Fidèle à son goût marqué pour les subventions et les dons, le quotidien communiste continue de tendre la main vers l’État et ses lecteurs. Sans jamais se remettre en cause.
Les électeurs communistes ont beau être de moins en moins nombreux, ils ont encore donné plus de trois millions d’euros à L’Humanité dans le cadre de sa souscription lancée en 2015. Le cru 2016 s’annonce du même tonneau, voire meilleur. Près d’1,5 million d’euros seraient déjà entrés en six mois dans les caisses du journal. Le nouveau dispositif d’entreprise solidaire de presse, qui permet la défiscalisation des dons aux titres d’information politique et générale, est une aubaine que L’Huma s’est empressé de saisir en juin.
Patrick Le Hyaric, le directeur, qui présentait en juin les comptes 2015 dans les colonnes de L’Huma, a expliqué que sans la manne des lecteurs, le titre était menacé de faillite. Son déficit ramené à 300 000 euros en 2015, se serait sans elle élevé à près de sept millions d’euros. Car aux recettes exceptionnelles provenant des lecteurs de L’Huma, s’ajoute chaque année le coup de pouce étatique. Toutes aides confondues, le titre a encore touché trois autres millions en 2015.
L’état providence, que L’Humanité appelle en permanence à la rescousse au nom de la défense du pluralisme et de l’indépendance de la presse, permet au journal d’éviter une remise en cause structurelle de son modèle économique. Diffusant moins de 37 000 exemplaires, le quotidien communiste continue à financer une masse salariale pléthorique : 175 personnes ! A titre d’exemple, le pure player Mediapart (120 000 exemplaires en 2015) ou encore le quotidien libéral L’Opinion (35 000 exemplaires en 2015) emploient trois ou quatre fois moins de personnel.
L’absence de capacité d’investissement- due en partie à ces charges salariales- empêche par ailleurs L’Humanité de se doter d’un dispositif digital efficace et surtout rémunérateur. Les recettes digitales du groupe restent marginales dans le chiffre d’affaires total. Les dirigeants de L’Humanité restent également persuadés que l’avenir du quotidien se situe encore essentiellement dans la version imprimée, vendue en kiosques. La physionomie du lectorat- plutôt âgée- les conforte dans cette voie. Une vision à court ou moyen terme, peu porteuse pour l’avenir du journal créé par Jean Jaurès en 1904.