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L’Opinion discriminée : vraiment ?

13 juin 2016

Temps de lecture : 3 minutes
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L’Opinion discriminée : vraiment ?

Temps de lecture : 3 minutes

Nicolas Beytout, le PDG du quotidien libéral, est vent debout contre le refus des pouvoirs publics de lui verser certaines aides à la presse. Il est même prêt à saisir les instances européennes pour que justice lui soit rendu. Pas sûr pourtant qu’il gagne.

Con­traire­ment à Libéra­tion, La Croix, L’Hu­man­ité et même Présent, L’Opin­ion s’est vue opposée une fin de non-recevoir con­cer­nant l’aide aux jour­naux à faibles ressources pub­lic­i­taires. Plus d’une dizaine de mil­lions d’eu­ros sont ain­si ver­sés chaque année à ces titres, à con­di­tion que leurs recettes de pub­lic­ité ne dépassent pas 25% du chiffre d’af­faires total. Dans le cadre de ce cal­cul, le min­istère de la Cul­ture exclut les ventes en nom­bre, que ce soit auprès des hôtels ou des com­pag­nies aéri­ennes. Une façon de priv­ilégi­er le “vraie” dif­fu­sion, celle payée en kiosque ou par abon­nement. Du coup, L’Opin­ion, dont la moitié de la dif­fu­sion serait effec­tuée par ces réseaux par­al­lèles, se trou­ve large­ment au-dessus du pal­li­er de 25%. Le titre, qui, de sur­croît ne cer­ti­fie pas sa dif­fu­sion depuis sa créa­tion en 2013, a beau fustiger “un usage poli­tique de ses chiffres de ventes”, il se retrou­ve pris à son pro­pre piège de ces pra­tiques des­tinées à gon­fler les ventes artificiellement.

L’Opin­ion espérait aus­si touch­er l’aide au portage. Là encore, il a fait pschitt. Conçue par les pou­voirs publics comme un accéléra­teur pour les quo­ti­di­ens soucieux de pass­er de l’abon­nement postal ‑trop tardif- à l’abon­nement porté — bien plus effi­cace -, la sub­ven­tion est cal­culée sur les trois derniers exer­ci­ces. Trop jeune, L’Opin­ion en est exclue jusqu’à présent. Nico­las Beytout cri­tique dans le cas pré­cis une dis­tor­sion de con­cur­rence. A preuve, selon lui, les nou­veaux entrants ne pour­raient prof­iter du joli gâteau dis­pen­sé par l’État : au total plus de 20 mil­lions d’eu­ros. Au glob­al, con­cer­nant les deux types d’aides, le PDG de L’Opin­ion estime le manque à “gag­n­er” à 1,5 mil­lion d’eu­ros pour son titre qui vise l’équili­bre en 2017.

S’il a rai­son de déplor­er les lenteurs de l’ad­min­is­tra­tion qui a mis des mois à répon­dre à ses deman­des, les requêtes de Beytout font sourire un haut fonc­tion­naire du min­istère de la Cul­ture. Sous cou­vert d’anony­mat, ce dernier assure que depuis trois ans, le nom­bre d’abon­nements portés a bais­sé à L’Opin­ion. Quant aux faibles recettes pub­lic­i­taires, les pleines pages issues des majors du luxe et de la banque rap­porteraient bien plus, selon lui, que des ventes qui n’ex­céderaient pas 3000 exem­plaires en kiosques et 10 000 par abonnement.

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