L’OJIM suit l’offensive majeure menée par France TV afin de cibler les différents aspects des infox, appelés « intox » par ce média. Le 1er épisode s’annonçait ainsi : « L’ère du numérique est marquée par l’omniprésence des informations. Les informations sont là, partout, tout le temps, elles forment une « jungle » dans laquelle se mélangent vraies et fausses nouvelles. Mais comment distinguer le vrai du faux ? La distinction entre le vrai et le faux est-elle aussi simple que ça ? ». Le 2e épisode s’intéresse aux « marchands d’intox ».
Épisode 2 : marchands d’intox
Le pitch : « Qui sont celles et ceux qui créent et partagent de fausses informations ? Pourquoi le font-ils ? Dans quels buts ? L’argent ? Le pouvoir ? Le fun ? La réalité est plus complexe que la simple caricature de marchands d’intox tapis dans l’ombre de nos échanges. Les réseaux numériques permettent aujourd’hui de brouiller les pistes et d’inventer de nouvelles logiques pour désinformer à grande échelle ».
Notons que le « celles et ceux » de départ, formule née dans l’officine de la gauche de gouvernement Terra Nova au temps de la splendeur du parti socialiste est du plus bel effet. Il donne le ton de ce qui va (et ne peut du coup que) suivre.
Le propos :
- La question est claire d’entrée : « qui sont les dealers ? »
- la parole est à la directrice de l’ONG américaine First Draft News. Une visite sur le site de l’ONG donnera une idée de l’ampleur du contrôle de l’information qui est en train de se mettre en place.
La directrice identifie trois causes aux intox : financière, politique et psycho-sociale. Pour la 2e cause, l’intervenante affirme que « nous avons maintenant des preuves que la Russie et l’Iran sont intervenus dans l’élection » de Trump.
Contre-vérité. C’est justement ce dont il n’y a pas de preuves, ce qui explique pourquoi en ce début de campagne présidentielle aux Etats-Unis les médias français ne parlent plus d’une rumeur ou intox qu’ils ont largement contribué à propager, comme le fait d’ailleurs cette intervenante annoncée comme spécialiste en lutte contre les fake news.
Pour la 3e raison, ce sont des « hommes jeunes, en colère, qui veulent foutre le bordel ».
- Un ingénieur de Telecom Tech explique le processus qui permet de faire remonter les intox dans les moteurs de recherche. Il donne l’exemple de l’Inde et de ses « fermes à clics » où des ouvriers sont exploités pour cliquer, cliquer et cliquer encore. Autrement dit, bien que justement ce ne soit pas dit, mondialisation et pauvreté sont les mamelles réelles de l’intox.
- Une autre intervenante évoque un faux profil twitter qui semblait être celui d’une américaine conservatrice lambda, diffusant des intox au milieu de sujets non controversés, profil en réalité géré par des analystes mais cité par plus de « 200 médias officiels », dit-elle.
Autrement dit, c’est l’écho donné par les médias dits traditionnels qui permet la diffusion concrète d’intox qui sinon demeureraient cantonnées, comme toutes les rumeurs, au sein de groupes modestes.
L’épisode 2 en arrive finalement à son véritable objectif, une explication détaillée de comment se propage une intox. Les exemples concernent évidemment Trump et « l’extrême droite » française.
- Pour Trump : sa page Facebook aurait vu son nombre d’abonnés se démultiplier en une nuit, « une explosion », suite à des milliers de clics mexicains, ce qui, dit l’intervenant, « est ironique étant donné les énormités de Trump contre les mexicains ».
- Pour « l’extrême droite », expression jamais explicitée dans les médias français, bien qu’elle le soit de façon claire par les sciences politiques : la rumeur selon laquelle Macron aurait été financé par l’Arabie Saoudite. La rumeur grandit, dit-on, car elle est envoyé à des proches de Fillon, puis est retweeté « par l’extrême droite » et surtout par « Marion Maréchal Le Pen ».
Les méchants sont clairement identifiés. Le documentaire ne repère rien de cet ordre chez Macron et ses proches, pas plus du côté d’Obama ou de Clinton. Les intox ce sont les informations de l’adversaire politique. Les mauvaises langues trouveront étrange que France TV, vivant sur fonds publics, ait des adversaires politiques…
Ne pas perdre de vue : exemples récents d’observations menées par l’OJIM au sujet de France TV :
- Sur les migrants
- Une plateforme éducative idéologique pour les élèves
- L’éducation aux médias par La Collab’ de l’info
- L’offensive généralisée de l’éducation aux média
- La semaine de la presse à l’école
- La réécriture de l’histoire de France version histoire de la France immigrée en 4 épisodes