-le-figaro-prend-ses-desirs-pour-des-realites-et-se-prend-les-pieds-dans-le-tapis/
Les émissions les plus regardées sont celles qui offrent le plus de contenu. La Chronique i‑médias animée par Jean-Yves Le Gallou et consacrée à l’analyse critique de l’actualité médiatique et le journal télévisé (JT) du soir avec ses deux présentateurs vedettes Elise Blaise et Olivier Frèrejacques sont parmi les plus populaires. Sans oublier le plateau Bistrot Libertés animé par Martial Bild, qui reçoit un invité parmi un panel de chroniqueurs, rappelant un peu le populaire Droit de réponse. D’autres programmes sont dédiés au sport, au religieux, à l’histoire, aux artisans ou associés à une revue comme Eléments.
Le groupe souhaite s’associer dans l’avenir à un maximum de vecteurs travaillant dans le même courant politique en Europe. Ces synergies permettraient des économies d’échelle et des échanges de programme. Le modèle de financement reste un problème, la multiplicité des donateurs assure un haut degré d’indépendance mais des recettes sans publicité ni subventions limitent le nombre d’émissions chères à produire comme les reportages.