Libération est détenu depuis 2020 par un Fonds de dotation pour une presse indépendante (FDIP), en réalité contrôlé par des proches de Patrick Drahi. Ce dernier a mis la main à la poche, mais cela risque d’être insuffisant.
Un FDIP peu indépendant
Depuis septembre 2020 le journal autrefois détenu par des sociétés de Patrick Drahi (Altice/SFR) est la propriété d’un Fonds de dotation pour une presse indépendante (FDPI), actionnaire de la SAS PI (Presse indépendante) elle-même actionnaire à 99,99% de la SARL qui édite Libération.
Voir aussi : Infographie : Patrick Drahi
La SAS Presse Indépendante (PI) a le pouvoir de révoquer ou de nommer le directeur de la publication. Le comité de surveillance de la SAS pilote ce pouvoir de nomination et de révocation. Les membres du conseil de surveillance sont les associés de PI à savoir SFR et DOC, Denis Olivennes Conseil, la société de Denis Olivennes nommé par Patrick Drahi. Le fonds de dotation FDPI a ses représentants au comité de surveillance de PI, à savoir : son président Denis Olivennes, le directeur financier d’Altice, le directeur des achats d’Altice, le directeur de la trésorerie d’Altice. (Lettre A, 11/03/2021). Un système bien verrouillé.
Voir aussi : Denis Olivennes, portrait
Des pertes en cascade
Toujours selon la Lettre A les pertes ont été les suivantes
2019 | 16M€ |
2020 | 12.8M€ |
2021 | 7,7M€ |
Total, un peu plus de 36M€ ; Patrick Drahi avait abondé de 15M€ au FDIP avec espoir de solde de tous comptes. Fin 2020 il ne serait resté que 11M€ en trésorerie. Avec les pertes de 2021 ceci donne plus ou moins une trésorerie disponible d’environ 4M€ début 2022. Si les pertes ne sont pas réduites, c’est l’équivalent d’un semestre d’exploitation. Le PGE de 4M€ et un prêt « amical » de l’institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (FDCIC) permettent – hors remboursement – de tenir toute l’année 2022 mais guère plus.
Les ventes en kiosques sont réduites à peu de choses alors que les abonnements numériques sont un succès et dépassent les 60000. Mais le nouveau rédacteur en chef franco-israélien Dov Alfon et Denis Olivennes seront peut-être obligés de trouver un peu de monnaie si les pertes ne se résorbent pas. Qui sait, auprès de Monsieur Drahi ou d’un mécène du monde libéral libertaire ?
Voir aussi : Libération : Dov Alfon, ancien des services de renseignements israéliens, nouveau rédacteur en chef