À l’image de celles de ses confrères, les ventes de Marianne ont fortement chuté ces dernières années (même si elles remontent depuis quelques mois). Aussi quand l’hebdo s’intéresse à un nouveau média en pleine ascension, forcément, le ton est amer.
Dans un article publié vendredi 29 avril 2016, Louis Hausalter s’intéresse à cette « webtélé des ultra-réacs qui se rêve en “Fox News à la française” ». Pour ce journaliste, TV Libertés (www.tvlibertes.com) est ainsi un média dont le traitement de l’actualité est « très particulier », comprenez : très à droite. Les déclarations du président hongrois, Viktor Orban, sont saluées, l’idéologie de Nuit Debout est mise en cause et critiquée, et la politique migratoire est fustigée. Cela ne peut être que suspect.
Ainsi, TVL est, aux yeux du journaliste de Marianne, une « sorte de mini-BFM 100% réac, qui dispense sur le web sa vision revue et corrigée de l’actualité », pendant que les médias traditionnels, eux, rendent une copie parfaitement neutre et objective, bien sûr.… Et de s’étonner que la webtélé soit devenue, en quelques mois seulement, la tête de proue de la « réinfosphère », une « nébuleuse de sites ancrés à l’extrême droite qui s’est fait une spécialité de contester “les médias de propagande, subventionnés ou dirigés par des oligarques financiers”, dixit (Jean-Yves) Le Gallou ».
Si Martial Bild, directeur de la rédaction et des programmes, explique que TV Libertés n’est la chaîne « d’aucun parti politique » mais entend donner la parole à « toutes les droites » et promouvoir « la défense de l’esprit français et de la civilisation européenne », Marianne regarde cette chaîne, fondée par trois anciens du Front National, avec une grande méfiance. « J’aimerais avoir Nicolas Sarkozy et François Fillon, mais je ne suis pas demandeur d’Alain Juppé », précise Martial Bild. Et Marianne d’en tirer les conclusions qui s’imposent : « Toutes les droites, donc, mais plutôt quand elles sont bien à droite… » D’ailleurs, Gilbert Collard, député Rassemblement Bleu Marine du Gard, n’y anime-t-il pas une émission littéraire ? « C’est le seul espace où j’ai trouvé le moyen de parler de littérature. Mais si France Inter me donne une chronique, je prends tout de suite ! », s’explique l’avocat.
Quoi qu’il en soit, l’hebdomadaire ne peut que constater la réussite de la « première chaîne de réinformation de France », comme elle se définit elle-même. Avec une chaîne Youtube dynamique, dont certaines vidéos dépassent les 100 000 vues, TV Libertés a démarré fort. Côté financement, la chaîne a un statut d’association et fonctionne sur la base du financement participatif. Ainsi, comme l’explique Jean-Yves Le Gallou, l’un des fondateurs de TVL, le modèle économique repose sur « une multitude de petits et de moyens donateurs ». Et ça marche ! « Nous avons construit un deuxième studio. Nous souhaitons maintenant aller sur les câblo-opérateurs. L’idée, c’est d’être la petite Fox News à la française, toutes proportions gardées évidemment », commente Martial Bild.
En somme, une raison de plus de hérisser le poil de Marianne, qui peine à vendre ses pages malgré le sérieux et l’objectivité qui distinguent l’hebdomadaire subventionné des petits médias « ultra-réacs »…