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L’Est Républicain cible des anarchistes

6 décembre 2019

Temps de lecture : 6 minutes
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L’Est Républicain cible des anarchistes

Temps de lecture : 6 minutes

La plupart des titres de la presse régionale d’information sont complaisants avec les destructions revendiquées et effectuées par les militants anarchistes, libertaires, antifas ou gauchistes. Ils ont aussi plié à l’obligation faite aux journalistes, sous peine d’agression, de flouter les photos des manifestants en pleine action. Assez courageux pour donner des leçons de morale, pas pour assumer leurs actions. L’Est Républicain, qui refuse de flouter les casseurs gauchistes ou antifas, est la cible de leur vindicte.

PQR et petits accommodements

La plu­part des titres régionaux de la presse ont aus­si cédé au dik­tat – voire ils achè­tent leurs pho­togra­phies à des mil­i­tants de la mou­vance, ou y recru­tent des pigistes pour pou­voir cou­vrir les événe­ments en paix. Ces derniers se char­gent de faire le ménage, avec des méth­odes sou­vent très mus­clées : agres­sions de con­cur­rents, dénon­ci­a­tions sur les réseaux soci­aux ou « out­ing » en man­i­fes­ta­tion, avec appel au lyn­chage, sont mon­naie courante depuis plusieurs années.

Véhicules incendiés à Besançon

Le 16 novem­bre vers 4h45 rue de la Moul­lère à Besançon, une voiture de L’Est répub­li­cain est incendiée. Juste à côté, un util­i­taire d’Orange – une autre cible des mil­i­tants lib­er­taires, brûle aus­si. Le jour­nal bison­tin pré­cise : « Ce n’est pas la pre­mière fois qu’une voiture de notre jour­nal est la cible de tels agisse­ments. Incendies et ten­ta­tives d’incendies, tags et dégra­da­tions ont, depuis deux ans, à plusieurs repris­es été con­statés sur les véhicules de notre titre. Une nou­velle plainte a été déposée ».

Le 19, l’attaque est revendiquée sur un site de la mou­vance lib­er­taire, courageuse­ment anonyme et hébergé en Ital­ie par la plate­forme Autis­ti­ci / Inven­tati, qui existe depuis 2001. Elle héberge actuelle­ment 16.000 boîtes mails, 1.500 sites web, 5.500 listes de mes­sages et 10.000 blogs – pas tous act­ifs et prin­ci­pale­ment issus de la mou­vance anar-lib­er­taire. La reven­di­ca­tion est faite sous le titre « une voiture de L’Est Répug­nant ».

Sabotages revendiqués

Le 1er décem­bre, le média d’extrême-gauche Paris-Luttes reprend cette infor­ma­tion en marge d’un appel au sab­o­tage à par­tir du 5 décem­bre et en pré­cise les raisons : « Qui a enten­du par­ler de la bag­nole de L’Est Répub­li­cain qu’ont cramée Gilles&John pour leur « anniver­saire » his­toire de sig­ni­fi­er à ce tor­chon col­labo que tant qu’il bal­ancerait les pho­tos des man­i­fes­tants aux flics, le jour­nal con­stituerait une de nos cibles. Des sab­o­tages comme ça, il y en a à la pelle »

Et effec­tive­ment, il y en a beau­coup. L’Est répub­li­cain en dresse la liste sur deux ans : « voitures de riche », agences immo­bil­ières, véhicules de sociétés de sécu­rité privée, de pro­mo­teurs, d’opérateurs de réseaux publics (Engie, Orange), de la péni­ten­ti­aire, de per­ma­nences par­lemen­taires LREM, de la Poste… et de L’Est Répub­li­cain.

Ce dernier tourne en déri­sion les moti­va­tions des anar­chistes, sur un autre blog de la mou­vance : « Le réc­it de la « balade » d’un anar­chiste bison­tin, au matin du 22 févri­er 2018, est ain­si par­ti­c­ulière­ment partagé. « En ren­trant de balade », écrit-il anonymement, « j’étais content.e du sab­o­tage accom­pli de quelques rouages de l’enfermement ». En quoi a con­sisté le « sab­o­tage des rouages de l’enfermement ? » Par le plas­ticage de la mai­son d’arrêt de la Butte ? La libéra­tion des gardés-à-vue du com­mis­sari­at ? La destruc­tion d’un « panier à salade » de CRS ? Non, le « révo­lu­tion­naire » a sim­ple­ment, et plus prudem­ment… crevé des pneus. De nuit. A l’aide d’un couteau de chas­se dont la pho­to est repro­duite. De deux voitures d’Engie d’abord. Pourquoi le four­nisseur d’énergie Engie ? Parce qu’avec sa fil­iale Gep­sa, qui inter­vient en milieu péni­ten­ti­aire, « cette société s’enrichit en enfer­mant des mil­liers de per­son­nes »… Soit. Puis l’anarchiste a per­cé les pneus d’une auto de Vin­ci, « con­struc­teur de mul­ti­ples pris­ons », puis… d’un véhicule postal. La Poste ? « Parce qu’elle con­tribue à l’expulsion des sans-papiers et pro­pose des ser­vices aux com­munes pour iden­ti­fi­er les auteurs de dél­its »… A défaut de Grand soir immi­nent, cette graine d’ananar (sic) fait au moins tra­vailler les marchands de pneus et les assur­ances ».

Sur Noblogs, qui com­pile une bonne par­tie des sab­o­tages, on retrou­ve men­tion de L’Est Répub­li­cain à plusieurs repris­es : en mai 2018, après que L’Est répub­li­cain ait relaté un guet-apens fait par 15 délin­quants con­tre la police dans le quarti­er dit « sen­si­ble » de la Petite Hol­lande à Mont­béliard (25), les pneus de la voiture d’un jour­nal­iste du quo­ti­di­en venu pren­dre des pho­tos sont lacérés de coups de couteau.

Le 12 octo­bre, une voiture de L’Est Répub­li­cain brûle rue de la Moul­lière, une autre voit son pare-brise fra­cassé rue du Tun­nel à Besançon, au cours d’une virée incen­di­aire des lib­er­taires locaux. La reven­di­ca­tion indique : « il est un out­il cap­i­tal pour main­tenir l’ordre social en place et les dominant.e.s, déformer ou dis­simuler des faits, tou­jours dans le but de servir les flics et les divers pro­jets du pou­voir ».

En novem­bre, une mil­i­tante d’extrême-gauche qui per­turbe le con­seil munic­i­pal de Besançon est inculpée suite à une vidéo de L’Est Répub­li­cain, accusent les mil­i­tants locaux : « devinez sur quel[le] pièce ils ont prin­ci­pale­ment fondé leurs accu­sa­tions ?? Sur une vidéo des événe­ments tournée par un jour­nal­iste de L’Est Répub­li­cain présent dans la salle du con­seil. Cette vidéo, pub­liée sur le site web du jour­nal qua­si-instan­ta­né­ment et vu[e] des mil­liers de fois, a fourni des élé­ments à charge pour inculper notre cama­rade, qui est ressor­tie sous con­trôle judi­ci­aire. C’est un fait avéré que les jour­nal­istes tra­vail­lent main dans la main avec la police et l’ordre en place, que ce soit en manif ou depuis leurs bureaux lorsqu’ils rédi­gent leurs arti­cles en reprenant tel quel les com­mu­niqués des organes de répres­sion. Et pour notre pro­pre sécu­rité, il est néces­saire de les dégager quand ils pointent le bout de leur nez ».

Des jour­nal­istes qui font leur tra­vail ? Trop dur pour les mil­i­tants lib­er­taires qui dénon­cent pour­tant à tout bout de champ une presse silen­cieuse sur l’actualité sen­si­ble. Et cette fois, à l’incendie du 16 novem­bre dernier, l’extrême-gauche ajoute la dénon­ci­a­tion : « Pourquoi L’Est ? Parce que ce sont les meilleurs amis des keufs. L’an dernier, un de leurs jour­nal­istes, Willi Graf, a été vu en train de refiler ses pho­tos de la manif directe­ment aux keufs. On ne compte même plus le nom­bre de per­son­nes con­damnées à cause des pho­tos et vidéos de L’Est. Elles sont des élé­ments à charge sys­té­ma­tique­ment ver­sées aux dossiers. Plus générale­ment, L’Est est comme tous les autres médias, un organe de la pro­pa­gande d’État ».

L’Est Répub­li­cain résiste pour l’heure avec courage aux dik­tats de l’extrême-gauche. Et le silence des autres titres régionaux, pour­tant régulière­ment en butte à la vio­lence des mil­i­tants anar-lib­er­taires – l’incendie des locaux de France Bleu Isère en jan­vi­er dernier a par exem­ple été revendiqué par la mou­vance anar­chiste locale – appa­raît assour­dis­sant. On attend tou­jours un témoignage de sol­i­dar­ité venu du SNJ ou de Ouest-France.

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