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Lettre d’Allemagne : Insultez, mais sans discriminer, s’il vous plaît !

5 février 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Lettre d’Allemagne : Insultez, mais sans discriminer, s’il vous plaît !

Temps de lecture : 3 minutes

Repris de notre confrère Junge Freiheit du 26/01/2021, les intertitres sont de notre rédaction.

Insultes et insultes

Le but d’une insulte est, à l’év­i­dence, de bless­er son des­ti­nataire d’une manière ou d’une autre, si pos­si­ble dans ses points sen­si­bles. Selon les deux grandes chaînes publiques de la télévi­sion alle­mande, ARD et ZDF, toutes les insultes sont per­mis­es sur les plateaux, si elles sont « non discriminatoires ».

Si, donc, insultes il y a lors de leurs émis­sions, les jurons util­isés ne doivent pas dis­crim­in­er quiconque « en rai­son de sa sex­u­al­ité, son apparence, sa reli­gion, son hand­i­cap, son niveau d’é­d­u­ca­tion, son revenu, son âge ou son orig­ine eth­nique ». C’est ce qu’ex­i­gent les deux chaînes, via leur réseau Funk, dont le pub­lic ciblé se trou­ve par­mi les ado­les­cents et les jeunes adultes.

Pas si facile que cela, de trou­ver des ter­mes vex­ants, voire insul­tants, lorsqu’au­cun des fac­teurs les moti­vant habituelle­ment ne peut être util­isé, anti-dis­crim­i­na­tion oblige…

Le devoir d’une chaîne publique étant d’é­du­quer, le réseau joue au maître d’é­cole.  « Aso­cial » et « idiot », par exem­ple, n’ont plus droit de cité : ils ont été util­isés pen­dant le IIIème Reich.

Le public de  Funk est visiblement très très sensible…

Comme insultes dignes de notre temps, Funk sug­gère plutôt “cul”, “merde”, ou, plus élé­gant peut-être, “enculé” et autres, de la même veine.

Mais les fans de «Funk» sont vis­i­ble­ment encore plus sen­si­bles que le média : après plaintes de cer­tains d’en­tre eux, le site a immé­di­ate­ment réa­gi . Le sujet dis­crim­i­na­toire ? Le voici :  «Nous avions tout d’abord classé le terme «util­isa­teur de douch­es chaudes» comme alter­na­tive insul­tante mais non dis­crim­i­na­toire. Vous nous avez fait remar­quer que cela est faux, le terme étant homo­phobe et util­isé pour dis­crim­in­er les homo­sex­uels.» (n.d.t. : dif­fi­cile de trou­ver dans notre langue l’in­sulte cor­re­spon­dant, cette dernière se rap­por­tant prob­a­ble­ment au côté efféminé (?) de ceux qui ne sont pas adeptes de la douche écos­saise ?). Au tiroir, donc, avec les autres méchantes insultes désor­mais censurées.

Parlons donc de ces méchantes insultes

Chez Funk, on est vrai­ment sen­si­ble à la cul­ture et au respect des étrangers. À tel point que, lorsque sur Insta­gram, le duri­an ou jacque, fruit exo­tique du sud-est asi­a­tique à odeur pesti­len­tielle a été présen­té comme « à l’odeur puante et faisant vom­ir » les util­isa­teurs ont immé­di­ate­ment été dérangés par cette qual­i­fi­ca­tion, irre­spectueuse pour un ali­ment que cer­tains con­sid­èrent comme un mets délicat.

L’oblig­a­toire kotau (s’incliner respectueuse­ment, ndr) a immé­di­ate­ment suivi, les ter­mes de la descrip­tion pou­vant être con­sid­érés comme “irre­spectueux envers les autres cul­tures”. Au tiroir, donc… Jusqu’où ira cette auto­cen­sure ? Désor­mais il ne sera pas si facile de se déplac­er dans le champ de mines que l’on a créé soi-même sans dis­crim­in­er personne.

Tra­duc­tion AC

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