Nous vous en informions fin 2018, le richissime Olivier Legrain était prêt à investir plusieurs millions d’euros pour créer – dans le cadre d’une opération de la Mairie de Paris – une maison des médias de gauche. Les appétits financiers du mécène auront eu raison du projet, en tout cas dans sa forme actuelle.
Un projet sous forme de concours
La transformation d’un ancien transformateur électrique en bâtiment pouvant accueillir des projets culturels sur plus de 6000m2 dans le XIème arrondissement de Paris nécessitera plusieurs dizaines de millions d’euros (source Lettre A 17 octobre 2018). Plusieurs dizaines de projets on été déposés avec semble-t-il – dans une procédure particulièrement opaque — quatre finalistes.
Le projet de Maison-des-médias-de-gauche-pluraliste-pour-la-liberté-et-le-débat du millionnaire Legrain et de Médiapart était en concurrence avec les groupes immobiliers Nexity (centré sur les jeux) et Novaxia (projet théâtral) et le groupe familial Batipart avec un projet centré sur la musique.
In fine c’est ce dernier qui l’emporte avec « Murmure », un espace de studios pour musiciens amateurs et professionnels lié à des commerces et animations liés à la musique et au son.
Appétits financiers de Legrain
Le projet Médiapart regroupant une soixantaine de médias (voir notre article du 5 novembre) allant de l’ultra gauche à la gauche libérale libertaire pouvait pourtant séduire Anne Hidalgo et ses équipes, dans la perspective d’une réélection difficile en 2020. Las, Olivier Legrain (source Le Monde du 4 janvier 2019, précisons que si Le Monde diplomatique faisait partie du projet ce n’est pas le cas du quotidien) « a d’abord proposé un prix jugé très insuffisant par les services de la ville de Paris », s’assurant en cas de revente un très joli bénéfice. On est mécène on n’en est pas moins un financier avisé. Par ailleurs la ville préférait un bail de 50 ans à la place d’une simple vente.
Un projet peut en cacher un autre
Dans un communiqué lyrique sur Médiapart, Olivier Legrain et les porteurs du projet Médias Libres laissent éclater leur dépit. Vantant sa « dimension citoyenne » (de gauche exclusivement), son « ambition éducative » (même remarque) dans une « Ville symbole et martyre de la liberté de la presse » (n’ayons pas peur) et regrettant une décision qui engendre « une profonde déception ».
Toutefois la municipalité affirme que le dialogue continue avec les médias de gauche. Les élections municipales sont dans deux ans, les parisiens ne semblent pas excessivement satisfaits des services de Madame Hidalgo, un coup de pouce dans un autre lieu au projet Médiapart et alliés pourrait permettre d’adoucir certaines douleurs et de se concilier a minima une neutralité bienveillante, et bienvenue.