Pourquoi faire un magazine en fin de semaine pour un quotidien ? Pour la publicité pardi ! Suivant l’exemple du Figaro Magazine, véritable portfolio publicitaire, Le Monde du trio BNP (Bergé-Niel-Pigasse) nous vante la consommation néo-libérale, riche … et engagée branchouille sur le plan sociétal.
Prenons le numéro du samedi 20 juin 2015, 108 pages couvertures incluses. 17 pages de publicité directe pour les damnés de la terre : Hermés, Dior, Omega, (avec Georges Clooney qui fait une infidélité à Nespresso), Renault Kadjar (« Vivez plus fort »), Jaguar. Mais plus intéressantes sont les pages de publicité semi-cachée, camouflée ou carrément présentées comme faisant partie du corps du magazine.
Les pages 73 à 76 sont autant de publicités camouflées en faveur de maracons, de gants et d’outils de jardin, d’un festival, d’un livre d’artiste (qui fait aussi des pyjamas…). La page 77 en faveur de l’office du tourisme espagnol est identifiée comme publicité ce qui n’est pas le cas des pages 88 et 89 en faveur de l’office du tourisme estonien. De charmants éphèbes androgynes présentent leurs atours de la page 80 à 85 avec identification des marques mais sans mentionner publicité comme dans les magazines féminins. Les pages 86 (salons de jardin), 87 (articles de jardin), 91 (livre sur les jardins), 92 (restaurant), 93 (restaurant et vins), 106 (festival) sont autant de publicités déguisées. Il y a doute pour les pages 98 à 103 où l’on hésite entre la critique culturelle et le message promotionnel. Il n’y a par contre aucun doute sur la page 90 où un pseudo article sur une Harley Davidson pour femmes « Jantes féminines » est un monument publicitaire, le nom de la marque est indiqué en tout petit en bas à droite et en vertical ce qui permet de signaler que l’article est une commande… pour ceux qui ont de bons yeux et de la curiosité.
Sinon vous pourrez apprendre que « l’esprit de compétition dans les lycées de Palo-Alto c’est mal », que pour la première fois un « trouple » soit un couple à trois (deux lesbiennes, un homosexuel – avec enfant s’il vous plaît) a été reconnu par un tribunal en Argentine, qu’en Allemagne « de nombreuses paroisses fournissent soutien et abri aux sans-papiers », que l’on peut cultiver son cannabis à la maison grâce à un matériel adapté, que le voisin français d’origine arabe a « réparé la barrière du retraité de chez Renault » car « on est tous égaux devant la météo ». Tout le prêt à penser du bobo branché… et riche.