Depuis le rachat de L’Obs en 2014, les actionnaires du groupe Le Monde ont investi et perdu plus de seize millions d’euros. Début février 2018 nous vous annoncions un nouveau plan d’économies, qui n’est pas près de se terminer. La gauche caviar devra encore se serrer la ceinture.
Une situation dégradée
Nous reprenons et complétons quelques éléments de notre article de février :
- Le chiffre d’affaire est tombé de 92 à 55,5 millions d’euros en quatre ans (-40% entre 2013 et 2017)
- La vente au numéro a chuté d’un tiers ;
- Les recettes publicitaires de 38% ;
- Le chiffre d’affaires issu des abonnements d’un quart.
En 2006 L’Obs s’écoulait à 550 000 exemplaires par semaine, loin devant Le Point qui le dépasse désormais. L’Obs perd de l’influence, des lecteurs, et surtout de l’argent, malgré les subventions d’État (390 418 € en 2015). Les plans sociaux n’ont pas suffi : après une première charrette en 2014 (37 départs) et une seconde en 2016 (43 licenciements), une nouvelle serait « dans les tuyaux ».
Valse des dirigeants
L’achat désastreux pour plus de 7M€ de Rue89 (quasi disparu après sa fusion avec le Plus),et l’affaire du licenciement d’Aude Lancelin en 2016 n’ont pas arrangé les affaires. Si Michel Labro avait tenu 5 ans à la tête de la rédaction, entre 2006 et 2011 Laurent Joffrin qui lui succède en mars 2011 ne restera que trois ans. Matthieu Croissandeau occupera le poste presque quatre ans jusqu’en février 2018, date à laquelle il est remplacé par Dominique Nora. Remarquons que Joffrin, comme Croissandeau et Dominique Nora, ont été Young Leaders, de la French American Foundation, une sorte de tradition en somme.
À la direction générale Dominique Lévy-Saragossi, ancienne DG d’Ipsos, aura eu à peine le temps de poser ses valises entre septembre 2017 et juin 2018. Grégoire de Vaissière qui arrive en septembre 2018 présente un profil de financier des métiers de la presse. Passé par BFMTV, SFR Presse, Libération et KTO, il a toujours occupé des postes de gestion. Il trouve une situation moins dégradée, le résultat net est passé d’une perte de plus de 13M€ à moins de 3M€. Mais les économies futures seront plus difficiles à trouver. Les gros salaires de journalistes sont déjà partis et les frais généraux ont été comprimés. On murmure son intention de renforcer le numérique mais sans nouveaux investissements significatifs, les propriétaires se lassant de mettre toujours la main à la poche.