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Macron et Facebook s’allient contre la liberté d’expression

28 décembre 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Macron et Facebook s’allient contre la liberté d’expression

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 23/11/2018 - Mise à jour le 14/09/2019

Ce 13 sep­tem­bre, l’heb­do­madaire Valeurs actuelles était cen­suré sur Face­book pour la pub­li­ca­tion d’un arti­cle sur les iden­ti­taires (voir l’en­cadré ci-dessous). Il s’ag­it d’une par­faite illus­tra­tion de la con­nivence désor­mais à l’œu­vre entre le pou­voir macronien et le réseau social et dont nous évo­quions les prémices en novem­bre 2018.

La poli­tique régle­men­taire de Face­book vient de faire une nou­velle vic­time : Valeurs actuelles. Ce ven­dre­di, le réseau social a cen­suré sur notre page l’article titré « Alex Hugo con­tre les “iden­ti­taires” : quand la télévi­sion publique fait sa pro­pa­gande pour les migrants » et partagé plus tôt dans la mat­inée. Motif de la sup­pres­sion ? « Votre pub­li­ca­tion ne respecte pas nos Stan­dards de la com­mu­nauté sur les indi­vidus et organ­ismes dan­gereux. » (Valeurs actuelles, 13/09/2019)


La France veut franchir un nouveau palier dans sa lutte contre les « discours de haine » sur les réseaux sociaux. Un journaliste de l’Observatoire était présent au Forum sur la gouvernance de l’internet (tenu à l’Unesco à Paris) le lundi 12 novembre 2018, jour où l’union sacrée Facebook/État français pour la restriction des libertés fondamentales a été annoncée par Emmanuel Macron. Ouverture des scellés.

Groupe de travail expérimental pour la chasse aux contenus

Le prési­dent a par­lé de « méth­ode coopéra­tive », unis­sant les capac­ités tech­nologiques de Face­book et les capac­ités répres­sives (en forte pro­gres­sion) de l’Etat français. Un groupe d’une dizaine de per­son­nes sera con­sti­tué à par­ité entre les deux entités, la privée et la publique. Du côté réseau, des cadres dirigeants. Du côté pub­lic, que du beau monde : le CSA (respon­s­able des con­tenus), l’Arcep (respon­s­able des télé­coms et de la régu­la­tion tech­nique, les con­tenants), la Dis­ic (direc­tion inter­min­istérielle des sys­tèmes d’information et de com­mu­ni­ca­tion) et le secré­tari­at d’Etat au numérique qui coordonne.

Un périmètre incertain mais qui pourra augmenter

Cette « expéri­ence pilote pour six mois » per­me­t­tra en théorie aux agents de l’État d’avoir accès aux méth­odes de Face­book. Et qui sait à une par­tie juteuse de ses pré­cieuses bases de don­nées aux­quelles déjà la CIA et la NSA peu­vent accéder sur sim­ple demande d’un juge améri­cain. Oubliez la con­fi­den­tial­ité de vos don­nées, elle n’existait que peu de toutes façons, le réseau social se faisant piller régulière­ment, elle sera réduite à bien peu lorsque la Dil­crah, la délé­ga­tion inter­min­istérielle con­tre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT (vous pou­vez com­pléter la liste) met­tra son grand nez dans vos comptes sur le réseau social.

Contre la haine

Comme dis­ait ma grand-mère, l’enfer est pavé de bonnes inten­tions. La genèse de ce joli pro­jet remonte au mois de mais 2018 au som­met Tech for Good tenu à Paris. La Tech­nolo­gie (majus­cule) pour le Bien (autre majus­cule). Les puis­sances du Bien oeu­vrent con­tre les puis­sances du Mal de la haine (nous avons hésité pour la majus­cule à haine, finale­ment non). Comme elles sont le Bien, le Beau, le Vrai, le Riche (aus­si) elles peu­vent dire de manière pré­cise ce qu’est un dis­cours de haine : tout dis­cours s’opposant à leurs intérêts matériels et moraux.

De manière qua­si naïve et char­mante un arti­cle du Monde (mer­cre­di 14 novem­bre 2018) note :

« Plus large­ment, Emmanuel Macron cherche à mon­tr­er qu’il n’est pas inac­t­if face aux géants du numérique, dans la per­spec­tive des élec­tions européennes de mai 2019 » (sic).

Faute avouée n’est pas tou­jours par­don­née, le pro­jet com­mun est bien un pro­jet poli­tique pour encadr­er ceux qui pensent mal, écrivent mal, lisent mal, regar­dent mal, écoutent mal et surtout votent mal. La loi anti fake news/infox votée au Par­lement français va en ce sens. Comme égale­ment le rap­port de la député d’origine africaine En Marche Laeti­tia Avia qui pré­conise la créa­tion d’un régu­la­teur spé­ci­fique avec des pou­voirs rapi­des et coerci­tifs (sans doute don­nés au CSA) con­tre le racisme et la haine. Vous êtes prévenus.

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