En février 2019, nous annoncions la naissance de Majelan, nouvelle plate-forme audio lancée par Matthieu Gallet, ancien patron de l’INA puis de Radio France. Ce dernier a précisé ses objectifs le 1er octobre 2019, lors d’une rencontre où l’Ojim était présent.
Du contenu et de la technologie
Le podcast audio a le vent en poupe, ce format lancé en 2005 par Apple a végété de longues années avant de se développer les deux dernières années, en particulier aux Etats-Unis. Contenus longs, rapport de pair à pair, meilleur engagement de l’auditeur par rapport à la vidéo, possibilité de faire autre chose en écoutant, le format peut permettre de constituer à terme des communautés d’auditeurs. Et, en tablant sur leur fidélité, de bâtir un modèle économique payant.
À la rentrée 2019, Majelan a déjà levé 4M€, recruté 30 collaborateurs et s’est lancé dans le grand bain depuis le 4 juin. Trois cent mille contenus sont disponibles (et 15 millions d’épisodes) en 9 langues avec un moteur de recherche qui permet à l’auditeur de choisir dans cette jungle en fonction de ses goûts : culture, politique, sport, enfants, féminin etc. La technologie innovante développée permet de tracer l’écoute de chaque contenu, en particulier le temps d’écoute, qui va permettre de rémunérer d’éventuels ayant-droits et de qualifier les meilleurs programmes.
Des ambitions et des doutes
Quatre mois seulement après un lancement en début d’été, revendiquer 75000 utilisateurs est une performance appréciable. Mais la quasi-totalité de ces « clients » ont choisi la formule gratuite et non une des deux formules payantes (par abonnement ou à la demande). D’où la réponse de Matthieu Gallet à une réponse sur son point d’équilibre : d’abord obtenir un million d’utilisateurs dans trois ans en obtenant un taux de conversion du gratuit au payant dans un pourcentage qui reste à déterminer. Le tout sans publicité payée, en-dehors du brand content qui se trouve déjà sur les podcasts, mais ne rapporte rien à la plateforme.
Au-delà des chiffres, Majelan crée du contenu original à raison d’un par semaine. La jeune société a saisi l’occasion du cinq-centième anniversaire du voyage de Magellan pour faire retraduire la biographie du navigateur par Stefan Zweig, la podcaster en séquences audio, puis l’éditer avec Robert Laffont un peu plus tard. La société valorise également des séries anciennes du catalogue de l’ex ORTF, en ressortant les toujours jeunes Arsène Lupin ou Sherlock Holmes.
Pour se développer, Majelan va effectuer une nouvelle levée de fonds, lancer un programme plus général dans une deuxième langue non encore choisie, avec l’ambition de passer de plateforme de podcasts à celle plus ambitieuse de contenus audio narratifs avec une production maison originale aussi bien que de nombreux accords de diffusion. Une ambition qui ne peut être que mondiale, à laquelle on ne peut que souhaiter bonne chance pour défendre les couleurs européennes devant la déferlante des GAFAM américains.