Bien qu’étant toujours en situation de crise, Libération semble retrouver une énergie insoupçonnée lorsqu’il s’agit de pilonner son principal adversaire, Le Figaro…
Jeudi dernier déjà, Libé révélait des « preuves » accablantes contre Serge Dassault, propriétaire du Figaro depuis 2004, accusé d’avoir mis en place un système d’achat de voix lors des élections municipales de 2009 de Corbeil-Essonnes. Une édition qui, selon le quotidien, aurait été en rupture de stock dès 7h du matin dans la ville de l’industriel… « La totalité des exemplaires a été achetée par la même personne, salariée de la communauté d’agglomération, croit savoir l’un des marchands », explique Libé dans un papier au titre ironique : « Corbeil soutient Libération. »
Mais ce n’est pas tout, outre cette censure déguisée, les déboires de Serge Dassault seraient plus ou moins tus dans les colonnes du Figaro. Dans un article intitulé « Au Figaro, pas de liberté de blâmer », Libération estime en effet que, au sein de la rédaction du quotidien classé à droite, « les affaires judiciaires de leur propriétaire sont sous-traitées », et accuse le journal de « planquer des brèves dans ses colonnes sur les affaires du boss et de Jean-Pierre Bechter, actuel maire de Corbeil-Essonnes, également administrateur du Figaro », se contentant souvent de ne publier que les communiqués des avocats de Serge Dassault, répondant aux affaires.
« Le 7 janvier par exemple, alors que la presse titre “Quand Serge Dassault
surveillait ses ‘loustics’ au Maroc” (Le Monde), “Tentative d’assassinat, un proche de Dassault a conseillé le tireur en cavale” (Mediapart), ou “Corbeil : la cellule marocaine de Dassault” (Libé), le Figaro propose, lui, un très à contre-courant “Serge Dassault contre-attaque et dépose plainte à Évry” », explique Libé.
De quoi s’interroger au sein même de la rédaction du Figaro. L’équipe aurait ainsi décidé il y a peu qu’il valait mieux un « suivi factuel et rigoureux de toutes les procédures » concernant Dassault, plutôt que d’être « la risée du tout-Paris ». Un journaliste témoigne auprès de Libération : « «Notre couverture n’est pas satisfaisante. Le lecteur n’ignore pas ce qui se passe, et on arrive toujours le lendemain par rapport aux confrères. » Et de poursuivre en assurant qu’« à la base, les intentions sont bonnes. Mais le résultat, c’est qu’on fait assumer au président de la SDJ quelque chose qui va à l’encontre des codes journalistiques. » Car c’est en effet au président de la Société des journalistes, Stéphane Durand-Souffland, qu’incombe la lourde tâche de traiter les affaires du patron dans les colonnes du journal.
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Crédit photo : vaguardpao via Flickr (cc)