Voice of Europe, Ria Novosti, Izvestia, Rossiiskaia Gazeta : les contenus et diffusions des médias et agence publique russes ne sont plus les bienvenus en Union européenne.
C’est à la suite d’une réunion rassemblant les vingt-sept États membres de l’Union européenne, le mercredi 15 mai, que les représentations de cette instance ont interdit la diffusion de différents médias et agences réputées « pro-russes » ou proches du Kremlin.
Voice of Europe : un site de propagande à destination du Parlement européen ?
C’est d’abord le site Voice of Europe qui a été interdit par l’UE. En cause ? Une suspicion du parlement tchèque, qui affirmait en mars avoir trouvé un réseau financé par Moscou et émettant sur le site en question des informations notamment destinées à dissuader les pays de l’UE de soutenir financièrement l’Ukraine. Par ailleurs, une enquête du parquet fédéral belge avait été ouverte en avril sur des membres du Parlement européen soupçonnés de corruption. L’autorité aurait en effet identifié un réseau d’influence financé par la Russie et lié à ce même site. « Selon nos services de renseignement, indiquait alors le Premier ministre belge Alexander De Croo, les objectifs de Moscou sont très clairs : aider à élire davantage de candidats pro-russes au Parlement européen et renforcer un certain discours pro-russe au sein de cette institution. Le but est très clairement d’affaiblir le soutien de l’Europe à l’Ukraine pour servir la Russie sur le champ de bataille, et c’est le véritable objectif de ce qui a été découvert ces dernières semaines ».
Le précédent RT France et Sputnik
Cette décision fait écho à l’interdiction d’émission des médias Sputnik et RT France le 24 février 2022. Le 27 juillet 2022, du Tribunal de l’Union européenne avait également rejeté la demande d’annulation des sanctions prises contre Russia Today France. L’UE ne percevait pas cette disposition comme une interdiction mais comme une absence d’autorisation pour les journalistes à publier leurs travaux. Le tribunal s’était alors prêté à un exercice d’équilibriste, s’attribuant un pouvoir décisionnaire exceptionnel du fait de la violation du droit international commis par la Russie et permettant une « restriction temporaire de la liberté d’expression » qui (miraculeusement) ne viendrait pas en « compromettre le principe ».
À titre de comparaison, l’Azerbaïdjan, dont il est possible de soupçonner qu’elle ait commis plusieurs atteintes à l’encontre du droit international à l’endroit de l’Arménie ou même des actes de déstabilisation d’un pays membre (la France en Polynésie), n’a pas vu son agence d’information Azertac subir de telles restrictions.
Cette iniquité de traitement entre deux États soulève des interrogations quant à la nature arbitraire des décisions de l’UE. Car si le média Voice of Europe est sous le coup d’une procédure judiciaire qui pourrait en expliquer la suspension, l’interdiction d’émettre destinée à l’agence Ria Novosti ou Rossiskaia Gazeta ne semble formulée qu’en raison de leur « origine russe »…
Voir aussi : Guerre Russie Ukraine, les charlatans de l’information