Le 7 novembre 2024 a été lancé en grande pompe l’Observatoire des médias sur l’écologie. Son objectif : fournir aux citoyens des données chiffrées la couverture médiatique accordée à l’ensemble des thème écologiques.
Ce que mesure l’Observatoire des Médias sur l’Écologie
Selon le CESE, en 2023, « huit Français sur dix expriment un sentiment fort d’anxiété face au dérèglement climatique ». Pourtant, certains militants écologistes estiment que les médias devraient augmenter leur couverture sur le sujet. Ils ont donc créé l’Observatoire des Médias sur l’Écologie (OME) qui propose « des données chiffrées sur le traitement médiatique des enjeux environnementaux dans les programmes d’information. » Selon eux, le « temps d’antenne consacré aux enjeux environnementaux » est de 3,7% en 2024, soit une baisse de 30% par rapport à 2023. Le lancement de cet Observatoire répond à la « Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ». Cette charte avait été signée en septembre 2022 par une centaine de rédactions et 1 800 journalistes. En janvier 2024, 200 personnes s’étaient réunies pour faire le bilan de la situation depuis cette charte. Si, pour le moment, l’OME ne mesure que les sujets des médias audiovisuels, il prévoit de s’attaquer à la presse écrite en 2025.
Un consortium polarisé
Au sein de ce nouvel observatoire, on trouve plusieurs organisations. Data for Good, Eleven strategy, Expertises Climat, Mediatree, Pour plus de climat dans les médias et enfin QuotaClimat. L’Ademe et l’Arcom soutiennent également ce consortium. A la soirée de lancement, on trouvait ainsi Valérie Martin, tête du service mobilisation citoyenne et médias de l’Ademe (un nom de poste éloquent). Elle y rappelait que les médias avaient une « responsabilité » et le « devoir d’informer avec justesse sur les enjeux écologiques ». L’objectif ? « Façonner les attitudes, les comportements et les politiques […] en faveur de la transition écologique en la rendant désirable. » Le mot propagande est peut-être un peu fort, nous ne l’utiliserons pas. On peut également s’intéresser au cas de QuotaClimat. Sur sa page d’accueil, l’organisation déplore la « part de climatoscepticisme » dans les pays de l’OCDE. Elle est évaluée à 13 à 43%, ce qui est une fourchette pour le moins large. « Le débat public autour de l’écologie se polarise. Les médias peuvent y remédier », lit-on. Autrement dit, on souhaite que tous les Français, et même tous les habitants de l’OCDE, soient unis pour la cause climatique. Plus aucun débat n’est permis.
Du droit de remettre en cause le réchauffement climatique anthropique
Rappelons qu’il est rare que quiconque donne une information simplement pour informer. En général, il s’agit de pousser à l’action. Les publicitaires le savent, les journalistes aussi. Les données chiffrées servent donc à engager les médias à parler d’une chose plutôt que d’une autre, afin de servir l’écologie. C’est là que le bât blesse. Les médias ont une ligne éditoriale, c’est évident, et il est rare que cette ligne ne serve pas un objectif politique. Tant que les informations sont dispensées honnêtement, ce n’est pas nécessairement un problème. Tout le monde sait que France Inter est de gauche et que CNews est de droite, et le plus choquant est surtout que le premier soit dans le service public. Si les médias ont le droit d’avoir leur propre ligne éditoriale, pourquoi les obliger à rendre désirable la transition écologique ?
Les écologistes ne font pas de lobbying ?
Comme souvent, l’Observatoire des Médias sur l’Écologie pointe la paille dans l’œil des médias privés (disons médias de droite) en oubliant la poutre dans celui des médias de gauche. Ainsi, David Colon, historien, pointait lors de la soirée de lancement « une stratégie délibérée des industries polluantes ». Ces industries, grâce à leurs propriétaires, auraient l’oreille des médias privés, qui invitent donc des climato-sceptiques. Leurs discours décrédibilisent la cause écologique et les industries polluantes peuvent continuer leurs méfaits. Admettons cette hypothèse de travail. Il y aurait autant à dire sur les entreprises d’éoliennes ou de voitures électriques qui ont tout intérêt à ce que le Français soit écolo. Et ces entreprises ont, elles, l’oreille des médias de gauche. Cependant, il n’y a ici pas de conflit d’intérêt puisque l’on fait le bien. D’ailleurs, les militants et industriels qui viendraient appeler à plus d’efforts en faveur du climat ont la bénédiction du GIEC. Sans soutenir directement l’Observatoire, il signalait dans son sixième rapport le « rôle crucial » des médias dans la perception du changement climatique et « sa compréhension et sa volonté d’agir ».
Propagande et incitation
L’Observatoire des Médias sur l’Écologie souhaite donc que ce sujet soit traité sous un seul angle, le bon. Autrement, il accusera les contrevenants de fake news. David Colon traite ainsi les médias de droite de « désinformateurs » parce qu’ils remettent en question un consensus scientifique. Il faut ici rappeler deux choses. D’abord, la science est précisément ce qui n’admet pas de consensus, mais une constante remise en question. Ensuite, si le réchauffement climatique anthropique fait consensus, c’est surtout parce que tout ceux qui le remettent en cause sont immédiatement muselés. Une fois que l’on a établi qu’il n’est possible de parler d’écologie que pour la soutenir, on peut mener diverses pressions. QuotaClimat se vante ainsi de son « travail d’influence auprès des pouvoirs publics et décideurs politiques ». Il s’agit d’un travail de lobbying, et ce n’est pas nécessairement négatif. Mais on ne voit pas pourquoi l’opinion adverse n’aurait pas le droit d’en user.
Le traitement des médias, un cercle vicieux
Sur le sujet écologique, l’usage des médias est particulièrement retors. Les associations appellent à un meilleur traitement de ce thème et fustigent les climatosceptiques. Les Français s’inquiètent donc de cette situation que les médias ont dû leur présenter sous un jour particulier. Les écologistes, y compris le CESE, pointent alors cette éco-anxiété et en déduisent que les pouvoirs publics doivent agir. Ainsi, après avoir expliqué que huit Français sur dix sont atteints d’éco-anxiété, le CESE ajoute « alors que près de 90% des Français et des Françaises se disent prêts à agir, leur capacité d’engagement réel dans la transition est freinée par le manque de moyens financiers pour 37% d’entre eux. » La conclusion de cette situation est évidente. « Pour le CESE, tout le monde doit s’engager. Parmi les pistes d’actions à renforcer, le rôle des entreprises. » Il ne reste plus qu’à louer « l’introduction de nouvelles normes d’information extra-financières ». Le CESE précise que ces dernières permettent « de mieux prendre en compte la double matérialité de l’impact de leurs activités sur la planète et des contraintes que le changement climatique fait peser sur leurs activités voire leur raison d’être. » L’enchaînement est machiavélique. Les normes ennuient les entreprises. Cela leur permet de comprendre que les activités polluantes sont délétères pour leurs affaires. Comme si on vidait une poivrière sur un steak pour démontrer que le régime carné est mauvais.
L’Observatoire des Médias sur l’Écologie est donc un énième organe à visée pseudo écologiste qui empêchera les médias de tenir leur ligne éditoriale et d’informer leurs auditeurs ou lecteurs. Il reste à espérer qu’il ne sera pas, notamment via l’Arcom et l’Ademe, financé par l’État.
Voir aussi : Écologie, les croisades contraires des médias de grand chemin