Elle avait démissionné de son poste de directrice en mai dernier. Aujourd’hui, Natalie Nougayrède a choisi de quitter complètement le journal Le Monde.
Bilingue, celle qui avait été la première femme à diriger le quotidien du soir rejoindra le Guardian, de l’autre côté de la Manche, en tant qu’éditorialiste le 1er octobre prochain.
Dans une lettre à la rédaction citée par l’AFP, Mme Nougayrède explique son choix et livre ses conseils pour l’avenir. « Notre journal (…) a connu au printemps dernier une secousse brutale. Les leçons doivent encore en être pleinement tirées au plan interne. Cette crise, profonde, a montré à quel point l’avenir du journal, qui a été recapitalisé en 2010 pour éviter le dépôt de bilan, met en jeu trois responsabilités croisées. Celle de la rédaction, confrontée à une impérieuse nécessité de réforme et d’adaptation aux changements technologiques. (…) Celle de la direction du journal, qui ne peut réussir cette mutation sans une gouvernance claire, où les rôles sont précisément définis, aussi bien au sein du directoire qu’entre celui-ci et la direction de la rédaction », écrit-elle.
Celle-ci appelle également les actionnaires à « fournir au Monde les moyens financiers de sa transformation vitale à l’heure de la révolution digitale ». Aussi, « le directeur, ou la directrice du Monde, doit être directeur/directrice de la publication, conformément à sa responsabilité ultime de garant du contenu éditorial, de sa qualité et de son indépendance. J’ai à mon tour formulé cette demande avec détermination ».
En mai dernier, sept rédacteurs en chef avaient démissionné pour marquer leur désapprobation avec la gestion qu’elle faisait du journal, jugée « autarcique ». Deux de ses collaborateurs, cibles de nombreuses critiques, avaient alors été congédiés, avant que la directrice elle-même ne démissionne dans un climat tendu.
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Photo : Natalie Nougayrède, octobre 2013. Crédit : internaz via Flickr (cc)