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Liens avec des candidats : Achilli suspendu, Salamé court toujours

19 mars 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Liens avec des candidats : Achilli suspendu, Salamé court toujours

Temps de lecture : 4 minutes

Le journaliste Jean-François Achilli de l’antenne de France Info a été suspendu « à titre conservatoire » après la révélation du journal Le Monde selon laquelle il aiderait Jordan Bardella à écrire un livre.

C’est un arti­cle pub­lié par le jour­nal Le Monde le 13 mars sous la plume d’Ar­i­ane Chemin et Clé­ment Guil­lou qui a mis le feu aux poudres. On y apprend que le prési­dent du Rassem­ble­ment nation­al aurait démarché Jean-François Achilli « avant l’été [2023], pour un ouvrage com­mun ». Le jour­nal­iste, édi­to­ri­al­iste poli­tique à France Info aurait alors refusé mais, « selon les infor­ma­tions du Monde », aurait aidé la tête de liste aux élec­tions européennes et « tra­vail­lé dans l’ombre, accouchant Bardel­la de ses sou­venirs, per­me­t­tant ain­si à un début de texte de voir le jour ». Inter­rogé par le quo­ti­di­en, Jean-François Achilli affirme ne pas avoir signé de con­trat d’écriture pour le livre de Jor­dan Bardella.

Voir aus­si : Jean-François Achilli, portrait

Une corporation « pas très corpo »

Le jour­nal­iste du ser­vice pub­lic et par ailleurs mem­bre du jury du Prix du livre poli­tique a donc fait les frais d’une annonce de ses con­frères et se voit sus­pendu « à titre con­ser­va­toire » de France Info. Une déci­sion prise le lende­main de l’article du Monde après que le directeur de la l’info de Radio France et de France Info Jean-Philippe Baille ain­si que le directeur de la rédac­tion de France Info Phillipe Rey ont ren­con­tré le prin­ci­pal intéressé.

La sus­pen­sion est opérée « le temps de clar­i­fi­er la sit­u­a­tion ». Un de ses con­frères, inter­rogé par Le Monde, estime que le con­tact entretenu avec Jor­dan Bardel­la est ana­logue à celui qu’« il noue avec  les poli­tiques de tous bor­ds dans le cadre de l’exercice de son méti­er ».

La pro­fes­sion, d’ordinaire assez cor­po­ratiste ne s’est pas mon­tré très sol­idaire du con­frère. Ain­si la société des jour­nal­istes a pub­lié un com­mu­niqué dans lequel elle estime que si les faits sont avérés, « il s’agirait d’un grave con­flit d’intérêts » et d’un « man­que­ment grave à la déon­tolo­gie de notre pro­fes­sion, qui pour­rait ternir la répu­ta­tion d’im­par­tial­ité de la rédac­tion de France Info » avant de réclamer une ren­con­tre Jean-Philippe Baille.

Une réac­tion qui n’a pas man­qué de provo­quer un com­men­taire de Jor­dan Bardel­la. Ce dernier a dénon­cé : « ces méth­odes pra­tiquées par le ser­vice pub­lic sont dignes des pires régimes et font honte à la démoc­ra­tie ».

La paille (potentielle) Achilli et la poutre Salamé

Le petit monde jour­nal­is­tique parisien est agité depuis plusieurs mois par les soupçons d’ingérence étrangères, comme avec l’affaire Rachid M’Barki, mais aus­si des « ménages », le fait pour un jour­nal­iste d’offrir des presta­tions à des clients privés ou étatiques.

Lors de sa nom­i­na­tion à Radio France, Jean-Philippe Baille avait affir­mé vouloir « redonner con­fi­ance aux Français en leur infor­ma­tion » et rap­pelé publique­ment que les salariés de la radio devaient informer et faire valid­er leurs col­lab­o­ra­tions extérieurs. Dans le cas de Jean-François Achilli, il sera com­pliqué pour la direc­tion de prou­ver une « col­lab­o­ra­tion » faute de contrat.

La ques­tion des con­flits d’intérêts con­naît cepen­dant des traite­ments asymétriques. Ain­si le député Rassem­ble­ment nation­al Lau­rent Jaco­bel­li a‑t-il rap­pelé, à l’instar de nom­breux inter­nautes, sur le plateau de BFMTV : « com­ment tolér­er qu’un jour­nal­iste soit mis à pied car il est « soupçon­né » de s’être entretenu avec le leader de l’op­po­si­tion alors que Léa Salamé, com­pagne de la tête de liste PS aux européennes, offi­cie tou­jours sur le ser­vice pub­lic ? ».

Et pour cause, Léa Salamé com­pagne de Raphaël Glucks­mann offi­cie tou­jours sur la télévi­sion publique dans le cadre d’émissions poli­tiques. Par ailleurs, la prox­im­ité des familles Duhamel et Saint-Criq avec le min­istre Oudéa-Castéra n’a pas sus­cité un grand émoi dans les arcanes du ser­vice public.

Voir aus­si : Léa Salamé, portrait

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