Rediffusion estivale 2020. Première diffusion le 8 avril 2020
Nos lecteurs connaissent la funeste loi Avia, une loi liberticide initiée par la députée LREM de Paris d’origine togolaise, Laetitia Avia. Crise sanitaire aidant, la loi est en panne de seconde lecture à l’Assemblée nationale. Mais son initiatrice fait parler d’elle en voulant mettre fin au confinement d’une de ses collaboratrices. Celle-ci aurait-t-elle porté un « discours de haine » en refusant d’être rapatriée à Paris ? Visite guidée.
Une collaboratrice fragile médicalement
Libération révèle le 18 mars 2020 sous la plume de David Perrotin que Laetitia Avia a demandé le 16 mars à l’une de ses collaboratrices parlementaires de mettre fin à ses vacances et à son confinement dans le Gard et de rejoindre Paris illico. Mieux, elle a proposé de contacter le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner pour faciliter ce rapatriement : « Je regarde avec Casta comment on peut faire ».
Cette proche collaboratrice est atteinte d’une maladie auto-immune et à ce titre fait partie des sujets à très grand risque en cas de contraction du virus.
Indignation de la collaboratrice qui refuse de courir un risque qu’elle estime excessif. Droit de réponse de la députée qui indique que c’était une simple proposition… pour que son employée soit plus près de son conjoint âgé (sic), et non une obligation.
Réponse de la collaboratrice parlementaire
Hélas pour Laetitia, l’intéressée ne se laisse pas intimider et écrit le 19 mars à Richard Ferrand, président de l’Assemblée pour donner sa propre version des faits.
« Ma députée refusait en effet que je télétravaille depuis mon lieu de confinement, souhaitant que rentre à Paris puisque en ce qui concerne le télétravail, il a lieu à la résidence principale sauf à ce que l’employeur autorise le contraire (message de ma députée) ».
Et de confirmer que sa députée lui a proposé de solliciter les services du ministère de l’Intérieur pour interrompre son confinement.
« Monsieur le Ministre de l’Intérieur a bien mieux à faire et je souhaite aux moyens de l’État d’être utilisés à meilleur escient ».
Les services de l’Assemblée nationale sont débordés et ne peuvent traiter ce cas pour le moment, le groupe LREM y voit un simple conflit du travail.
Mensonge et indignité
La collaboratrice dégoûtée non seulement par l’instruction qui lui avait été transmise par aussi par les piteux démentis qui ont suivis, ne veut plus travailler avec Laetitia Avia.
« Ajouter le mensonge à l’indignité ne me semble pas à la hauteur de la fonction parlementaire » ajoute t’elle. « Je n’ai d’autre choix que de quitter l’équipe parlementaire avec laquelle je travaille depuis deux ans ».
Pourra-t-elle bénéficier d’une rupture conventionnelle ou sera-t-elle purement et simplement licenciée pour abandon de poste ? Des esprits chagrins pourraient voir dans cette triste affaire un retour (inversé) d’une forme moderne d’esclavage : chassons vite cette mauvaise pensée.
La députée LREM Laetitia Avia a vivement démenti avoir demandé à sa collaboratrice (malade) d’interrompre son confinement pour revenir à Paris. Mais dans un courrier adressé à Richard Ferrand, la collaboratrice confirme tout.
Mon enquête pour @Mediapart https://t.co/1jNtgHU98j pic.twitter.com/caPU4t5j4k
— David Perrotin (@davidperrotin) April 1, 2020
Sources : Libération, Médiapart