La défense, on pourrait dire la promotion, de la pédophilie par Libération remonte aux lendemains de la libération sexuelle. Depuis quelques années, le quotidien tente par à‑coups de modifier son image. Le sujet est d’autant plus important que le consentement est aujourd’hui une notion plus regardée qu’hier, et que l’on a établi qu’un enfant ne peut jamais consentir à une relation sexuelle avec un adulte. Check News, l’organe de Libération supposé faire du « fact-checking », mouille donc la chemise en répondant régulièrement aux questions des abonnés, qui s’offusquent à juste titre de ce qu’a pu défendre Libération. Il affirme notamment que le titre « a consacré plusieurs pages » à l’affaire Matzneff, « sans omettre d’aborder frontalement » les liens du média avec la pédophilie, dans une « salutaire introspection ». Pourtant, le mea culpa de Libération est loin d’être exhaustif, et suit en réalité les scandales qui éclatent les uns après les autres.
Les années 70 : quand Libération, défendait la pédophilie au nom de mai 68
Après mai 1968 et la libéralisation sexuelle, lorsque tout interdit et toute norme sont regardés avec suspicion, pour ne pas dire avec haine, la pédophilie devient une cause à défendre pour Libé. Les pétitions, tribunes et articles se succèdent.
Janvier 1977 : une pétition pour défendre les pédophiles
En janvier 1977, le journal publie une pétition initiée par Gabriel Matzneff et signée par des personnalités comme Louis Aragon, Bernard Kouchner, Jack Lang, etc. La pétition défend trois hommes condamnés à trois ans de détention préventive pour attentats à la pudeur sur des mineurs de moins de 15 ans. Pour Libération, la punition est largement disproportionnée parce qu’il n’y a pas eu de violences. « Trois ans pour des baisers et des caresses, ça suffit », s’offusque le texte. Il faudrait donc un changement de législation, que Le Monde demande plus tard par une lettre ouverte à la commission de révision du code pénal. Il faudrait reconnaître le « droit de l’enfant et de l’adolescent à entretenir des relations avec les personnes de son choix. » Cette lettre sera signée par Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Simone de Beauvoir, Jacques Derrida ou Françoise Dolto. Les trois accusés sont encore défendus en mai 1977 par un encart publicitaire dans le journal pour le Front de libération des pédophiles, FLIP. Il rassemblera environ trente personnes qui cherchaient avant tout une aide juridique et disparaîtra au bout d’une unique réunion.
Un matraquage médiatique en faveur de la pédophilie
1977 est une année faste pour les pédophiles, tant Libération multiplie les textes, dans un matraquage médiatique qui, s’il a aujourd’hui changé de thème, est loin d’avoir disparu. On peut citer les textes de Jean-Luc Hennig sur le corps érotique de l’enfant, la « Lettre ouverte à tous les pédophiles » qu’il écrivit en février ou celle de mars qui plaidait pour la sexualité des enfants. Libération se fait un honneur de défendre les adultes ayant eu des relations sexuelles avec des enfants, sous couvert de défense de la liberté. En 1978, puis en 1979, l’affaire Jacques Dugué fait couler beaucoup d’encre. Cet homme a été emprisonné pour prostitution et proxénétisme de mineurs. Guy Hocquenghem, journaliste à Libé depuis quelques années, dont on sait aujourd’hui qu’il fut lui-même pédophile, défend Jacques Dugué en affirmant qu’il n’y a eu « ni prostitution ni proxénétisme, mais un simple attentat à la pudeur sur mineurs sans violences. » Charge aux lecteurs de déterminer s’ils sont rassurés qu’il ne s’agisse que de cela, ou inquiets qu’un journal puisse sous-entendre que ce fait n’est pas si grave.
Christian Hennion, journaliste pédophile protégé par Libé
Ces pétitions, articles et prises de position, Libération les a regrettées en 2001, dans une enquête dont le journal se félicitera largement. Une enquête qui ne porte guère que sur deux décennies, et oublie un point crucial, qui a eu lieu entre 77 et 86, soit exactement pendant les années d’accointance entre Libération et la défense de la pédophilie. Il s’agit de l’emploi et de la protection de Christian Hennion, qui viola Franck Demules pendant huit ans, de ses dix à ses dix-huit ans. Check News reconnaît l’information mais s’empresse de préciser que « elle n’a rien d’un scoop. Elle est connue du public depuis dix ans. » Circulez, il n’y a rien à voir. Circuler, c’est ce qu’a fait toute la rédaction à l’époque, quand Christian Hennion paradait avec sa victime quotidienne dans les locaux de Libération. Serge Jully, directeur de publication à ce moment, se rappelle : « J’ai souvent croisé cet adolescent, et il était difficile de dire s’il était seulement le protégé de Christian Hennion, son fils adoptif ou son amant. Et je n’avais pas cherché à approfondir. » Une manière d’admettre qu’au fond, tout le monde se moquait de savoir si Christian Hennion violait régulièrement un mineur.
Sur la pédophilie, on peut plaisanter
Christian Hennion, conscient de l’état d’esprit de la rédaction, ne se cachait d’ailleurs guère, puisqu’il affirmait prendre chaque soir des bains avec Franck Demules. La rédaction s’en amusait. L’affaire est d’autant plus scandaleuse qu’aujourd’hui, une plaisanterie est taxée d’injure sexiste à la vitesse de l’éclair par ceux-là mêmes qui, deux générations plus tôt, plaisantaient sur des actes pédophiles. Une distorsion que reconnaît volontiers Bénédicte Mei, employée administrative au moment des faits :
« Je suis sidérée qu’on soit passé à côté de cela. On tapait du poing sur la table pour n’importe quoi, mais sur ça, on n’a rien fait. »
La défense des agresseurs plutôt que des victimes
Insécurité aujourd’hui, pédophilie hier, la gauche agit sur ces deux fronts en défendant les agresseurs plutôt que les victimes. Ainsi, dans l’affaire Hennion, les actes pédophiles mal dissimulés n’ont pas choqué. En revanche, lorsque l’avocat de la mère de Franck Demules s’insurge contre l’idée que le garçon soit mis sous la tutelle de Christian Hennion parce que ce dernier est homosexuel, on s’offusque. « Ça, par contre, ça avait choqué tout Libé. On était complètement irresponsables à l’époque », reconnaît une journaliste de l’époque.
À suivre.