Il y a quelques jours, nous partagions la critique de la nouvelle traduction de 1984 chez Gallimard, en indiquant notre préférence pour la traduction initiale, celle d’Amélie Audiberti de 1950.
Françoise Nyssen, notre ministre de la culture, a marqué sa volonté de rééducation idéologique le 4 juin 2018 dont nous avons repris une partie du verbatim :
« Un média engagé enfin doit être le miroir de nos différences, d’un sexe et de l’autre, ou des deux, de toutes les couleurs, de toutes les origines, les urbains, les ruraux, de toutes les différences. Le pays des Lumières sur ce sujet, de la diversité, est hautement réactionnaire. Avec une volonté politique sans ambiguïté, notre média engagé changera les mentalités sur le terrain.
Delphine (1), tu as dû te sentir bien seule lorsque tu portais un constat à la fois évident et courageux, tu sais, l’homme blanc de plus de 50 ans, vous vous en souvenez ? Tu n’es plus seule.
Je porterai cette exigence avec autant de passion qu’au sein de mon ministère, je n’aurai pas de tabou. Vos référents en la matière ne sont pas assez écoutés, je vous demande de les renforcer, ils seront réunis au sein d’un comité unique chargé de mener le combat et de proposer des objectifs ambitieux qui seront repris dans le cahier des charges de chacune des sociétés. »
(les mots surlignés en gras sont de la rédaction)
(1) La ministre s’adresse à Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions qui avait annoncé vouloir mettre fin au règne des hommes blancs de plus de 50 ans.
Le hasard a voulu que nous connaissions l’adresse privée de Françoise Nyssen. L’ouvrage lui a été envoyé le 26 juin en courrier simple avec un mot d’hommage de Claude Chollet soulignant que 1984 pourrait être un manuel très utile au comité unique chargé de mener le combat pour changer les mentalités sur le terrain. Comme semble l’indiquer l’extrait suivant de 1984 (traduction Amélie Audiberti, Folio p 337) :
« Nous ne détruisons pas l’hérétique parce qu’il nous résiste. Tant qu’il nous résiste nous ne le détruisons jamais. Nous le convertissons. Nous captons son âme, nous lui donnons une autre forme. Nous lui enlevons et brûlons tout mal et toute illusion. Nous l’amenons à nous, pas seulement en apparence, mais réellement, de cœur et d’âme. Avant de le tuer, nous en faisons un des nôtres. Il nous est intolérable qu’une pensée erronée puisse exister quelque part dans le monde, quelque secrète et impuissante qu’elle puisse être. Nous ne pouvons permettre aucun écart, même à celui qui est sur le point de mourir »
Au moment où cet article paraît, madame Nyssen n’a pas accusé réception de notre envoi.
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