Alors que l’action d’Altice, la maison mère de L’Express, tombe en capilotade chutant de 93% en trois ans, l’hebdomadaire généraliste du groupe Altice traverse une nouvelle crise.
L’abandon programmé du papier
Nous vous en parlions en avril. Dans une déclaration passée relativement inaperçue (Le Figaro du 26 mars 2018), Alain Weill PDG d’Altice France annonçait tranquillement la fin de la formule papier pour Libération comme pour L’Express :
« La décision a été prise pour Libération et L’Express d’engager un projet de transformation digitale important. Le mot d’ordre est « digital first ». Désormais, toutes les équipes seront tournées vers le site, qui sera à très forte valeur ajoutée. Nous allons pousser les abonnements numériques. Cela fonctionne très bien aux États-Unis. Enfin, il y aura une petite équipe qui extraira des contenus et fabriquera un journal papier ». (Les mots en gras sont soulignés par nous)
Sans indiquer de date couperet, Alain Weill annonçait aux équipes de rédaction la fin de la formule papier pour se concentrer sur des produits purement digitaux.
Tentative de relance du titre
Arrivé en 2016 (infographie du groupe L’Express ici) comme poulain d’Alain Weill, Guillaume Dubois avait une feuille de route chargée. Le précédent directeur, l’homme à l’écharpe rouge Christophe Barbier restait dans la maison comme éditorialiste, un poste moins exposé et Dubois devait relancer le titre sur tous les fronts, digital et papier. Après un solide plan de départs il fusionnait les rédactions print et web, poussait le digital pour favoriser les abonnements numériques tout en espérant un rebond des ventes papier.
Un malheur n’arrivant jamais seul, à la suite d’incidents techniques six cent mille exemplaires de titres diffusés par SFR presse se sont « évaporés » courant juillet (La Lettre A du 29/08/2018). On ne sait comment L’Express a été touché, mais l’hebdomadaire a été atteint comme les autres.
Au même titre que les divers hebdomadaires (L’Obs, Le Point, Valeurs Actuelles, Marianne), tous en régression, L’Express n’a pas réussi à enrayer une tendance négative. Alors que l’audience du site diminuait de l’ordre de 20% entre janvier et juin 2018, les ventes papier tombaient à moins de 250.000 exemplaires au printemps, contre plus de 300.000 exemplaires en 2016. Ces mauvais chiffres ont coûté sa tête à Guillaume Dubois, sans qu’il puisse être tenu pour seul responsable. En attendant un nouveau directeur, la rédaction s’interroge sur les véritables objectifs de Weill et Drahi. Simple abandon du papier ou vente à un tiers ? Avec dans les deux cas un plan social à la clé.