Rien ne va plus au quotidien communiste. C’est Patrick Le Hyaric, le directeur actuel de L’Humanité, qui l’écrit lui-même.
Dans un récent éditorial intitulé “L’Alerte”, le patron de presse, qui est également député européen, évoque une nouvelle fois les risques de faillite pour le titre fondé par Jean-Jaurès en 1904. Ces derniers seraient suffisamment sérieux pour justifier une nouvelle souscription auprès des lecteurs. La dernière, datant de début 2015, aurait rapporté environ deux millions d’euros. De quoi boucher une partie du trou financier du journal. Le Hyaric estime que L’Huma perdra en 2016 0,50 centimes par exemplaire imprimé. Si l’on suit son calcul, le journal, qui diffuse à 37 000 exemplaires, accusera un déficit compris entre cinq et six millions d’euros cette année. Les aides à la presse, notamment à destination des quotidiens à faibles ressources publicitaires — dont L’Huma fait partie comme La Croix et Libération - contribuent également au maintien en vie du journal. Elles ont toutefois tendance à être rabotées au fil des ans. L’État se trouve lui-même contraint à réduire ses subventions, y compris en direction des médias d’information générale.
Pour remédier à une situation intenable économiquement à plus ou moins court terme, rapportée à un chiffre d’affaires réduit à moins de 24 millions d’euros en 2015, L’Humanité est donc à nouveau contraint de serrer les boulons. Tous les budgets de piges ont notamment été gelés jusqu’à nouvel ordre. Le quotidien faisait habituellement appel à quelque 200 contributeurs extérieurs. Reste à savoir quand L’Humanité franchira le rubicon : à savoir mettre en place un plan social comme un vulgaire journal capitaliste. Le titre s’y est jusqu’à présent refusé. La CGT, elle, n’a pas eu autant d’état d’âme avec La Nouvelle vie ouvrière. Le syndicat communiste avait taillé à la hache en 2014 dans les effectifs de sa propre publication.
Autre hypothèse envisagée pour remettre L’Huma sur les rails: l’entrée- toute aussi politiquement incorrecte- d’un actionnaire dans le tour de table exclusivement communiste. Le nom du quotidien Le Monde est ainsi régulièrement cité. Deux des trois actionnaires du groupe ‑Pierre Bergé et Matthieu Pigasse- proches du Palais, auraient été approché par L’Élysée. Objectif de François Hollande : sauver un quotidien emblématique tout en neutralisant — en partie — son ton critique en perspective de l’élection présidentielle de 2017.