Si le Tchèque Daniel Křetínský a commencé en 2018 à bâtir son empire médiatico-culturel (Libération, Elle, Editis, une participation dans TF1 etc) par le rachat de Marianne, il souhaite (source La Lettre) s’en défaire six ans après son acquisition.
Un problème de ligne éditoriale plus que financier
Marianne souffre comme les autres hebdomadaires papier. Sans doute moins que L’Express dont la nouvelle formule n’accroche pas, mais suffisamment pour ne pas équilibrer ses comptes. La Lettre annonce un déficit de 5M€ pour l’année 2022. La nouvelle formule lancée au printemps 2024 est plus économique, papier plus léger, pagination réduite à 48 pages, des signatures semblent avoir disparu suite au départ de certains rédacteurs. Des mesures qui permettront un mieux sur le plan financier mais l’équilibre semble éloigné. Mais ce n’est sans doute pas le souci principal de Křetínský. Ce dernier vient de renflouer Libération à hauteur de 14M€ et la somme ne semble pas inquiéter le magnat du charbon et du gaz auquel on prête l’intention de racheter l’Opinion tout aussi déficitaire.
Marianne, trop anti Macron
C’est bien la ligne de Marianne qui gêne Křetínský dans ses relations avec l’Élysée et avec Bruxelles. Křetínský n’a jamais caché sa ligne politique, libérale-libertaire, pro Union européenne, hostile à tout populisme de droite ou de gauche. En simplifiant un peu, la ligne de Marianne est celle d’un populisme de gauche, favorable à la démocratie directe, hostile aux oligarchies et aux monopoles. Une ligne hostile à Emmanuel Macron, le contraire de Franc-Tireur alias les talibans du président, lancé par le même Křetínský avec une ligne anti-populiste et pro-establishment.
Qui pourrait racheter ?
À l’évidence le racheteur ne pourrait qu’être proche de la ligne de Natacha Polony, directrice de talent de l’hebdomadaire. Elle ne semble pas avoir été informée de la mise sur le marché du titre. Parmi les repreneurs possibles circulent les noms de Vincent Bolloré qui pourrait intégrer le titre à la galaxie Prisma avec d’importantes économies d’échelle. Encore que ce rachat entrerait en concurrence avec le projet de lancer un hebdomadaire en semaine rattaché au JDD. Autres noms qui circulent, ceux d’Arnaud Montebourg et de Pierre-Édouard Sterin, un souverainiste de gauche associé à un souverainiste de droite.
Voir aussi : Marianne, infographie