Après plusieurs hésitations, Jean-Luc Mélenchon aura finalement eu son « Des paroles et des actes », sur France 2, jeudi 26 mai. Une fois n’est pas coutume, la polémique n’était pas loin.
En effet, quelques heures avant le tournage, le député européen du Front de Gauche s’était agacé, sur Facebook : « Sachez qu’après trois mois de “préparation”, à 48 heures de l’émission, ni les intervenants ni les thèmes n’étaient fixés ni stabilisés. » Et celui-ci d’expliquer pourquoi il préfère Laurent Ruquier à David Pujadas : « Au contraire des moments d’échanges piquants mais respectueux comme ceux de “On n’est pas couché”, l’émission “DPDA” est conçue comme une corrida où l’invité fait office de taureau promis au sacrifice. »
Finalement, l’émission aura bien lieu. Mais pour Antoine Léaument, militant du Parti de Gauche repris par le blog de Mélenchon, l’émission a été entachée de nombreuses « manipulations médiatiques ». Premièrement, les « Français lambda » appelés à poser des questions à Mélenchon ne l’étaient pas tant que ça.
Tout d’abord le boulanger favorable à la loi El Khomri, Djibril Bodian. Voilà comment Pujadas le présente : « Djibril Bodian, vous avez 39 ans, vous êtes artisan boulanger à Paris au pied de la butte Montmartre. Votre pain est réputé, vous avez gagné des prix. Vous avez plusieurs employés, 17 même je crois mais à temps partiel. »
Sauf que M. Bodian n’est pas qu’un simple « boulanger parisien ». Déjà, il emploie 17 salariés à temps partiel là où « 77% des boulangeries françaises comptent entre 1 et 5 salariés », relève Antoine Léaument. Mais surtout, M. Bodian a été le boulanger de l’Élysée de 2010 à 2015, chose qui n’est, à aucun moment, précisée durant l’émission.
Le deuxième invité qui a fait grincer les dents de Léaumont est une femme, Céline Imart-Bruno, présentée comme une agricultrice passée auparavant par l’« audit puis l’entreprise ». « Pensant avoir affaire à une exploitante agricole favorable à l’agriculture productiviste, Jean-Luc Mélenchon a en face de lui une agriculture qui avait auparavant été… directrice financière de Bolloré au Chili (comme tous les agriculteurs, c’est bien connu) », écrit le militant. En somme, encore une travailleuse tout à fait lambda… (biographie).
Autre sujet de discorde : les images d’illustration utilisées sur le fond neutre de l’émission représentaient toutes des casseurs, des voitures de polices brûlées, de la fumée… « Ces photographies mettent une ambiance sur le plateau et sur l’écran de télévision. Elles associent l’action syndicale organisée à une action violente et destructrice. Elles constituent en soi une disqualification du mouvement contre la loi El Khomri », note Léaumont.
Enfin, les tweets sélectionnés par l’équipe de l’émission pour faire réagir en direct Jean-Luc Mélenchon n’ont pas été choisis « innocemment ». Pour le militant, « à bien y regarder, la séquence a quasi exclusivement été composée de tweets négatifs passés à l’écran ». En revanche, les tweet positifs ou critiques de David Pujadas ont été étrangement zappés, à l’image de ces deux tweets de Caroline De Haas proposés par Antoine Léaumont.
Selon Pujadas, “la mobilisation est minoritaire”. Dans quel pays vit ce monsieur ? #DPDA #JeSoutiensLaGreve
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) 26 mai 2016
“Ca me dérange pas que vous soyez de droite” dit Mélenchon à Pujadas. Drôle. #DPDA #loitravailnonmerci
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) 26 mai 2016
Définitivement, cette émission, très suivie, n’a pas fini de faire parler d’elle. De Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Nicolas Sarkozy, les polémiques accompagnent chaque édition, ou presque… En janvier, une polémique du même genre avait concerné une intervenante « neutre » qui avait interpellé Alain Finkielkraut. Après recherches, il s’agissait en fait d’une militante du parti anti-français Les Indigènes de la République.