Rien ne va plus pour Marianne. Alors que l’hebdomadaire, en pleine forme sous le mandat de Nicolas Sarkozy, souffre depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, les derniers mois ont été particulièrement rudes.
Comme l’annonce La Correspondance de la Presse, le titre s’est déclaré en cessation de paiement fin décembre. Jeudi 5 janvier, le tribunal de commerce de Paris doit ainsi statuer sur la situation de l’hebdomadaire, qui devrait être mis en redressement judiciaire avec poursuite de l’activité, assorti d’une période d’observation de 6 mois.
Si Marianne avait atteint l’équilibre d’exploitation en 2014, le magazine avait perdu 300 000 euros en exploitation en 2015, pour une perte nette de 1,35 million d’euros. Une perte similaire devrait être enregistrée pour l’année 2016. Pourtant, l’hebdomadaire avait vu ses aides publiques augmenter en 2015 avec 250 000 euros annuels, et s’était vu attribuer 450 000 euros par le Fonds stratégique pour le développement de la presse (financé par Google) pour un projet numérique.
Pas de quoi échapper longtemps à ses démons : sur les neufs premiers mois de 2016, la diffusion France payée a baissé de 8,3 % et le chiffre d’affaires publicitaire de 25 % sur l’année. Ainsi, au même titre que L’Express, L’Obs, ou encore Le Point, Marianne va mal. Si le titre avait pu limiter la casse grâce à son positionnement républicain laïc engagé et à ses couvertures offensives, l’arrivée au printemps 2016 de Renaud Dély à la tête de la rédaction (en lieu et place de Joseph Macé-Scaron) a sonné l’heure d’une ligne plus modérée… et moins efficace. Pour ne rien arranger, l’hebdomadaire, qui avait fait de l’anti-sarkozysme sa spécialité, a vu son bouc-émissaire favori éliminé de la Primaire de la droite et du centre…
Durant la période d’observation, Yves de Chaisemartin, président et actionnaire principal, va mettre donc en place un plan de redressement, augmenter le prix de vente de 3,50 à 4 euros… et espérer que la campagne des présidentielles lui vienne en aide. En attendant, ce dernier a annoncé le lancement d’un « tout nouveau site » pour ce début d’année et a fait part de sa volonté de développer les abonnements numériques.
S’il se refuse à tout départ contraint (et même volontaire), M. de Chaisemartin n’exclut pas de négocier des ruptures conventionnelles. Pour l’heure, reste que les salaires du mois de décembre, tout comme le treizième mois, n’ont toujours pas été versés. Selon nos informations, la direction avait pourtant promis à ses salariés, dans un mail interne daté du 23 décembre, que « les salaires de décembre y compris le 13e mois sont assurés ». Une promesse qui pour le moment n’a pas été tenue. Lundi, face à des salariés « pétrifiés », Yves de Chaisemartin les a réunis pour tenter des les rassurer, affirmant que ce retard permettait de « sauver le journal ».
Au final, c’est sans salaire que la rédaction a dû passer les fêtes… avec le sentiment amer de passer en dernier dans l’ordre des priorités de la direction.