La chaine russe RT (Russia Today) a été lancée en France fin décembre 2017, vous en trouverez les détails ici. Le Président Macron avait fait connaître la chaine lors de sa conférence de presse du 29 mai 2017. Le président avait alors accusé RT (non lancé en France sous forme de télévision mais présent sur la toile) et la radio Sputnik – tous deux possédés par l’agence russe Novosty – d’avoir propagé de fausses nouvelles pendant la période électorale. En particulier le Président aurait été agacé de rumeurs sur une prétendue liaison de sa part avec le Président de Radio France de l’époque. RT une fois lancé – avec difficultés et un succès tout relatif – les relations ne se sont pas améliorées.
Journaliste refoulé
C’est un communiqué de presse du 30 mai 2018 de Lorenzo Ricci, responsable presse et communication de RT qui nous l’apprend. Nous en reproduisons quelques extraits ci-dessous :
« Un journaliste de RT France, titulaire d’une carte de presse, a souhaité assister à la conférence internationale sur la Lybie, organisée le 29 mai 2018 au Palais de l’Elysée, à l’initiative d’Emmanuel Macron et sous l’égide de l’ONU. L’accès lui a été refusé par le service de presse de l’Elysée. Il a été constaté par ailleurs par ce reporter que les autres journalistes, français ou étrangers, ont pu de leur côté prendre part à l’évènement. La rédaction de RT France avait bien pris le soin de vérifier la veille auprès de ce même service de presse quelles étaient les démarches nécessaires pour pouvoir assister à cette conférence. Il avait été alors indiqué que seule la présentation sur place d’une carte de presse était nécessaire.
Un gendarme affecté à la sécurisation des lieux, après un échange avec la responsable des accréditations de l’Élysée, a expliqué qu’il avait consigne de ne pas “laisser entrer” les journalistes de Russia Today et d’ajouter “que le Président a été clair à ce sujet”. Il a également précisé que cette responsable refusait toute discussion pour la même raison…
Longtemps, de faux prétextes de “demandes en cours de traitement” ou de “quota de places déjà atteint” ont été avancés. Puis, des accusations de diffusion de “fausses nouvelles” ont longtemps servi de justification à ces refus, sans pour autant que le moindre exemple de ces supposées “fausses nouvelles” ait été avancé. «
Mauvais esprit journalistique ?
Le 18 mars dernier, sur la chaine Arte, le secrétaire d’État au Numérique, Mounir Mahjoubi, semblait admettre que RT France ne relayait pas de « fake news » mais se désolait d’un « état d’esprit permanent » qui pose problème. Un état d’esprit si l’on comprend bien qui ne serait pas assez favorable au nouveau Président et à son gouvernement. Une prochaine loi sur les fake news est en cours de préparation, vous pouvez en voir les contours ici. Cette loi comporterait un dispositif sur mesure pour pouvoir suspendre RT si la chaine a un mauvais comportement. Une sorte de retour aux règles du très ancien ORTF, ce qui serait paradoxal pour une chaine étrangère. Et une exception dont la BBC et autres CNN seraient curieusement exemptées.
Crédit photo : Finnish Government via Flickr (cc)