Depuis le 30 octobre 2020, un nouveau confinement est imposé aux Français. Nul ne peut sortir de chez lui sans avoir dument rempli son attestation et pour un autre motif que l’un des neuf limitativement énumérés sur le formulaire. Des professions sont interdites en partie ou totalement d’activité. Des pans entiers de l’économie sont en train de s’écrouler. La première des libertés publiques, aller et venir, est quasiment suspendue. En réaction, un vent de fronde se lève dans la société française. Revue de presse.
Des manifestations en France souvent interdites
Le quotidien Le Monde consacre le 5 novembre un article au ras-le-bol de certains Français face au nouveau confinement. « Sept mois après le premier, l’usure psychique et la colère se font sentir chez certains ». L’opposition et la lassitude sont souvent passives et intériorisées. Elles peuvent parfois s’exprimer dans des manifestations, comme celles organisées le 30 octobre dans le pays. Le site d’information Reporterre en a recensées plusieurs.
À Toulouse le 6 novembre, place du Capitole, de nombreux « restaurateurs, profs de sport ou professionnels de la culture se sont jetés à terre pour symboliser leurs difficultés face à la crise du coronavirus », nous informe le Huffpost.
Des quotidiens locaux nous apprennent que d’autres manifestations sont organisées samedi 7 novembre.
Selon Le Progrès le 4 novembre, « une manifestation (est organisée) contre le confinement, samedi au Puy-en-Velay ».
L’Est-Éclair nous apprend le 2 novembre qu’ « un rassemblement citoyen (est organisé ) samedi à Troyes contre le confinement (…). La manifestation n’est pas déclarée en préfecture ».
La justice ne traine pas pour engager des poursuites à l’encontre des organisateurs des manifestations.
Selon Sud-Ouest le 5 novembre à Hendaye, c’est « un mois de prison avec sursis pour l’organisateur des manifestations contre le confinement ».
Le mouvement de protestation se développe dans d’autres pays européens
Il n’y a pas qu’en France qu’il y a des protestations contre la limitation drastique des libertés publiques et la mise sous l’éteignoir de l’activité économique. Des manifestations ont lieu un peu partout en Europe, nous apprennent Les Échos. « À Florence, Milan, Rome, Madrid, Barcelone ou encore Paris, Toulouse et Nantes, des manifestants dénoncent les nouvelles mesures de confinement décidées par les autorités sanitaires pour lutter contre le Covid. En Italie et en Espagne, on craint que la situation ne s’envenime », nous informe le quotidien économique.
Euronews recense dans un court reportage le 1er novembre « les manifestations contre le confinement (qui) se multiplient en Europe ».
En Allemagne, à Leipzig, près de 20 000 personnes se sont rassemblées ce samedi 7 novembre « pour protester contre les restrictions imposées par la pandémie », nous apprend Le Parisien.
Des confinements à géométrie variable
Alors que les médias de grand chemin restent très généraux sur les « confinements » qui sont également imposés dans d’autres pays européens, c’est sur des sites d’opinion ou d’information spécialisés qu’il faut aller pour trouver des précisions sur les modalités applicables chez nos voisins.
Le site Toute l’Europe essaie de faire le tour des pays européens « face au rebond de la pandémie ». Le panorama renvoie également aux sites des ambassades françaises dans les pays concernés.
Encore plus précis et détaillé, l’IFRAP fait un comparatif des restrictions sanitaires.
La lecture de ces articles fait ressortir que la France est bien placée… parmi les pays qui imposent les mesures les plus liberticides et les plus nuisibles à l’activité économique.
Une opposition sur le terrain associatif et politique
De rares médias font état d’initiatives d’hommes politiques et de collectifs contre les mesures de confinement imposées en France.
« 200 avocats et juristes appellent « au déconfinement et à défendre la vie sous tous ses aspects » nous apprend Le JDD le 4 novembre. « Des dizaines d’avocats, professeurs de droit et juristes ont signé un appel piloté par les avocats Thibault Mercier et René Boustany pour mettre fin au confinement des forces vives du pays ».
Avec le soutien de nombreux maires, Alexandre Avril maire de Salbris (divers droite, Sologne) a lancé avec succès une pétition pour l’ouverture des petits commerces de proximité, il a d’ailleurs eu droit à un coup de fil du premier ministre Jean Castex pour parler de son initiative.
Sur le plan politique, Le Figaro nous apprend le 3 novembre que Jean-Frédéric Poisson veut mener la lutte contre le confinement. « Le candidat à la présidentielle multiplie les recours en justice contre les mesures sanitaires du gouvernement ». On constate à la lecture de l’article que les principaux partis politiques français soutiennent le gouvernement dans le confinement de l’activité.
Florian Philippot des Patriotes fait également partie des opposants au confinement. Invité sur CNews le 28 octobre, il résume la situation « Critiquer le confinement = interdit ! ».
Le média en « pure Player » YouTube rivalise parfois en termes d’audience avec les chaines de télévision mainstream. La vidéo sur ce média de François Asselineau réagissant vertement au discours du Président de la République annonçant le reconfinement fait ainsi plus de 300 000 vues le 8 novembre.
À gauche, Le Média, proche de la France insoumise, consacre une vidéo au reconfinement. La journaliste s’y interroge sur son bien-fondé et ses effets. Deux journalistes sont interrogés sur les mouvements de protestation contre le confinement en Espagne et en Italie.
Le monde économique n’est pas en reste
La grogne qui monte contre le nouveau confinement vient aussi directement du monde de l’entreprise, sans passer par la médiation des politiques. La Dépêche nous informe le 30 octobre que « le ton monte entre le monde économique et le gouvernement. Les patrons reprochent des décisions unilatérales de fermeture alors que les aides d’Etat sont de plus en plus mal vécues ». Actu.fr recense le 6 novembre des initiatives pour éviter le « sacrifice du petit commerce ».
Le journal économique Entreprendre prédit le 7 novembre qu’« au-delà du commerce, ce sont toutes nos industries qui risquent de dépérir ». « Que veut-on au juste ? Arriver à ruiner ce qu’il nous reste encore d’industries ? » s’interroge Robert Lafont.
Sur les ondes de Sud Radio lors de l’émission « Bercoff dans tous ses états », les invités du 5 novembre sont les auteurs du livre « Quand la psychose fait dérailler le monde ». L’un d’eux souligne que le ralentissement de l’activité dû au premier confinement a plongé près de 1 millions de Français dans la pauvreté et que ce deuxième confinement risque de tarir les sources de financement…de l’hôpital public, en raison des cotisations sociales moins importantes. La stratégie sanitaire du gouvernement français dans sa lutte contre l’épidémie est également fortement critiquée par les deux auteurs, en comparaison de celle suivie avec plus de résultats par d’autres pays.
Le quotidien La Montagne a fait un court résumé du livre, qui en dit beaucoup sur la situation actuelle :
« L’émotion désordonnée avec laquelle les États-Unis et la plupart des grands pays d’Europe occidentale ont réagi à l’épidémie de Covid-19 restera dans l’Histoire comme un exemple de psychose collective. Dans l’adoration de ce nouveau veau d’or qu’est le « principe » de précaution, nous avons foulé aux pieds les valeurs les plus sacrées pour lesquelles se sont battus nos aînés ».
Parmi les acteurs économiques pénalisés, les libraires tentent de survivre, nous apprend France 3 le 30 octobre. De multiples initiatives tentent de convaincre le gouvernement de la nocivité de certaines de ses mesures. Parmi celles-ci, le maire de Salbris a lancé une pétition pour défendre les petits commerces, dont certains sont classés arbitrairement en « non essentiels ».
Dans un article sur le site de L’Obs, le directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé nous appelait le 13 septembre à « apprendre à vivre avec cette pandémie ». Peu de médias s’interrogent si le « stop and go » imposé par le gouvernement a du sens dans ces conditions.
Alors que celui-ci manie de nouveau la peur et la culpabilisation des Français qui ne respecteraient pas le confinement, citons une des rares voix différentes dans le concert de soutien au gouvernement.
« Et si les conséquences sanitaires de la crise économique étaient pires que celles du coronavirus ? », s’interroge Clément Fournier. Même si cela n’apparait pas dans le titre de l’article du site Youmatter, c’est bien le confinement et surtout ses effets sanitaires et économiques qui sont pointés du doigt.
L’hebdomadaire Marianne consacre le 7 novembre un article à la santé mentale des Français affectée par le COVID-19 et le confinement. L’effet double lame, crise sanitaire, crise économique, lié au confinement est détaillé dans un article du 6 novembre.
L’avenir nous dira si les sombres prédictions de certains sont réalistes ou catastrophistes. La lecture de nombreux médias nous apprend néanmoins que les dégâts collatéraux au confinement sont d’ores et déjà considérables. Plus globalement, en dépit de la répression contre les opposants au confinement, c’est une moindre acceptation de cette réclusion qui ressort de nombreux articles. Un sujet à suivre donc…