Les pays de l’Europe centrale et orientale sont rarement traités de manière équilibrée par les documentaires des différentes télévisions françaises. Difficulté des langues locales, éloignement culturel, une certaine paresse, et beaucoup, beaucoup de conformisme.
Un récent documentaire d’Arte sur la Pologne en atteste comme un autre tout récent sur la Russie. France 5 n’était pas en reste, toujours sur la Russie pour une vidéo que nous avons pu appeler un documentaire faussaire. La Hongrie ne semble pas avoir eu plus de chance avec un documentaire du 8 avril 2018, diffusé sur M6 et réalisé par Bernard de la Villardière. N’ayant pas vu le documentaire, nous empruntons son analyse au journaliste franco-hongrois freelance Ferenc Almàssy.
Son témoignage complet se trouve sur le Visegrád Post. Nous en publions des extraits.
L’ambiance et le vocabulaire
Le titre n’est pas anodin Hongrie tensions maximales au cœur de l’Europe. Si les tensions sont maximales, le point de rupture n’est pas loin, voire le changement de régime, comme la malheureuse envoyée spécial du Figaro l’espérait tant. Les adjectifs ne sont pas neutres : pays fermé, xénophobe, autoritaire, anti-migrants, corrompu. Les brutalités policières y sont fréquentes (amusant si on regarde en France les affrontements de Notre-Dame-des-Landes, quelque soit le jugement que l’on porte sur le fonds de l’affaire) et sérieuses.
La diabolisation par association
La voix off qui commente une image est un procédé classique de manipulation. Prenez une image d’un manifestant blessé de Notre Dame des Landes, en sang. Surimposez un commentaire « A Notre Dame des Landes, la politique du gouvernement se met en place », rajoutez une photo d’Emmanuel Macron ou d’Édouard Philippe avec un sourire crispé, le tour est joué, vous avez deux personnages autoritaires et antipathiques (ces lignes ne constituent pas un panégyrique des autorités, note de l’auteur). Le procédé dans le film est identique : associer la croix gammée portée par un motard (image) à une évocation du parti conservateur au pouvoir, le Fidesz. Effet garanti.
Le rédacteur du Visegrad Post est très dur dans son analyse parlant de mensonges, manipulations, procès d’intention, associations malhonnêtes, nous renvoyons à son texte.
Pourquoi Bernard de la Villardière, la symétrie des fausses fenêtres
Bernard de la Villardière, journaliste connu et reconnu de M6, s’est fait connaître t entre autres par ses reportages en banlieue où il a parfois été pris à partie par les habitants de ce que la doxa appelle quartiers populaires, qui sont en réalité les quartiers de l’immigration. Cible des associations bien pensantes, il avait aggravé son cas en parlant de l’idéologie bobo de merde d’une certaine presse.
Pourquoi réalise-t-il un film à charge contre la Hongrie ? On peut y voir plusieurs niveaux. Tout d’abord les français ne s’intéressent que médiocrement à la Hongrie. Le sujet est exotique, personne ne parle le hongrois, peu de français visitent le pays, les approximations sont sans risque. Mais surtout Villardière est férocement attaqué par un grand nombre de ses confrères, directement ou dans son dos. Il se dédouane en montrant – sur un sujet « froid » contrairement à ses reportages sur l’Islam – qu’il est comme les autres, au moins un peu. Oui, j’ose mettre les pieds dans le plat avec les banlieues de l’Islam, mais regardez, comme vous je déteste la Hongrie, comme vous je déteste Viktor Orbán, donnez moi mon laissez-passer. En architecture cela s’appelle la symétrie des fausses fenêtres. Une architecture qui en dit long sur l’ambiance qui règne dans les médias français du moins une bonne partie d’entre eux. Plaignons plutôt le réalisateur.