Après moult protestations, tensions et motions de défiance, Nicolas Demorand a mis fin, officiellement, au cumul de ses deux postes à Libération selon le vœu du conseil de surveillance qui s’est déroulé mercredi 19 juin.
Ce dernier occupait en effet, depuis son arrivée – et comme son prédécesseur Laurent Joffrin –, les postes de directeur de la rédaction et de la publication, ce qu’interdisent les statuts du journal. Il avait déjà lâché les manettes mi-avril, la modification est désormais officielle.
« Le calme est revenu depuis, a relevé un journaliste à Télérama. Nicolas Demorand va désormais s’occuper essentiellement de la stratégie et des développements du journal. C’est très bien comme ça. » Un autre constate : « Il n’a jamais été très présent mais depuis deux mois, on ne le voit quasiment plus. C’est marrant, il a l’air serein, comme soulagé. Il va s’occuper des forums, et débats… Ça, il sait très bien faire. »
Fabrice Rousselot, 49 ans, lui a donc officiellement succédé à la tête de la rédaction. Nicolas Demorand reste président du directoire, mais n’aura plus de pouvoir de décision sur les unes et autres évènements du journal. Il avait essuyé plusieurs motions de défiance et s’était mis à dos la majorité de la rédaction, qui le trouvait trop autoritaire, peu collectif et arrogant. Sans parler des unes racoleuses de ces derniers mois, avec notamment celle qui faisait état de rumeurs sur le prétendu compte en Suisse de Laurent Fabius. « Une faute professionnelle grave », avait alors dénoncé la SCPL.
Les actionnaires, Édouard de Rothschild et Bruno Ledoux, lui ont tout de même renouvelé leur « confiance ».
Fabrice Rousselot, un ancien de la rédaction, aura néanmoins du pain sur la planche, en pleine crise publicitaire et alors que les ventes du quotidien ont baissé de 40 % en à peine un an.
Lire le portrait que l’Ojim a consacré à Nicolas Demorand
Photo © Matthieu Riegler, CC-BY