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Libération et la pédophilie, une longue histoire. Dernière partie

5 septembre 2024

Temps de lecture : 6 minutes
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Libération et la pédophilie, une longue histoire. Dernière partie

Temps de lecture : 6 minutes

La défense, on pourrait dire la promotion, de la pédophilie par Libération remonte aux lendemains de la libération sexuelle. Depuis quelques années, le quotidien tente par à‑coups de modifier son image. Le sujet est d’autant plus important que le consentement est aujourd’hui une notion plus regardée qu’hier, et que l’on a établi qu’un enfant ne peut jamais consentir à une relation sexuelle avec un adulte. Check News, l’organe de Libération supposé faire du « fact-checking », mouille donc la chemise en répondant régulièrement aux questions des abonnés, qui s’offusquent à juste titre de ce qu’a pu défendre Libération. Il affirme notamment que le titre « a consacré plusieurs pages » à l’affaire Matzneff, « sans omettre d’aborder frontalement » les liens du média avec la pédophilie, dans une « salutaire introspection ». Pourtant, le mea culpa de Libération est loin d’être exhaustif, et suit en réalité les scandales qui éclatent les uns après les autres. Quatrième et dernière partie.

Des excuses toujours partielles

En 2019, l’affaire Matzn­eff éclate au grand jour, et le grand pub­lic prend subite­ment con­science de la per­ver­sion de cer­taines élites, notam­ment lit­téraires. Libéra­tion pub­lie quelques textes con­damnant ce que l’on com­mence à appel­er la pédocrim­i­nal­ité plutôt que la pédophilie. Par­mi ces textes, on compte l’éditorial de Lau­rent Jof­frin, alors directeur de la pub­li­ca­tion. Pour une fois, les mots sont clairs et sans équiv­oque, qu’il s’agisse de con­damn­er un « bad­i­nage irre­spon­s­able », dont Libéra­tion s’est large­ment fait l’écho quinze ans plus tôt, ou de définir Matzn­eff comme un « délin­quant. » Le jour­nal lui-même est pointé, et Lau­rent Jof­frin recon­naît que ses plaidoy­ers « pro­mou­vaient par­fois des excès fort con­damnables, comme l’apolo­gie inter­mit­tente de la pédophilie, que le jour­nal a mis un cer­tain temps à ban­nir. » Si les mots sont sans équiv­o­ques, on ne peut que regret­ter qu’ils vien­nent si tard, bien après l’enquête de 2001.

Con­traire­ment à ce que Libéra­tion veut faire croire, les années 70 et 80 n’ont pas été une courte errance due à mai 68. Elles ont ini­tié plusieurs décen­nies de défense de la pédocrim­i­nal­ité au nom d’un principe de lib­erté, et surtout de rejet de normes dites « bour­geois­es », parce que cette insulte ne néces­site pas d’autre développe­ment. En réal­ité, Libéra­tion pra­tique le « pas vu pas pris », et ne s’excuse que lorsqu’un scan­dale éclate. Con­damna­tion des années 70–80 en 2001, dans une enquête qui n’évoque pas Chris­t­ian Hen­nion. Con­damna­tion de ce jour­nal­iste après la pub­li­ca­tion, en 2009, du témoignage de sa vic­time. Con­damna­tion du sou­tien à Gabriel Mazn­eff en 2019, après le scan­dale lié à ce dernier, et surtout con­damna­tion de faits postérieurs à l’enquête de 2001. Libéra­tion ne prend jamais pleine­ment con­science de ses erre­ments, et se con­tente de faire amende non-hon­or­able sur des faits pré­cis, au fur et à mesure, con­spué par un lec­torat qu’elle veut garder. L’objectif n’est jamais de s’excuser auprès des vic­times et de répar­er le mal qui leur a été fait, mais de con­serv­er une image de jour­nal vertueux et défenseur du camp du Bien. Manque de chance, ce camp n’est pas celui de la pédocrim­i­nal­ité. Libéra­tion a misé sur le mau­vais cheval.

Le danger de la contestation aveugle

La gauche libérale lib­er­taire a l’habitude, depuis longtemps, si ce n’est depuis tou­jours, de se ranger du côté des con­tes­tataires. C’est la rai­son pour laque­lle Libéra­tion a pu jus­ti­fi­er des actes pédocrim­inels et les péti­tions récolter tant de sig­na­tures. Bernard Muld­worf, psy­chi­a­tre et psy­ch­an­a­lyste, a signé la péti­tion de 1977. En 2001, il écrit dans l’Express que « il fal­lait être opposé à tout ce qui pou­vait être de l’or­dre de la con­trainte, pren­dre par­ti pour ceux qui cher­chaient une voie nou­velle. Cela me parais­sait mal­hon­nête de ne pas sign­er car il y avait un enjeu idéologique : soyons plutôt du côté des con­tes­tataires que du côté des flics. J’ai signé la péti­tion par sol­i­dar­ité avec le mou­ve­ment, non par adhé­sion aux idées. » Le mou­ve­ment, ce n’est pas explicite­ment la défense de la pédocrim­i­nal­ité, mais le rejet de l’ordre établi. La gauche morale est engagée depuis des décen­nies dans cette fuite en avant, et ne veut jamais accepter que toute société a besoin d’un ordre qui ressem­ble à un ordre.

Défendre l’indéfendable selon processus bien rôdé

Le proces­sus de Libéra­tion est rôdé depuis des décen­nies, et on com­prend mieux, à la lumière de cette croisade pour la pédophilie, les cam­pagnes médi­a­tiques qui coïn­ci­dent avec les cam­pagnes élec­torales. Faire croire à tous les Français qu’ils pensent comme une minorité d’intellectuels hors-sol et qu’ils n’en ont sim­ple­ment pas pris con­science. Mul­ti­pli­er les textes pour faire admet­tre une idée qui paraî­trait odieuse à n’importe qui. Ces procédés sont encore util­isés aujourd’hui. Il en est un autre, c’est la prise au piège des élites, qu’il n’est au reste pas ques­tion de plain­dre. Après le scan­dale Mazt­neff en 2019, Jack Lang, ancien min­istre de la Cul­ture, est revenu sur la tri­bune de 1977 dont il fai­sait par­tie des sig­nataires. Il recon­nais­sait ain­si avoir fait une « con­ner­ie » en sig­nant un texte « inac­cept­able. » Lorsque les sig­nataires de 1977 admet­tent avoir signé sans regarder ce qu’ils fai­saient, pour suiv­re la mode d’un moment et rester dans leur sérail, ils mon­trent l’importance de Libéra­tion dans le tri de ceux qui sont fréquenta­bles et de ceux qui ne le sont pas. C’est bien sim­ple : si l’on ne signe pas, que l’on n’écrit pas, que l’on ne s’indigne pas au moment don­né sur le sujet oblig­a­toire (la pédophilie, l’immigration, les LGBTQI+ etc) c’est la mort sociale. Cela marche encore à mer­veille. Libéra­tion se trou­ve même en mesure de créer un cer­cle où, si l’on ne signe pas, on est infréquentable, et où dès lors, puisque tout le monde signe, on peut bien faire comme tout le monde. Jack Lang explique ain­si qu’en 1977 « on était très nom­breux à l’époque à sign­er cette tri­bune » et que « nous n’é­tions pas seuls à penser cela. » Dans les années 70 comme aujourd’hui, Libéra­tion définis­sait ce qui était accept­able, qui était fréquentable et les pseu­do élites suiv­aient et suiv­ent encore.

Aujourd’hui, la pédocrim­i­nal­ité est plus unanime­ment con­damnée, et la péti­tion de 1977 ne recueillerait plus autant de sig­na­tures. Néan­moins, d’autres « con­tes­tataires », on pour­rait par­ler plus juste­ment de délin­quants et de crim­inels, sont défendus par le monde libéral lib­er­taire sim­ple­ment parce qu’ils remet­tent en ques­tion un ordre naturel dont il n’est pas prou­vé qu’il soit illégitime. Pourquoi Libéra­tion défend-il sys­té­ma­tique­ment les auteurs de rodéos urbains, de refus d’obtempérer, d’émeutes ? Pourquoi les forces de l’ordre sont-elles pré­sumées coupables ? Le mécan­isme est le même que celui qui défendait jadis la pédocrim­i­nal­ité, et il serait grand temps que Libéra­tion à défaut d’un mea cul­pa com­plet, se mette à réfléchir à ce qu’il pub­lie. Il ne s’agit pas de défendre par principe ce qui est illé­gal, mais de défendre ce qui est bon pour la France et les français. Or, toutes les lois, et même toutes les normes, ne sont pas a pri­ori mau­vais­es. Tant que Libéra­tion ne l’acceptera pas, les péti­tions con­tin­ueront à recueil­lir des sig­na­tures aveu­gles de per­son­nal­ités qui plus tard devien­dront étrange­ment muettes.

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