Visiblement, l’autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni n’apprécie pas les contre-poids médiatiques.
L’Office of communications (Ofcom), équivalent du CSA outre-Manche, vient d’adresser un quatrième avertissement à la chaîne d’information anglophone RT (auparavant Russia Today), menaçant de lui retirer sa licence. D’après l’Ofcom, RT « présente des informations avec un background russe et traite les actualités du point de vue de la Russie, alors qu’elles devraient l’être de manière impartiale ». Dans le viseur du régulateur, des reportages sur les événements en Ukraine diffusés début mars.
Pour la rédactrice en chef de la troisième chaîne d’information au Royaume-Uni, ces menaces sont inacceptables. « A peine avons-nous lancé notre chaîne au Royaume-Uni qu’on nous a menacé de nous priver de licence sous de fausses accusations. C’est la démocratie à l’état pur », s’est-elle indignée sur son blog.
Pire, selon elle, RT est victime d’un deux-poids-deux-mesures évident. « Ils estiment que notre couverture des événements en Ukraine était partiale. Nous avons trouvé des tonnes d’exemples de couverture partiale des événements en Ukraine par la BBC et en avons informé Ofcom. On nous a répondu qu’Ofcom surveillait toutes les chaînes SAUF LA BBC ! Et qu’il est possible de se plaindre de la BBC uniquement en s’adressant à la BBC », poursuit-elle, médusée.
Et celle-ci d’ajouter : « J’ignore si Orwell et Huxley se retournent aujourd’hui dans leurs tombes, mais il y a de quoi. Nous accuser de partialité tout en ignorant complètement les prises de position flagrantes de la BBC n’est rien d’autre que de la censure évidente. Ofcom ne cache même pas qu’il cherche à faire changer notre politique rédactionnelle. Nous ne la modifierons pas, quelles que soient les pressions. Nous sommes l’unique source d’informations alternatives pour notre public britannique et nous le resterons. »
Ce n’est pas la première fois que la chaîne russe internationale est victime de la censure britannique. En 2012, des reproches similaires lui avaient été formulés lors de l’intervention occidentale en Libye et les événements en Syrie. Grâce à ses avocats, RT UK était parvenue à parer ces attaques, chose qu’elle s’apprête à faire à nouveau.
Cet automne encore, les affiches publicitaires de la chaîne avaient été interdites dans les rues de Londres à cause d’un « sous-texte politique provocateur ». Sur celles-ci, ont pouvait voir l’ex-premier ministre britannique Tony Blair et l’ex-président américain George W. Bush, tous deux accompagnés de leurs déclarations mensongères sur la situation en Irak.
Pour comprendre cette mise à l’index de la part de l’autorité régulatrice du Royaume-Uni, peut-être faut-il se pencher sur la popularité de RT outre-Manche. « En 2013, nous étions la troisième chaîne d’information la plus regardée au Royaume-Uni derrière la BBC et Sky News. On a devancé Fox News et Euronews », explique Mme Simonian.
Même la revue britannique Express le reconnaît : « Des millions de Britanniques regardent RT, surtout aujourd’hui quand les événements en Ukraine ont fait de cette chaîne la ressource favorite de ceux qui cherchent un point de vue alternatif sur ce qui se passe dans la zone du conflit. »
Troisième chaîne d’information au Royaume-Uni, RT est également en deuxième position aux États-Unis. Créée par l’agence gouvernementale russe RIA Novosti, qui l’abrite dans ses locaux à Moscou, elle dispose également d’un siège à Washington et de bureaux à Paris, Londres, Los Angeles, Miami, Delhi et Tel Aviv.
Depuis 2005, elle propose aux téléspectateurs occidentaux une autre vision sur les événements internationaux. Un angle différent qui, semble-t-il, séduit de plus en plus de personnes.