Rediffusion estivale. Première diffusion le 1er mars 2021
Le département des Yvelines est-il en train d’être gagné par l’islamisme ? L’alerte sur son inquiétante progression en milieu scolaire lancée en novembre 2020 dans l’Obs par Didier Lemaire, un professeur de lycée à Trappes, a mis en lumière le contexte particulier de ce département. L’Observatoire du journalisme saisit l’occasion pour faire une revue de presse qui mène de découvertes en découvertes.
Le département des Yvelines, terre d’expansion de l’islamisme
Comme le soulignait Le Parisien en mars 2019, le département des Yvelines compte une importante communauté musulmane, « environ 140 000 personnes de confession musulmane ». « 74 mosquées et autres lieux de culte » y sont présents.
Dans ce département, peut-être plus qu’ailleurs, l’islamisme gagne du terrain. « La marche tranquille de l’islamisme », que soulignait Paris Match en 2020, peut être observée à Trappes, où, entre autres indices, « toutes les boucheries sont halal ».
Deux journalistes du Monde ont suite à leur enquête consacré un livre à la ville paru en 2018 intitulé « La communauté ». L’Express le résume ainsi : comment « cette commune des Yvelines est passée en un demi-siècle des “cocos” aux “barbus” ».
En élargissant le spectre, le quotidien La Croix souligne, dans un article publié en octobre 2018 consacré à la mosquée d’Ecquevilly, la présence de réseaux islamistes et de financements étrangers de mosquées dans le département. On apprend que la grande mosquée de Mantes-la-Jolie a accueilli le siège de la Ligue islamique mondiale, « l’organisation grâce à laquelle le royaume des Saoud exporte dans le monde entier l’islam wahhabite, composante majeure du salafisme contemporain », tandis que la mosquée Tarik-Ibn-Zyad des Mureaux « a longtemps accepté la venue régulière de prédicateurs saoudiens ».
En juin 2016, le Figaro soulignait déjà que le département des Yvelines était « un des bastions du djihadisme français ». Et la journaliste de citer « le Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, Trappes, Les Mureaux… Ces quartiers et villes des Yvelines, arrière-cours ou bastions du djihadisme en France depuis de nombreuses années ». On ne peut donc pas dire que l’on découvre le problème dans le département.
Jean-Jacques Brot, le « préfet des migrants » qui « fait dans la dentelle » nommé dans les Yvelines
C’est dans ce contexte que Jean-Jacques Brot a été nommé préfet des Yvelines en avril 2018. Jean Jacques Brot n’est pas un inconnu des médias. Il a été sous les projecteurs pour ses fonctions précédentes. En 2015, il lui a été confié la mission d’organiser l’accueil en France des réfugiés syriens et irakiens. Cela amenait le Monde dans son édition du 8 mars 2017 à résumer son travail :
« Chaque jour, le préfet fait dans la dentelle pour ajuster offres et demandes » pour aménager l’accueil des migrants en France.
Le Monde précise que « le préfet des Syriens » a lors d’un déplacement ajouté une famille de Soudanais vivant en Israël à sa liste de migrants à réinstaller en France. On apprend plus loin dans l’article que le préfet cherche des solutions de logement en France pour « des familles en souffrance dans ces pays qui ploient sous les centaines de milliers de réfugiés ».
On aura compris que contrairement aux pays où l’on va chercher des migrants déplacés, la France ne plie jamais sous le poids de l’immigration, fût-elle humanitaire.
La seule réserve à cette mission est à lire dans les commentaires, notamment celui de Calaisien :
« Si cette mission ne s’arrête pas le 6 mai a‑t-elle donc vocation à être perpétuée jusqu’à la fin des conflits en orient ou ailleurs ? Aider n’implique pas des transferts de population sans fin ! ».
Le Préfet qui « fait dans la dentelle » avec l’islamisme
Ce serait toujours avec la même dextérité que le haut fonctionnaire représenterait l’Etat dans le département des Yvelines.
Après l’alerte lancée par Didier Lemaire sur la progression de l’islamisme, le journal Le Monde est allé le 9 février à la rencontre des autorités locales et de la population.
« À Trappes c’est l’incompréhension », résume le quotidien du soir qui donne la parole au préfet des Yvelines, Jean-Jacques Brot. Didier Lemaire serait selon lui « irresponsable » et mettrait de « de l’huile sur le feu ».
Le préfet présente sa méthode de travail : « Trappes est un terrain difficile et délicat, nous faisons de la dentelle ». Après la méthode « tout en dentelle » pour accueillir des extra-Européens en France, c’est encore « tout en dentelle » que le préfet gérerait l’islamisme dans le département où il représente l’État.
Toujours soucieux de ne pas déchirer le tissu de ses relations, il affirme le 25 février à L’Express :
« Les responsables musulmans doivent respecter la loi mais on n’a pas à leur demander d’être républicains ».
Des propos qui ne font curieusement pas beaucoup de vagues.
Ceci expliquant peut-être cela, l’hebdomadaichre a interrogé un autre préfet qui affirme que dans les « structures opérationnelles de l’État », hormis les djihadistes armés, « le reste du monde islamiste ne pose pas de problème ». L’universitaire Bernard Rougier, qui a récemment consacré un livre aux « territoires conquis de l’islamisme », répond à la mise en cause de ses travaux par le préfet, notamment concernant la situation à la mosquée de Mantes-la-Jolie. Il souligne que « le préfet accorde plus de crédit à la parole d’un président d’association qu’à celle d’un universitaire fonctionnaire d’État ».
Volée de bois vert dans certains médias
La lâchage du professeur de philosophie par le préfet des Yvelines suscite de nombreuses réactions dans des médias dits « conservateurs » ou à cheval dans la lutte contre l’islamisme.
Dès le mois d’octobre 2020, Marianne consacrait un article à « la grande compromission d’élus avec l’islam radical » dans les Yvelines et notait déjà que « l’actuel préfet a rompu avec le style offensif de ses deux prédécesseurs ».
Encore plus sévère, Céline Pina soulignait récemment dans Causeur qu’« il y a quelque chose de pourri dans le département des Yvelines ». Le préfet en place figurerait selon Céline Pina parmi ceux qui en portent « la lourde responsabilité ». Prenant pour exemple le manque de soutien au professeur de philosophie, elle ajoute : « Si les préfets deviennent les meilleurs alliés de ceux qui menacent les enseignants, c’est tout l’État qui se déconsidère ».
Autre fait troublant mentionné par Céline Pina dans son article à partir d’une enquête de Marianne en mars 2020, le limogeage d’un commissaire de police.
« Pour avoir évoqué la brutale éviction du secrétaire général du conseil des institutions musulmanes des Yvelines au profit de représentants musulmans plus « rigoristes » soutenus par des élus locaux, et notamment par Pierre Bédier, Jean-Luc Taltavull aurait été écarté sans ménagement ».
Sans transition, Le Parisien nous apprenait en mars 2019 à l’occasion d’une réception organisée par le conseil des institutions musulmanes des Yvelines que l’ambiance y est chaleureuse. Le préfet Brot n’est jamais avare de plaisanteries pour détendre l’atmosphère. Pour évoquer l’évolution dans le département, Jérôme Serri apporte sur le site Boulevard Voltaire d’autres éléments édifiants attestant « la conquista islamiste dans les Yvelines ».
Mais il faut surveiller son langage et peser chaque mot. Comme nous l’apprend Valeurs actuelles le 20 février, Jean Messiha manie toujours le tweet avec un art consommé de la provocation. Il tente en quelques mots de résumer la situation :
« Dans les Yvelines, les islamistes ont un ami. Le préfet Brot n’est pas content que Didier Lemaire révèle la réalité de l’occupation islamique de la ville de Trappes. La collaboration des préfets, un triste retour des heures les plus sombres. ».
48 heures après avoir mis en ligne son Tweet, Jean Messiha était convoqué par la police suite au dépôt de plainte du préfet des Yvelines au sujet de son tweet. Pour une fois que le camp dit patriote pratique le reductio ad hitlerum, le moins que l’on puisse dire est que cela n’a pas laissé indifférent…Silence dans les rangs, on laisse la dentelle de côté un moment.