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Loi d’amnistie des indépendantistes catalans, revue de presse espagnole

4 janvier 2024

Temps de lecture : 3 minutes
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Loi d’amnistie des indépendantistes catalans, revue de presse espagnole

Temps de lecture : 3 minutes

« Puigdemont, en prison ! » a‑t-on pu entendre dans les rues de Madrid au cours du mois d’octobre 2023. Exilé en Belgique depuis 2017, Carles Puigdemont, meneur des indépendantistes catalans, pourra néanmoins rentrer sans crainte en Espagne suite à la récente loi d’amnistie. Celle-ci annule d’un coup de baguette de nombreuses atteintes à la loi espagnole, en particulier liées au référendum illégal pour l’indépendance de la Catalogne ; sédition, rébellion ou encore détournement de fonds publics — les condamnations envers les leaders séparatistes effacées par l’exécutif ne sont pas des moindres.

Climat de division

Le dis­cours offi­ciel qui défend l’unité nationale et la réc­on­cil­i­a­tion a été décrédi­bil­isé par des man­i­fes­ta­tions excep­tion­nelles réu­nis­sant jusqu’à 1 mil­lion de per­son­nes d’après les chiffres du Par­tido Pop­u­lar pub­liés par la RTVE (audio­vi­suel pub­lic). Au con­traire, c’est un cli­mat de divi­sion que l’on a pu ressen­tir dans une Espagne martelée par des cris hos­tiles au pro­jet de loi tels que « L’Espagne ne se vend pas, l’Espagne se défend ! » ou « Ce n’est pas un prési­dent, c’est un délin­quant ! » cite El País du 17 novem­bre 2023.

Réélection inespérée

Si Pedro Sánchez fait le choix de l’amnistie, c’est avec une véri­ta­ble inten­tion der­rière, un but beau­coup plus per­son­nel min­imisé par les médias pro­gres­sistes et indépen­dan­tistes et recon­nu à demi-mot par le prési­dent du Gou­verne­ment, sur­vivre poli­tique­ment. Il est vrai que face aux élec­tions, qu’il a par la suite gag­nées, ce dernier s’est trou­vé dans une posi­tion délicate.

El Con­fi­den­cial du 16 novem­bre 2023 est allé jusqu’à déclar­er qu’il avait rem­porté « la réélec­tion la plus inespérée à la prési­dence du Gou­verne­ment d’Espagne » : une réélec­tion à 179 voix con­tre 171 qui aurait été impos­si­ble sans les votes des 26 députés indépen­dan­tistes cata­lans et basques en échange de la loi d’amnistie comme en témoigne Tele­madrid le 13 novem­bre 2023. L’Her­al­do daté du 14 novem­bre 2023 entend « l’am­nistie totale comme le pre­mier prix de sa réélec­tion », ce que Sanchez a con­fir­mé. Le leader social­iste con­sid­ère d’après El Con­fi­den­cial du 28 octo­bre 2023 le pacte avec les indépen­dan­tistes comme « l’unique voie pour qu’il y ait un Gou­verne­ment du PSOE [par­ti social­iste]».

Un acte de corruption

Sans sur­prise, ce com­porte­ment a provo­qué de vives réac­tions. En déclarant pour le quo­ti­di­en La Razón que « l’amnistie est le plus grand acte de cor­rup­tion d’Espagne », la prési­dente du Gou­verne­ment des Baléares, Mar­ga Pro­hens met des mots sur le sen­ti­ment amer que le prési­dent du gou­verne­ment laisse au peu­ple espagnol.

Un sen­ti­ment qui, à l’échelle nationale, ne va pas sans entach­er la con­fi­ance des électeurs envers Pedro Sánchez et plus glob­ale­ment envers le PSOE. Dans un arti­cle pub­lié le 16 novem­bre 2023, El Español con­sid­ère que ce dernier « cherche [désor­mais] sa légitim­ité plus dans le bar­rage à la droite et à l’extrême droite que dans son pro­jet ».

Le pouvoir à tout prix

En défini­tive, Pedro Sánchez rem­porte un man­dat qui s’annonce loin d’être aisé : au-delà de l’amnistie, il devra sat­is­faire les par­tis indépen­dan­tistes qui lui ont fait con­fi­ance et qui récla­ment désor­mais un référen­dum de sor­tie de l’Espagne. Le Lib­er­tad Dig­i­tal du 1er novem­bre 2023 résume la suite ainsi :

« la seule chose qui compte, c’est l’im­mé­di­at. C’est le prix du pou­voir : le pou­voir à tout prix. D’autres paieront les con­séquences. »

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