Libération a rencontré Léonarda, la jeune rom expulsée de France qui a suscité la plus grande polémique de ces derniers mois. Le quotidien en dresse un « portrait » intitulé « Leonarda Dibrani. Elle tourne en Rom » en dernière page de son édition du mardi 12 novembre.
Pour réaliser cet entretien, et contre toute déontologie, le journaliste Michel Henry a dû s’acquitter de la somme de 50 euros, réclamée par le père de la jeune fille. « Amers et déçus, ils cherchent en vertu
de cette stratégie de la débrouille qui gouverne leurs vies, à tirer bénéfice de l’appétit des médias. Resat, le père, fixe ses conditions : il faut ‘donner un truc’ pour obtenir l’interview », relate le quotidien avant d’ajouter : « D’ordinaire, jamais Libération ne paye. Mais là, allez savoir pourquoi, on cède tout en négociant serré. Affaire conclue à 50 euros, au lieu des 200 réclamés. »
Dans un article explicatif, le journal précise sa démarche : « A Libération, on ne paye jamais pour obtenir une information ou un entretien. Cela dit, il nous arrive d’inviter des gens à déjeuner, et ça coûte parfois beaucoup plus de 50 euros. Il m’est même arrivé d’offrir une paire de chaussures neuves à un SDF aux semelles trouées, dont je faisais le portrait un jour où il neigeait. » Le journal donne, à sa guise, dans le caritatif…
Pour Luc Le Vaillant, en charge de la page « Portraits » du quotidien, les Dibrani sont « des gens aux abois, dans une débine totale et qui, une fois la vague média retirée, se retrouvent le bec dans l’eau et tentent de s’en tirer par tous les moyens ». Il oublie toutefois de préciser que Leonarda refuse d’aller à l’école à Mitrovica, qu’elle refuse également les cours particuliers d’un professeur de français, que la municipalité a déjà offert un logement, la nourriture (au moins à hauteur de 498 euros, a pu constater Le Figaro, ce qui n’est pas rien quand on sait que là-bas, certains fonctionnaires ne dépassent pas les 200 euros de revenus mensuels) et 250 euros à la famille Dibrani « pour leurs frais divers » (« On est prêts à les aider comme cela pendant un an, même plus s’ils en ont besoin », explique-t-on au cabinet du maire), mais aussi que celle-ci aurait déjà coûté près de 600 000 euros à la France selon certaines estimations. De son côté, la rédactrice en chef de Rue89 « pense qu’elle aurait demandé au journaliste de refuser de donner l’argent et de construire le papier sur ces négociations financières et la rencontre avortée ». Attention, il ne s’agit pas de « critiquer le choix de Libération, qui a l’honnêteté de raconter ce que d’autres ne racontent pas », précise-t-elle toutefois…